le 13/09/2014
Face à l'urgence de la situation en Afrique et à l'absence de traitements contre Ebola, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a récemment encouragé les transfusions de sang de personnes guéries aux malades, une approche thérapeutique risquée qui pourrait avoir aidé deux médecins américains infectés.
Le Dr Rick Sacra, 51 ans, contaminé au Liberia et récemment rapatrié aux Etats-Unis pour être traité dans un hôpital du Nebraska, va beaucoup mieux, ont indiqué jeudi ses médecins.
Cette rémission pourrait s'expliquer selon eux par deux transfusions de plasma sanguin provenant d'un de ses confrères, Kent Brantly, 33 ans, guéri de l'infection.
Ce dernier avait lui-même reçu au Liberia, avant son rapatriement aux Etats-Unis pour y être traité, une transfusion de plasma provenant d'un adolescent guéri d'Ebola.
L'un des principaux membres de l'équipe soignante de Rick Sacra a expliqué que M. Brantly avait développé des anticorps contre le virus qui pourraient être efficaces chez une autre personne.
"Nous espérons que cela va doper son système immunitaire", a déclaré Dr Phil Smith lors d'une conférence de presse.
Cette technique appelée sérothérapie consiste à transfuser à des malades d'Ebola le plasma de personnes guéries.
Pour l'OMS, ces sérothérapies peuvent être utilisées dès "maintenant" dans les pays affectés par Ebola, une conclusion "unanime" à laquelle sont parvenus près de 200 experts réunis la semaine dernière à Genève.
"Ce traitement est utilisé depuis des décennies chez des patients ayant une faible teneur en anticorps ou venant d'être exposés à des agents pathogènes comme les virus de l'hépatite A et B ou de la rage", explique Jeffrey Klausner, professeur de Médecine à l'Université de Californie à Los Angeles.
"Ces transfusions d'anticorps sont efficaces et peuvent provenir de plasma sanguin humain ou être produits par la bio-ingénierie", précise-t-il.
"Je ne vois aucune raison qui empêcherait de recourir à la sérothérapie pour traiter Ebola", juge quant à lui Noël Tordo, un virologue à l'Institut Pasteur à Paris.
"Le sérum peut provenir de sang humain ou de sérum d'animaux vaccinés", ajoute-t-il. "Dans le cas de la rage, ces sérums neutralisent le virus mais pour Ebola on n'en est pas encore sûrs", relève le scientifique.
- Pas toujours bien toléré -
Pour le professeur François Bricaire, ex-chef de service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital de la Pitié Salpêtrière, le recours au sérum convalescent "est un bon élément thérapeutique en l'absence d'autre traitement efficace".
Il note toutefois que "cette thérapie n'est pas toujours bien tolérée et doit être accompagnée de surveillance". Elle devrait, de préférence, être appliquée dès l'apparition des premiers symptômes.
Mais selon le professeur Bricaire, la mise en ½uvre de la sérothérapie en Afrique "est compliquée en raison des conditions d'hospitalisation très précaires" notamment dans les trois pays les plus affecté, le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée.
De plus, en pleine épidémie, la préoccupation majeure n'est pas de vérifier la qualité du sérum prélevé ce qui est pourtant essentiel pour éviter qu'il soit contaminé par le VIH, le virus du sida, des hépatites ou d'autres agents infectieux, explique-t-il.
Dr Eric Leroy, un spécialiste des maladies virales émergentes et patron du Centre international de recherches médicales de Franceville au Gabon, estime également que la sécurité du sérum sanguin prélevé "va être difficilement gérable sur le terrain".
Il cite la nécessité de faire de nombreuses analyses de laboratoire pour s'assurer qu'il n'y a pas de contamination. En outre, "l'utilisation de ces sérums exige une logistique importante comme entre autres une chaîne du froid pour leur stockage et leur transport".
Le Dr Leroy note enfin que "la sérothérapie est potentiellement efficace (...) mais que des études complémentaires sont encore nécessaires".
L'épidémie d'Ebola actuelle, la plus grave depuis l'apparition du virus en 1976, a déjà fait plus de 2.400 morts sur 4.784 cas depuis le début de l'année selon le dernier bilan de l'OMS au 12 septembre.
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Slate Afrique
AFP
Face à l'urgence de la situation en Afrique et à l'absence de traitements contre Ebola, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a récemment encouragé les transfusions de sang de personnes guéries aux malades, une approche thérapeutique risquée qui pourrait avoir aidé deux médecins américains infectés.
Le Dr Rick Sacra, 51 ans, contaminé au Liberia et récemment rapatrié aux Etats-Unis pour être traité dans un hôpital du Nebraska, va beaucoup mieux, ont indiqué jeudi ses médecins.
Cette rémission pourrait s'expliquer selon eux par deux transfusions de plasma sanguin provenant d'un de ses confrères, Kent Brantly, 33 ans, guéri de l'infection.
Ce dernier avait lui-même reçu au Liberia, avant son rapatriement aux Etats-Unis pour y être traité, une transfusion de plasma provenant d'un adolescent guéri d'Ebola.
L'un des principaux membres de l'équipe soignante de Rick Sacra a expliqué que M. Brantly avait développé des anticorps contre le virus qui pourraient être efficaces chez une autre personne.
"Nous espérons que cela va doper son système immunitaire", a déclaré Dr Phil Smith lors d'une conférence de presse.
Cette technique appelée sérothérapie consiste à transfuser à des malades d'Ebola le plasma de personnes guéries.
Pour l'OMS, ces sérothérapies peuvent être utilisées dès "maintenant" dans les pays affectés par Ebola, une conclusion "unanime" à laquelle sont parvenus près de 200 experts réunis la semaine dernière à Genève.
"Ce traitement est utilisé depuis des décennies chez des patients ayant une faible teneur en anticorps ou venant d'être exposés à des agents pathogènes comme les virus de l'hépatite A et B ou de la rage", explique Jeffrey Klausner, professeur de Médecine à l'Université de Californie à Los Angeles.
"Ces transfusions d'anticorps sont efficaces et peuvent provenir de plasma sanguin humain ou être produits par la bio-ingénierie", précise-t-il.
"Je ne vois aucune raison qui empêcherait de recourir à la sérothérapie pour traiter Ebola", juge quant à lui Noël Tordo, un virologue à l'Institut Pasteur à Paris.
"Le sérum peut provenir de sang humain ou de sérum d'animaux vaccinés", ajoute-t-il. "Dans le cas de la rage, ces sérums neutralisent le virus mais pour Ebola on n'en est pas encore sûrs", relève le scientifique.
- Pas toujours bien toléré -
Pour le professeur François Bricaire, ex-chef de service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital de la Pitié Salpêtrière, le recours au sérum convalescent "est un bon élément thérapeutique en l'absence d'autre traitement efficace".
Il note toutefois que "cette thérapie n'est pas toujours bien tolérée et doit être accompagnée de surveillance". Elle devrait, de préférence, être appliquée dès l'apparition des premiers symptômes.
Mais selon le professeur Bricaire, la mise en ½uvre de la sérothérapie en Afrique "est compliquée en raison des conditions d'hospitalisation très précaires" notamment dans les trois pays les plus affecté, le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée.
De plus, en pleine épidémie, la préoccupation majeure n'est pas de vérifier la qualité du sérum prélevé ce qui est pourtant essentiel pour éviter qu'il soit contaminé par le VIH, le virus du sida, des hépatites ou d'autres agents infectieux, explique-t-il.
Dr Eric Leroy, un spécialiste des maladies virales émergentes et patron du Centre international de recherches médicales de Franceville au Gabon, estime également que la sécurité du sérum sanguin prélevé "va être difficilement gérable sur le terrain".
Il cite la nécessité de faire de nombreuses analyses de laboratoire pour s'assurer qu'il n'y a pas de contamination. En outre, "l'utilisation de ces sérums exige une logistique importante comme entre autres une chaîne du froid pour leur stockage et leur transport".
Le Dr Leroy note enfin que "la sérothérapie est potentiellement efficace (...) mais que des études complémentaires sont encore nécessaires".
L'épidémie d'Ebola actuelle, la plus grave depuis l'apparition du virus en 1976, a déjà fait plus de 2.400 morts sur 4.784 cas depuis le début de l'année selon le dernier bilan de l'OMS au 12 septembre.
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Slate Afrique
AFP
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