jeudi 29 août 2013

Un général congolais mis en examen pour crime contre l’humanité par la justice française

vendredi 23 août 2013


Le général congolais Norbert Dabira, en 2005, lors du procès sur l'affaire des «disparus du Beach» à Brazzaville, lors duquel il avait été acquitté. *
AFP PHOTO / GG Kitina


Par RFI

Le général congolais Norbert Dabira a été interpellé ce jeudi 22 août à Torcy, près de Paris. Remis en liberté sous contrôle judiciaire à l’issue de son audition, il a été mis en examen pour crime contre l’humanité, dans le cadre de l’affaire des « disparus du Beach » , qui remonte à 1999.


Le général congolais, joint par RFI, se dit confiant, malgré sa mise en examen, dont il juge qu’elle lui permet « d’avoir accès au dossier ».


Le général congolais Norbert Dabira a été mis en examen pour crime contre l'humanité par un juge français en charge de l'instruction portant sur l'affaire des «disparus du Beach», qui porte sur des faits de 1999 au Congo-Brazzaville. 


Le général Norbert Dabira, interpellé puis auditionné par le juge, a ensuite été remis en liberté sous contrôle judiciaire.

« Je peux me défendre »

« J’ai été interpellé aujourd’hui à la préfecture de Torcy et amené devant le juge. Nous avons pu discuter, avec le juge, des questions relatives à l’accusation, étant donné que j’avais un mandat d’amené, qui a été renouvelé par le juge aujourd’hui en charge de cette affaire - parce qu’il y a actuellement un pôle qui s’en occupe », a rapporté le général Norbert Dabira au micro de RFI. 

« J’ai été mis en examen, ça ne veut pas dire que je suis fautif, ou que j’ai commis un crime. Non. Cela me donne la possibilité de me défendre, et cela me donne la possibilité d’être libre, désormais. Le mandat d’arrêt ou d’amené international a été retiré, et je suis désormais sous contrôle judiciaire », tient-il à préciser.

Norbert Dabira


Écouter (01:04) 

Pour lui, « c’est la meilleure des choses : je peux me défendre, mes avocats peuvent avoir accès au dossier, et moi aussi. »

Quant à l’aspect diplomatique de l’affaire, le général Norbert Dabira affirme que « les problèmes entre les Etats, c’est le gouvernement qui s’en chargera ». Il se dit par ailleurs confiant quant à l’issue de cette mise en examen. « Comme je suis un innocent, je suis sûr que cette affaire sera bientôt derrière moi », affirme-t-il.

Accusations de disparitions forcées, tortures et crime contre l'humanité

L’affaire des « disparus du Beach », dans laquelle le général congolais vient d’être mis en examen pour crime contre l’humanité, remonte à 1999. 


Dans un souci d'apaisement, alors que la guerre civile du Congo-Brazzaville prend fin, le président Denis Sassou Nguesso annonce alors la réconciliation nationale. Il signe des accords avec la République démocratique du Congo et le HCR pour le retour de milliers de réfugiés qui avaient fui la guerre civile en se réfugiant de l'autre côté du fleuve, à Kinshasa.

Les retours des familles se font par la « traversée du Beach », la navette fluviale qui effectue les liaisons Brazzaville-Kinshasa. Une fois à Brazzaville, selon certaines sources, les jeunes et hommes valides soupçonnés d'appartenir aux Ninjas, la milice privée de Bernard Kolélas, sont acheminés par convois dans des camps. Et là, toute trace de ces personnes est perdue. Les rumeurs vont également bon train.

Une procédure fleuve, des plaintes en France

Quelques familles, regroupées dans une association de victimes, portent plainte pour la disparition de leurs proches. Un procès a lieu à Brazzaville, en 2005. Le verdict : 85 personnes - dont des cadres et des officiers supérieurs - sont reconnues coupables d’être à l’origine de disparitions, mais ils ne seront pas inquiétés.

Des plaintes pour torture, disparitions forcées et crime contre l'humanité sont alors déposées en France, en décembre 2001.

Marcel Touanga 

 
Membre du collectif des «disparus du Beach»


Le sang des martyrs colle toujours sur la porte des bourreaux, et ces bourreaux doivent toujours en répondre.


Écouter (00:55) 

23/08/2013

L'affaire, qui prend désormais une tournure politique, se heurte à de nombreuses difficultés, les autorités de Brazzaville ayant instruit la plupart de leurs concitoyens concernés par le dossier, notamment le général Norbert Dabira, de ne pas se présenter devant le juge français.

L'espoir renaît pour les proches des victimes

Pour le collectif des « disparus du Beach », cette mise en examen fait renaître l’espoir de voir les personnes impliquées dans cette affaire être enfin jugées. 


« Pour nous, c’est un grand espoir. Un grand espoir que l’affaire se poursuive et que la procédure française avance », se félicite Marcel Touanga, membre de ce collectif, au micro de RFI.

« Nous souhaitons que d’autres individus qui sont concernés par cette affaire puissent être entendus par la justice française », insiste-t-il avant de se dire « rassuré » par la mise en examen du général Norbert Dabira. 


« Je lance un appel d’espoir aux parents de toutes les victimes. Aux victimes non seulement du Beach, mais de tous ceux qui ont perdu la vie du fait, justement, du comportement criminel de ceux qui avaient mis en place cette opération », a-t-il également déclaré.

A (re)lire dans les archives de rfi.fr :

Mandat d’arrêt international contre le général Dabira (22 janvier 2001) : le tribunal français de Meaux lance un mandat d’arrêt international à l’encontre du général Norbert Dabira.

L’affaire des «disparus de Brazzaville» devant des juges français (11 juillet 2002) : Le général Dabira est alors interrogé, en tant que témoin assisté, par les deux juges chargés de l’enquête.

Disparus du Beach : Brazzaville débouté par La Haye (17 juin 2003) : la cour internationale de justice de La Haye rejette la demande formulée par Brazzaville d’annuler la procédure judiciaire ouverte en France sur l’affaire des « disparus du Beach ».

«Disparus du Beach» : personne n’est coupable (18 août 2005) : la cour criminelle de Brazzaville prononce l’acquittement des quinze accusés dans le procès des « disparus du Beach ».

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