L’attitude qu’affiche la Mission des Nations Unies dans la guerre de l’Est de la Rdc prouve à suffisance que ce n’est pas de ce côté-là que l’on devra attendre la sortie de l’auberge.
Kinshasa devra tirer toutes les leçons qui s’imposent, en actionnant la machine du front avec les vaillantes FARDC et celle des Concertations nationales tant la rentrée parlementaire c’est dans 21 jours.
On peut tromper une partie du peuple une fois, mais on ne trompe pas tout le peuple toutes les fois, disait en son temps un prédécesseur de Barack Obama.
Personne n’a jamais dit que la Mission des Nations-Unies était responsable de la situation qui sévit dans l’Est de la Rd Congo.
Et pourquoi Martin Kobler, sur les ondes d’une radio étrangère a martelé là-dessus avec ses propres termes ?
« La Monusco n’est pas responsable de tout ce qui se passe en Rdc », disait-il hier sur Rfi.
Le chef de la Monusco et représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon en Rdc n’a pas été capable de condamner l’ignoble indiscutable crime commis par ses troupes. Encore moins de s’armer d’une sainte colère pour attaquer l’ennemi.
Il a simplement dédouané les siens au moment où les corps raides des Congolais gisaient à Goma. Et prenant son temps, il s’est fourbu de demander l’ouverture d’une enquête.
Pourtant sous sa barbe à Goma, la ville a été frappée par de nouveaux tirs d’obus ces derniers jours. Pour ceux qui adorent les bilans, ces tirs ont fait trois morts.
De quoi déclencher des manifestations d’habitants en colère contre la mission de l’ONU, inactive face à la rébellion du M23.
De la poudre aux yeux
Face aux habitants de Goma exaspérés et ne comprenant pas que des obus puissent encore tomber sur leur ville, alors que la Monusco a annoncé la mise en place d’une zone de sécurité pour protéger les civils, M. Kobler jette de la poudre aux yeux du monde : « Je comprends très très bien l’impatience et la frustration de la population de Goma.
Des obus ont été tirés sur la ville. Il y a eu des morts. Et je leur dis que nous sommes là pour les aider, que nous condamnons fermement les attaques sur la population civile, qui constituent un crime de guerre ! Qu’on va réagir fermement. Et j’ai donné l’ordre au commandant de la force de réagir fermement ».
Et comme pour insérer les FARDC dans un registre étranger, en vue de partager l’échec, il a ajouté « Nous avons combattu ensemble, avec les forces armées de la République démocratique du Congo, d’une manière très, très décidée. On a utilisé tous les moyens qu’on a ». Et soudain il s’est arrêté, comme pour dire que l’ennemi était redoutable.
Ce qui mérite une bonne explication : personne n’ignore l’artillerie et la force de frappe dont dispose la mission onusienne.
Kobler refuse de nommer Kigali ?
A la question de savoir si les experts en balistique ont révélé d’où venaient ces tirs d’obus qui pleuvaient sur Goma, le Représentant de Ban-Ki moon en Rdc refuse de nommer, ne fût-ce qu’à peine arrivé le Rwanda.
Une consigne traditionnelle dans certains états-majors des Nations-Unies à laquelle les Congolais sont habitués.
« Ce n’est pas à nous de commenter qui a tiré sur qui. Nous le savons, c’est un détail très important ».
Cependant, tout ce qu’il pouvait affirmer, c’est qu’il faut privilégier le désamorcement de la situation et ne pas risquer une escalade, en particulier entre les pays voisins. Lesquels ?
« Nous avons notre position sur tout cela, et nous allons communiquer avec les gouvernements des pays voisins », encore une fois sans les citer.
Mais en tant que diplomate, Martin Kobler malgré les moyens dissuasifs mis à sa dispositions dit avoir aussi informé les ambassadeurs des membres permanents du Conseil de sécurité à Kinshasa, sur ce qui se passe Goma, afin qu’ils puissent utiliser leurs contacts avec les pays de la région pour désamorcer la situation.
Mais ce n’est pas fini. La population de Goma reproche à la Monusco d’avoir défini une zone de sécurité sur un espace restreint. Elle ne comprend pas, justement, les positions du M23 et demande à la Monusco d’aller plus avant, d’attaquer le M23 sur ses positions.
Aller aux Concertations
Pour l’onusien, la Monusco, ce n’est pas une solution magique pour tous les problèmes dans l’Est du Congo. Même si cela était vrai, elle devait avoir au moins une solution magique au problème de guerre dans l’Est.
Sinon à quoi bon toutes les résolutions du Conseil de sécurité, la signature de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, la création de la Brigade spéciale,…
En disant : « Ce sont des problèmes congolais, ce sont aussi des solutions congolaises. Nous ne sommes pas responsables de tout ce qui se passe ici. Ce que nous faisons, c’est que nous soutenons le gouvernement congolais à combattre les groupes armés ici », d’aucuns ont compris par-là que cette réaction renvoie aux Concertations nationales.
Et pour alléger son fardeau, en dépit de la mission lui conféré, le Représentant du Sg de l’ONU affirme que c’est très important pour tout le monde de comprendre que les attentes vis-à-vis de la Monusco sont trop lourdes.
« Nous ne pouvons pas défendre toute la population ici ! On fait tout ce que l’on peut ! Mais en première ligne, c’est le gouvernement congolais qui est responsable, qui doit protéger la population ».
Pour sa part, l’émissaire de l’ONU pour les Grands Lacs Mary Robinson appelle à privilégier le dialogue. Elle souligne l’urgence d’une solution politique. Martin Kobler lui emboite le pas en disant que c’est exactement sa position.
Ce conflit peut être résolu seulement par la politique. Pour avoir une solution à long terme, il faut avoir une solution politique, soulignant les entretiens de Kampala qui ont du plomb dans l’aile.
Mais il reconnaît tout de même que ce n’est pas acceptable d’attaquer la population civile. « Et nous avons notre mandat, donné par le Conseil de sécurité, de défendre la population civile ».
Rentrant dans le schéma bien prôné à Kinshasa, il est du moins d’avis que les exactions militaires n’excluent pas la reprise des contacts politiques.
Renvoyant la balle à Crispus Kiyonga, il déclare qu’il revient ‘’aux facilitateurs de le décider’’, souhaitant que ces entretiens de Kampala continuent.
Toutes ces vérités crues, coulant du cœur du nouveau patron de la Monusco devraient amener Kinshasa à réfléchir deux fois.
Quant aux Concertations nationales, des questions se posent dans des salons huppés quant à la date de leur tenue, alors que c’est dans seulement trois semaines que doit intervenir la rentrée parlementaire.
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