mardi 3 septembre 2013

Lambert Mende et la stratégie de Paul Kagame (suite et fin )


Dimanche, 01 Septembre 2013


 

« Une idée devient une force quand elle s’empare des masses » K. Marx

« Résister contre les forces de la mort et pratiquer la politiquer d’émancipation, cela expose à l’humiliation et à la mort. A tout moment, les combattants de la liberté doivent en être conscients. » Babanya K.

Hier vendredi 30 août 2013, Lambert Mende a tenu une autre conférence de presse (après celle du jeudi 22 août 2013) à Kinshasa. 


Son gouvernement serait, semble-t-il, prêt-à-porter plainte contre le Rwanda.

A partir des extraits de cette conférence de presse, Lambert Mende ne dit pas ce qui a changé depuis le retrait de la première plainte déposé contre le même pays en 1999 par le gouvernement de Mzee Kabila. 


D’où le doute que suscite ce discours tenu par un membre d’un gouvernement fantoche dont plusieurscompères servent les mêmes intérêts que le Rwanda de Paul Kagame.

Il nous semble que l’interconnexion nationale, africaine et internationale des « Etats profonds » (ou des gouvernements parallèles) impliqués dans « la Shoah congolaise » ne soit pas de nature à faciliter une plainte contre Paul Kagame devant les juridictions internationales. Apparemment, les dés sont pipés.

Résister contre la guerre raciste de prédation menée contre la RDC exige (aussi) une bonne maîtrise des stratégies auxquelles recourent les réseaux mafieux qui la mènent en en localisant les réseaux et en en identifiant les acteurs majeurs, les acteurs mineurs et/ou les marionnettes.

La première partie de cet article s’est inscrite dans cette perspective en partant des études menées par Bernard Lugan et Peter Dale Scott. 


Ce dernier nous a aidé à comprendre comment, en bon élève des Yankees, Paul Kagame et ses alliés de l’Afrique centrale, fabriquent « les événements profonds » avant de se présenter avec ses escadrons de la mort en pompier.

Mégalomanes et esclaves du capitalisme du désastre, Paul Kagame et « ses maîtres » ont perdu toute boussole éthique et travaillent à l’expansion de « la la tolérance culturelle à la violence et au meurtre » en recourant en permanence au mensonge éhonté et à la manipulation médiatique.

Dans cette deuxième partie, tout en revenant sur « les événements profonds » tels que Paul Kagame et ses alliés poursuivent leur fabrication, nous chercherons à montrer comment il est difficile au gouvernement fantoche de Kinshasa de « se diriger vers des juridictions internationales » au regard du poids de certains acteurs majeurs instrumentalisant le « Hitler Africain ».

L’implication de certains allemands dans ce qu’il est convenu d’appeler « la Shoah congolaise », si elle est prouvée par exemple, étonneraient ceux qui savent que les complices de Hitler (l’allemand) dans « la Shoah juive » (de 1940 à 1945) sont encore poursuivis par les juridictions allemandes jusqu’à ce jour.

Cette implication sème le doute quant à la menace du gouvernement de Kinsasa de traduire Paul Kagame devant les juridictions internationales. 


Cela d’autant plus que les rapports accablants rédigés depuis les années 90 et précédant la dernière réunion du conseil de sécurité n’ont même pas abouti à une simple proposition d’un Tribunal Pénal International pour la RDC.

En effet, au cours d’une conférence de presse tenue ce vendredi 30 août 2013 à Kinshasa, Lambert Mende, faisant allusion à la réunion du conseil de sécurité tenue à huis clos jeudi 29 août 2013, a dit ceci : « La communauté internationale vient de comprendre, il n’y a même pas 48 heures, la justesse de nos dénonciations. »

A plusieurs reprises, en effet, Lambert Mende a affirmé que les tirs d’obus tombés sur la ville de Goma étaient tirés à partir du Rwanda et que ce pays soutient le M23 dans la poursuite de « l’holocauste congolaise ».

Et au cours de ladite réunion du conseil de sécurité « l’ONU a dit détenir des ‘’informations crédibles et cohérentes’’ sur un soutien de l’armée rwandaise aux rebelles du M23 dans les combats en RDC », selon la radio onusienne Okapi.

Fort de cette confirmation de ses dénonciations, Lambert Mende (au nom de son gouvernement) estime que « s’il n’y a pas un entendement beaucoup plus positif dans la région, on va devoir se diriger vers des juridictions internationales. »

(Soulignons qu’il n’y a pas que l’armée rwandaise qui a fait son incursion (officielle) sur le territoire de la RDC par le M23 interposé, une partie de l’armée ougandaise (soutien au M23) est aussi présente dans la Province Orientale. )

Que pourrait signifier pour le gouvernement fantoche de Kinshasa « un entendement beaucoup plus positif dans la région » de cette guerre raciste de basse intensité et de prédation ? 


Que le M23 (c’est-à-dire une bonne partie de l’armée rwandaise en RDC) dépose ses armes et aille aux « concertations nationales » à Kinshasa afin qu’à l’issue de celles-ci il fasse partie du gouvernement d’union nationale ?

Que Kagame arrête de fabriquer « des événements profonds » et les mercenaires ?

Si Lambert Mende attend négocier avec le M23 à Kampala ou à Kinshasa, la RDC ne sera pas sortie de l’auberge. 


Pour cause. La stratégie de Kagame utilisée lors de l’intégration du RCD auquel Mende a appartenu dans l’armée et les autres institutions congolaises sera reconduite.

Pour rappel, voici comment Paul Kagame procède : « A travers des mouvements comme le CNDP, le Rwanda pratiquait une véritable stratégie du chaos destiné à interdire le retour de la région dans le giron de Kinshasa. Cette stratégie était double :

-durant les phases de paix, Kigali faisait intégrer un maximum de Tutsi dans les FARDC, sa mainmise sur la région s’opérant ainsi à travers l’armée congolaise ;

-quand Kinshasa tentait de reprendre le contrôle de la région en déplaçant les unités ailleurs dans le pays, ces derniers se mutinaient.[1] »

Insistons Bernard Lugan fait allusion au CNDP. Il y a moyen de remonter à l’AFDL et au RCD. Ces deux mouvements ont aussi contribué à la stratégie du chaos. Ils ont inondé l’armée et la police congolaises des éléments acquis à la cause de Kigali. 


Ces éléments se retrouvent aujourd’hui sur toute l’étendue du territoire congolais. (A Kananga, à l’EFO, il y a une réserve de plus ou moins 3000 milles éléments.)

Ils participent de la politique du chaos pratiquée par Kinshasa. (Plusieurs d’entre eux ont facilité les fraudes électorales en 2006 et 2011. 


Ils sont impliqués dans les arrestations arbitraires et les exécutions extrajudiciaires. Ils ont tiré à balle réelle sur nos jeunes partis accueillir leur leader politique à l’aéroport de N’Djili le 26 novembre 2011. Ils gardent jusqu’à ce jour ce leader en résidence surveillée.)

A ce point nommé, nous pouvons déjà émettre l’hypothèse selon laquelle le gouvernement fantoche de Kinshasa auquel appartient Lambert Mende ne pourra pas facilement oser « saisir les juridictions internationales » au sujet de « la shoah congolaise ».

Plusieurs de ses membres y participent activement. (Rappelons que Lambert Memde et Joseph Kabila avaient convaincu les plus naïfs d’entre nous que Bosco Ntaganda, un mercenaire au service de Kigali, était indispensable à la paix dans la partie Est de notre pays…)

La stratégie du chaos entretenue par les réseaux mafieux de prédation en Afrique centrale viserait, à long terme, la transformation du Rwanda en un point de la déstabilisation et une déstructuration permanentes de ses voisins pour une exploitation frauduleuse des matières premières stratégiques.

Encore un secret de polichinelle ! Et cela en multipliant « les événements profonds » à partir « des Etats profonds » disséminés à travers cette partie de l’Afrique.

Rappelons qu’ « un Etat profond est une puissante coalition de forces ayant les mêmes objectifs, et regroupant des réseaux de renseignement ayant recours à la violence illégale mais autorisée, ou des groupes mafieux disposant des connexions internationales.[2] » 


Souvent, il utilise des agents doubles capables d’un double discours mensonger et trompeur pour berner les esprits faibles.

« Cet Etat occulte consiste en une alliance para-étatique entre la police officielle et les escadrons de la mort criminels sur lesquels les policiers sont censés enquêter.[3] » Ses connexions internationales peuvent impliquer certains membres des juridictions nationales internationales.

(La lecture du livre de Florence Hartmann (intitulé Paix et châtiment. Les guerres secrètes de la politique et de la justice internationales, Paris, Flammarion, 2007) peut faciliter la compréhension du fonctionnement de l’interconnexion au cours des Etats profonds et de leurs réseaux mafieux.)

(Rappelons que les prisons congolaises pleines à craquer gardent certains compatriotes sans procès depuis l’assassinat de Mzee Kabila en 2001.

Certains prisonniers politiques n’ont commis comme critique que leur usage de la liberté d’expression. Des députés peuvent y être jetés sans que leur immunité soit levée. 


Ce règne de l’arbitraire témoigne desdites connexions entre « l’Etat profond » congolais et les juridictions nationales.) Revenons à notre « Hitler africain ».

Si les liens de Paul Kagame et l’Etat profond anglo-saxon sont les plus évoqués dans la guerre raciste de basse intensité sévissant en RDC sont les plus, s’intéresser au rôle joué par certains capitalistes allemands pourrait apporter un plus dans la localisation des réseaux racistes de prédation et dans l’identification des acteurs majeurs de « la shoah congolaise ». 


Tenez.

En mars 2006, les patrons allemands se sont convaincus, selon Raf Custers, qu’ils devaient avoir accès aux matières premières stratégiques de la RDC même en recourant aux moyens militaires. 


Raf Custers note ceci :

« Le Congo est le principale zone d’extraction du cobalt et, de ce fait, il revêt une importance extraordinaire pour l’industrie allemande. » 


Tel a été en gros le discours du patron allemand de la métallurgie, Karl-Heinz Dörner, le 31 mars à Berlin, au cours d’un premier briefing de la Task Force spécialisée dans les questions internationales concernant les matières premières, Task Force dont il est le président.

« Pour affronter la concurrence internationale sur les marchés des matières premières », écrit German Foreign Policy (sur son site Internet), « les stratèges allemands envisageront également les possibilités de guerre (Mittel des Krieges) ou de subversion dans les territoires à risque. [4]» 


Il ajoute : « Les arguments du patronat et de ses lobbys ont trouvé une large écoute auprès des homes politiques allemands. On a pu s’en rendre compte en février et en mars quand, au Bundestag, s’est manifestée toute une opposition à la participation allemande à l’envoi d’un contingent européen au Congo (dans le cadre de l’Eufor).

En voici un petit florilège. Jung, le ministre allemand de la Défense a rabroué les adversaires avec l’argument disant que « la stabilité dans cette région riche en minerais est bénéfique pour l’industrie allemande ».

Andreas Schockenhoff, spécialiste des affaires étrangères de la fraction CDU/CSU du Bundestag, a dit de son côté : 


« Le Congo dispose surtout de matières premières stratégiques importantes pour l’Europe. »

Eckart Von Klaeden de la fraction Union a déclaré dans Der Spiegel : 


« Il y a là des richesses souterraines importantes pour la sécurité, tels l’uranium et le béryllium. Elles ne peuvent tomber dans des mains incompétentes. » De ces minerais « sécuritaires » font également partie le niobium, qui sert dans certaines pièces de fusée, et le tantale, utilisé dans les GSM.[5]»

Ces deux citations permettent de comprendre comment peut naître une connexion entre les membres d’un Etat (profond) appartenant à des sphères différentes d’une même société autour des mêmes objectifs. 


Et la politique étrangère de l’Allemagne peut, dans ce cas, être la prolongation de la stratégie des patrons allemands.

Serait-ce le cas avec l’entreprise de Karl Heinz Albers ? Cet allemand, ex-gestionnaire de SOMIKIVU, aurait financé la guerre de Paul Kagame en 2000 pour avoir la mainmise sur les matières premières de Rutshuru.

Perdre cet espace à l’Est de la RDC équivaudrait à celle de l’entreprise de Karl Heinz Albers. 


D’où les pressions que subiraient Paul Kagame depuis la défaite du M23 au mois de juillet 2013.

Seraient-ce ces pressions qui pousseraient Paul Kagame à refabriquer quelques « événements profonds » ? (Telle est aussi leur nature : ceux qui se servent de la violence la provoquent même s’ils doivent tuer leurs propres peuples.)

Il demande à ses escadrons de la mort opérant au sein du M23 de tirer des obus sur le Rwanda afin d’avoir des prétextes pouvant l’aider à tuer en RDC pour débarrasser les espaces riches en matières premières stratégiques « des populations inutiles » ?

Si cette hypothèse se vérifie, si elle est corroborée, l’Allemagne, par certains de ses fils, aurait participé de la fabrication d’un « Hitler africain » tout en poursuivant la condamnation des complices de Hitler (allemand)[6] dans ses juridictions.

« Le plus jamais ça » d’après Nuremberg aura été une expression hypocrite, raciste et discriminatoire n’évoquant que la protection des juifs et des « autres races supérieures » aux dépens des « nègres ».

Si l’hypothèse du soutien des allemands à Kagame est corroborée, le gouvernement fantoche de Kinshasa aura mille et une difficultés à traduire l’armée rwandaise en justice ; au risque d’impliquer l’Allemagne, son patronat et les autres acteurs majeurs dans le procès sur « la Shoah congolaise ».

Serait-ce pour cela qu’un allemand, Martin Kobler, a été nommé à la tête de la Monusco et qu’il prône la solution politique à ce que les acteurs majeurs de cette guerre raciste de prédation nomment « crise congolaise » ?

L’interconnexion entre l’ONU et l’Allemagne mérite d’être étudiée de manière approfondie dans « les lieux du savoir congolais ». 


A n’en pas douter, tout ce qui arrive à la RDC est souvent bien étudié au préalable.

Après une petite étude en deux articles comme celle à laquelle nous venons de nous livrer, l’une des questions que certains compatriotes posent souvent est la suivante : « Que faire ? » Il ne serait pas mal d’ajouter à cette question, cette autre : « De quel point de vue ? »

Se mettre dans la peau de celui qui sait tout est une entreprise risquée. Souvent, une analyse peut se limiter à l’une ou l’autre proposition de solution en attendant d’être enrichie par les apports d’autres « lieux de savoir ».

Apparemment, les dés sont pipés pour les Congolais(es). Fondamentalement, la stratégie de Paul Kagame, des réseaux mafieux et racistes de prédation et des autres « Etats profonds » ont révélé (presque) tous leurs secrets. 


Du point de vue épistémologique et politique, connaître ces secrets (de polichinelle) et les partager avec les masses populaires congolaises à travers une sorte de « comités de pouvoir populaire » ou de « fronts du refus de l’esclavage volontaire » ou de « fronts civils de résistance » nous semble être un premier pas important à effectuer dans la pratique de la politique congolaise d’émancipation et un ouvrage à remettre en permanence sur le métier.

L’appropriation de ces secrets par les masses peut guérir de la haine étourdissante et les armer positivement pour une résistance citoyenne conduisant à la réappropriation consciente et avisée de notre commune destinée.


Ce sont des masses devenues critiques et les minorités organisées qui finiront par concevoir ensemble les orientations majeures à prendre pour sortir la RDC du néocolonialisme et de l’impérialisme.

Pour le moment les questions telles que celles de l’exfiltration des escadrons kagaméens de la mort de l’armée congolaise et des autres institutions du pays sont un casse-tête, tout comme celles de la souveraineté et de la légitimité politiques.

Pour le moment, confondre la précipitation et la vitesse serait une gageure. Il n’y a pas de solution miracle en marge de celles portées par les masses congolaises devenues leurs propres démiurges. 


Peut-être qu’un Tribunal Pénal International pourrait avancer la cause congolaise.

Même si les interconnexions au sein des « Etats profonds » touchent la justice internationale…Le chemin semble encore un peu lon...


La confiscation des médias publics par le réseau congolais de prédation et/ou le musellement des médias alternatifs rend le travail de la naissance et de l’épanouissement de différents fronts susmentionnés difficile.

L’ignorance, l’analphabétisme, le manque d’informations et la désinformation complique la tâche de la pratique d’une politique citoyenne d’émancipation. 


Les minorités organisées et agissantes ont encore bien des efforts à conjuguer pour vaincre la résignation (et la mendicité perdiémique) dans plusieurs cœurs et esprits congolais. La lutte continue…

A l’Est (à Kin et dans la diaspora), le feu patriotique prend davantage. L’espoir est permis.
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Mbelu Babanya Kabudi
Congoone
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[1] B. LUGAN, Les guerres d’Afrique. Des origines à nos jours, Paris, Rocher, 2013, 327.

[2] P. DALE SCOTT, La machine de guerre américaine. La politique profonde, la CIA , la drogue, l’Afghanistan,… Paris, Demi-lune, 2012, p. 49.

[3] Ibidem, p. 48.

[4] R. CUSTERS, Patrons allemand partisans d’une guerre pour les matières premières, dans www.indyamedia.be du 07 mai 2006.

[5] Ibidem. 


[6] Les deux Hitler sont les produits des capitalistes sans scrupules. Pour une bonne information sur celui de l’Allemagne, la lecture de Jacques R. Pauwels (Le mythe de la bonne guerre. Les Etats-Unis et la deuxième guerre mondiale) peut être conseillé. 


Ce livre est résumé par son auteur sur You Tube. Cet article (« Donnez-moi quatre ans et vous ne reconnaîtrez plus l’Allemagne » peut aussi être recommandé.

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