vendredi 9 août 2013

Ultimatum : Hypocrisie de la mission onusienne en RDC

09/08/2013 

 

Carlos Alberto Dos Santa Cruz

La Monusco, avec sa nouvelle brigade d’intervention, avait lancé un ultimatum demandant le désarmement des rebelles opérant sur l’axe Goma-Sake. Cet ultimatum a été accueilli avec soulagement par la population. 


Mais, le chef de la Monusco est finalement revenu sur cet ultimatum, expliquant que l’avertissement était plutôt une « opportunité pour les groupes armés » de coopérer. 

Voilà qui reflète l’hypocrisie de la mission onusienne, au moment où la brigade d’intervention avait fixé aux rebelles un ultimatum ordonnant leur désarmement.

Quelques heures après le lancement de l’ultimatum, s’ouvrait dans la capitale kenyane, un sommet réunissant les chefs d’Etat des Grands Lacs.

Selon des sources à Nairobi, le président ougandais Kaguta Yoweri Museveni a fait part de ses préoccupations à Mary Robinson, l’envoyée spéciale de l’ONU dans la région.

Le président ougandais a estimé qu’avec cet ultimatum, la Monusco risquait de mettre de l’huile sur le feu, alors que les négociations entre le M23 et le gouvernement congolais sont déjà au plus mal. 


Des négociations sont chapeautées justement par le président ougandais sous la médiation du ministre de la Défense, Dr Walter Cripsus Kiyonga. 

Démenti formel de la Monusco

La Monusco n’est pas revenue sur sa décision de traquer tout détenteur illégal d’armes à feu à Goma et ses environs (Nord-Kivu) comme certains médias l’ont affirmé.

Le porte-parole militaire de la Mission de l’ONU pour la stabilisation en RDC, le lieutenant-colonel Félix Basse a fait cette mise au point hier lundi 5 août.

«Jusqu’à preuve du contraire, nous sommes restés conformes à notre déclaration. En aucun moment, le général commandant de la force n’est pas revenu sur ces déclarations-là, parce qu’un délai de 48 heures a été effectivement accordé aux différents groupes armés ou à tout individu, en dehors des forces de défense et de sécurité, portant illégalement des armes.

Une fois que ce délai a expiré, nous sommes en train de mettre en œuvre tous les mécanismes retenus à cet effet afin de rendre cette zone complètement sécurisée», a précisé le lieutenant-colonel Félix Basse.

Il n’y a donc pas eu, selon lui, un rétropédalage de la Monusco, comme cela a été rapporté par certains médias.

« Nous ne sommes pas revenus sur cette déclaration. Nous sommes en train de poursuivre nos activités quotidiennes pour renforcer justement les mesures qui ont été prises et qui ont été annoncées par le général commandant de la force », a souligné le lieutenant-colonel Basse.

Dans un communiqué publié mardi 30 juillet, la Monusco avait dû considérer toute personne ne faisant pas partie des forces de sécurité nationales et possédant une arme à feu à Goma et dans les localités situées au Nord de la ville, comme une menace imminente pour les civils.

Les détenteurs d’armes à feu dans cette région devraient, au plus tard le 1er août, rendre leurs armes dans une base de la Monusco et rejoindre le processus de désarmement et de démobilisation.

La mission onusienne avait expliqué que cette opération vise à imposer une zone de sécurité dans la région de Goma et Saké et sera constituée, pour la première fois, des éléments de la Brigade d’intervention de la Monusco qui travailleront conjointement avec la Brigade du Nord-Kivu de la Mission. 


Hypocrisie de l’Onu

Mary Robinson, qui a pris ses fonctions il y a seulement quelques mois, a fait remonter ces préoccupations à New York.

Plus tard, à Goma, lors de sa conférence de presse, le chef militaire de la Monusco qui avait lancé l’ultimatum est revenu sur son annonce.

Au quartier général de l’ONU, on assure qu’il s’agissait simplement d’un problème de communication, d’autant que la zone de sécurité concernée n’englobe pas les positions sous contrôle du M23 à Rutshuru. 


Pas de remise en cause non plus du mandat de la brigade d’intervention, mais ce changement de ton inquiète aussi au sein de la Monusco.

Vendredi, à Goma, un convoi de la mission des Nations unies a été visé par des jets de pierre dans la ville où la population déplore la politique de l’autruche de la Mission onusienne.

L’ultimatum lancé aux groupes armés par la Monusco, pour qu’ils déposent les armes, a expiré le jeudi 2 Août courant à 16 heures.

Dans un point de presse tenu à Goma, le général Alberto Dos Santos Cruz a rappelé que la sécurisation de la zone Goma-Sake et ses environs vise à protéger plus d’un million de civils.

« C’est nous qui prenons l’initiative de ce que nous allons faire et le mode d’action que nous allons utiliser », a par ailleurs expliqué le général Alberto Dos Santos Cruz dans une interview à Radio Okapi.

«Cet ultimatum de la MONUSCO a le total soutien du gouvernement de la RDC, parce qu’il s’inscrit dans le droit fil des recommandations faites à la MONUSCO par la résolution 2098 du Conseil de sécurité des Nations Unies», s’est félicité le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende.

De leur côté, les rebelles du M23 affirmaient ne pas être concernés par l’ultimatum lancé par la MONUSCO.

«Nous considérons que cette mesure ne nous concerne pas car nous ne sommes ni à Goma, ni sur l’axe Goma-Sake», a déclaré Bertrand Bisimwa, président de la rébellion qui avait occupé la capitale provinciale du Nord-Kivu fin novembre 2012, avant de s’en retirer sous la pression internationale. 

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[Godé Kalonji Mukendi] 

© KongoTimes

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