Lundi, 09 Décembre 2013
Selon le rapport de la mission parlementaire d’information sur l’existence d’un trafic d’êtres humains de la RD Congo vers le Liban, 4 jeunes filles congolaises rescapées ont témoigné que plus de 400 autres victimes de cette pratique dégradante sont encore en train de subir un traitement inhumain à Beyrouth.
Ce document a été présenté vendredi 6 décembre dernier au cours d’une séance plénière de l’Assemblée nationale organisée dans la salle des Congrès du Palais du peuple, siège du Parlement congolais.
Auditionnées par les membres de la mission, les 4 rescapées ont confirmé l’existence de deux réseaux apparemment indépendants, dont l’un est dirigé par le directeur général de la société « Méditerranéen Services Congo » (MSC) Fady Karout, un sujet libanais installé à Beyrouth, secondé par les Congolais Pierre Tshishimbi, actuellement aux arrêts ; José Kankolongo de l’église FPACO Nzambe Malamu; un agent du ministère des Affaires étrangères et un autre des services des renseignements militaires affecté à l’aéroport international de N’djili. Pierre Tshishimbi et José Kankolongo sont chargés du recrutement.
Ils convainquent les jeunes filles de l’existence d’un marché de l’emploi au Li- ban où elles iraient travailler dans les hôpitaux, alimentations et supermarchés, moyennant paiement d’une somme de 2 500 $US chacune.
Arrivées à Beyrouth, elles apprennent qu’elles ont été achetées comme esclaves sexuelles. Elles sont également utilisées aux travaux de nettoyage des maisons et concessions, de garde des enfants et vieillards, de services dans les maisons de passe et de champs. Elles sont régulièrement violées.
En cas de résistance, elles sont bastonnées. Elles mangent occasionnellement et n’ont de repos qu’entre 2 heures et 5 heures du matin. Les plus chanceuses dorment sur les canapés et d’autres sur des chaises. Des filles rebelles vis-à-vis de leurs maîtres retournent chez le chef d’agence de recrutement Fady, qui s’adonne aussi aux attouchements et fellations.
Apeuré par le nombre et l’effet de leur révolte, Fady envoie certaines d’entre elles en prison. Il accepte de retourner d’autres en RD Congo à condition que leurs familles vivant à Kinshasa paient les titres de voyage et une somme de 2 500 $US.
“ C’est à cette condition que les 4 victimes rescapées entendues par la mission parlementaire ont pu regagner la capitale congolaise, visiblement malnutries et malades “, conclut le rapport.
La DGM nie sa complicité
Interrogée par la mission parlementaire, la DGM a présenté sa décision interdisant le voyage des jeunes filles employées comme baby-sitters chez des sujets libanais vers le Liban. Cette décision toujours en vigueur est confirmée par une autre note de service.
Par l’entremise de ses deux représentants, la DGM a nié l’existence du trafic de jeunes filles à partir de Kinshasa vers ce pays d’Asie.
Une vérification minutieuse a néanmoins révélé que, sur 146 personnes ayant quitté Kinshasa pour Beyrouth de janvier à novembre 2013, 95 sont des filles nées entre 1981 et 1994. Toutes ces filles sont sorties par l’aéroport international de N’djili.
Les identités des 4 rescapées entendues par la mission ne sont pas enregistrées sur les listings de la DGM, alors que les photocopies de leurs passeports qu’elles indiquent clairement qu’elles sont bel et bien sorties par cet aéroport au cours de la période susmentionnée, “ le cachet de la DGM faisant foi pour Beyrouth, tel qu’attesté par leurs visas délivrés par l’ambassade du Liban au Congo “.
Le PGR agit
La mission a été informée par les 4 victimes qu’elles étaient objet de chantage, de menaces et d’intimidations. Craignant la fuite des criminels membres du réseau, la mission a saisi le parquet général de la République aux fins de détention préventive des responsables du réseau, dont certains ont été effectivement appréhendés …
La mission a demandé au procureur général de la république d’entamer des poursuites contre tous les responsables des deux réseaux de trafic d’êtres humains afin de les démanteler et de traduire leurs membres devant les cours et tribunaux pour qu’ils soient jugés ; de saisir la Cour pénale internationale pour obtenir des poursuites contre Fady Karout et Antoun Heloud pour crime contre l’humanité ; d’entreprendre des démarches, par voie diplomatique, en vue d’obtenir le retour au pays de toutes les filles congolaises encore au Liban et victimes d’esclavage sexuel et de traite d’êtres humains d’informer, par voie diplomatique, la République du Liban de la désapprobation de la RD Congo.
La mission recommande aussi d’assurer un encadrement sanitaire et psychologique à toutes les filles victimes de ladite traite dès leur retour au pays ; d’assurer un soutien matériel minimum aux victimes de ces réseaux de traite ; d’initier une campagne d’information à l’endroit de jeunes congolaises sur les risques qu’elles encourent par les migrations clandestines ; d’assainir le service de Direction générale des migrations (DGM) ainsi que les autres services aux frontières de rendre rigoureuse les formalités à l’embarquement.
Ce rapport a été adopté par l’assemblée plénière, après débat et délibération et moyennant amendement.
_____________
ASIYESHINDWA
Selon le rapport de la mission parlementaire d’information sur l’existence d’un trafic d’êtres humains de la RD Congo vers le Liban, 4 jeunes filles congolaises rescapées ont témoigné que plus de 400 autres victimes de cette pratique dégradante sont encore en train de subir un traitement inhumain à Beyrouth.
Ce document a été présenté vendredi 6 décembre dernier au cours d’une séance plénière de l’Assemblée nationale organisée dans la salle des Congrès du Palais du peuple, siège du Parlement congolais.
Auditionnées par les membres de la mission, les 4 rescapées ont confirmé l’existence de deux réseaux apparemment indépendants, dont l’un est dirigé par le directeur général de la société « Méditerranéen Services Congo » (MSC) Fady Karout, un sujet libanais installé à Beyrouth, secondé par les Congolais Pierre Tshishimbi, actuellement aux arrêts ; José Kankolongo de l’église FPACO Nzambe Malamu; un agent du ministère des Affaires étrangères et un autre des services des renseignements militaires affecté à l’aéroport international de N’djili. Pierre Tshishimbi et José Kankolongo sont chargés du recrutement.
Ils convainquent les jeunes filles de l’existence d’un marché de l’emploi au Li- ban où elles iraient travailler dans les hôpitaux, alimentations et supermarchés, moyennant paiement d’une somme de 2 500 $US chacune.
Arrivées à Beyrouth, elles apprennent qu’elles ont été achetées comme esclaves sexuelles. Elles sont également utilisées aux travaux de nettoyage des maisons et concessions, de garde des enfants et vieillards, de services dans les maisons de passe et de champs. Elles sont régulièrement violées.
En cas de résistance, elles sont bastonnées. Elles mangent occasionnellement et n’ont de repos qu’entre 2 heures et 5 heures du matin. Les plus chanceuses dorment sur les canapés et d’autres sur des chaises. Des filles rebelles vis-à-vis de leurs maîtres retournent chez le chef d’agence de recrutement Fady, qui s’adonne aussi aux attouchements et fellations.
Apeuré par le nombre et l’effet de leur révolte, Fady envoie certaines d’entre elles en prison. Il accepte de retourner d’autres en RD Congo à condition que leurs familles vivant à Kinshasa paient les titres de voyage et une somme de 2 500 $US.
“ C’est à cette condition que les 4 victimes rescapées entendues par la mission parlementaire ont pu regagner la capitale congolaise, visiblement malnutries et malades “, conclut le rapport.
La DGM nie sa complicité
Interrogée par la mission parlementaire, la DGM a présenté sa décision interdisant le voyage des jeunes filles employées comme baby-sitters chez des sujets libanais vers le Liban. Cette décision toujours en vigueur est confirmée par une autre note de service.
Par l’entremise de ses deux représentants, la DGM a nié l’existence du trafic de jeunes filles à partir de Kinshasa vers ce pays d’Asie.
Une vérification minutieuse a néanmoins révélé que, sur 146 personnes ayant quitté Kinshasa pour Beyrouth de janvier à novembre 2013, 95 sont des filles nées entre 1981 et 1994. Toutes ces filles sont sorties par l’aéroport international de N’djili.
Les identités des 4 rescapées entendues par la mission ne sont pas enregistrées sur les listings de la DGM, alors que les photocopies de leurs passeports qu’elles indiquent clairement qu’elles sont bel et bien sorties par cet aéroport au cours de la période susmentionnée, “ le cachet de la DGM faisant foi pour Beyrouth, tel qu’attesté par leurs visas délivrés par l’ambassade du Liban au Congo “.
Le PGR agit
La mission a été informée par les 4 victimes qu’elles étaient objet de chantage, de menaces et d’intimidations. Craignant la fuite des criminels membres du réseau, la mission a saisi le parquet général de la République aux fins de détention préventive des responsables du réseau, dont certains ont été effectivement appréhendés …
La mission a demandé au procureur général de la république d’entamer des poursuites contre tous les responsables des deux réseaux de trafic d’êtres humains afin de les démanteler et de traduire leurs membres devant les cours et tribunaux pour qu’ils soient jugés ; de saisir la Cour pénale internationale pour obtenir des poursuites contre Fady Karout et Antoun Heloud pour crime contre l’humanité ; d’entreprendre des démarches, par voie diplomatique, en vue d’obtenir le retour au pays de toutes les filles congolaises encore au Liban et victimes d’esclavage sexuel et de traite d’êtres humains d’informer, par voie diplomatique, la République du Liban de la désapprobation de la RD Congo.
La mission recommande aussi d’assurer un encadrement sanitaire et psychologique à toutes les filles victimes de ladite traite dès leur retour au pays ; d’assurer un soutien matériel minimum aux victimes de ces réseaux de traite ; d’initier une campagne d’information à l’endroit de jeunes congolaises sur les risques qu’elles encourent par les migrations clandestines ; d’assainir le service de Direction générale des migrations (DGM) ainsi que les autres services aux frontières de rendre rigoureuse les formalités à l’embarquement.
Ce rapport a été adopté par l’assemblée plénière, après débat et délibération et moyennant amendement.
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ASIYESHINDWA
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