09/09/2014
La bourgade de Kaseghe, éloignée des grandes villes, n’a pas accès au réseau de distribution d’électricité. Mais c’était sans compter l’ingéniosité de Paluku Kavatsawa, un artisan qui a fabriqué une centrale hydro-électrique en bois.
Elle permet aujourd’hui à une cinquantaine de villageois d'être autosuffisant à moindre frais. Ce qui a changé leur vie.
Kaseghe, un village d’environ 2 000 habitants, est situé à 200 kilomètres de Goma, dans le nord-est de la République démocratique du Congo.
Agrandir le plan
La bourgade de Kaseghe, environ de 2 000 habitants, se situe au sud de Butembo, plus grande ville de la région.
"Grâce à cet artisan, les habitants de Kaseghe ont vu une ampoule s’allumer pour la première fois"Notre Observateur Umbo Salama journaliste et professeur à Butembo, s’est rendu fin août à Kaseghe où il a rencontré les habitants et l’inventeur du mécanisme.
L’inventeur de la machine s’est rendu compte que les femmes du village, qui travaillent dans les champs, devaient entreprendre des traversées dangereuses pour moudre les produits qu’elles cultivent, comme le manioc.
Le moulin le plus proche est à environ trois kilomètres de Kaseghe, et il faut traverser une zone montagneuse et de forêt dense pour s’y rendre. C’est une zone où les groupes armés sont toujours actifs.
Reste la solution de piler à la main, mais évidemment, cela prend plus de temps et nécessite plus d’efforts. Il a alors décidé d’entreprendre la construction de cette centrale composée à 95 % de bois et d’y adosser un petit moulin.
La machine a été construite en bas d’une rivière. La force de l’eau permet de faire tourner une roue qui elle-même actionne une turbine. La turbine, elle aussi en bois, est reliée à des poulies qui permettent de faire fonctionner un moulin.
Cet ensemble actionne un système électrique qui produit du courant relié directement aux domiciles des habitants.
Des enfants utilisent la machine pour broyer du manioc.
"La centrale hydro-électrique fonctionne sur un principe collaboratif"
Tout personne qui souhaite avoir accès au moulin, mais aussi au raccordement électrique doit payer une sorte de "droit d’adhésion" de 7 500 francs CFA (soit 11 euros). Ça peut paraître un investissement énorme, mais il est valable à vie.
Et surtout, il est largement inférieur à ce que coûtent les autres sources d’énergie : un groupe électrogène s’achète environ 60 000 francs CFA [90 euros] plus 10 000 francs CFA [15 euros] à chaque bidon d’essence ; un panneau solaire revient à une cinquantaine d’euros et il est difficile de s’en procurer dans la région.
Paluku Kavatsawa a pensé sa centrale sur un principe collaboratif : chaque personne qui paie le droit d’accès a également le devoir d’entretenir le générateur. Lorsqu’il y a une panne, les habitants viennent réparer eux-mêmes le mécanisme et amènent leur matériel.
Lors des événements comme les deuils, les mariages ou les fêtes du quartier, l’électricité est même mise gratuitement à disposition des habitants. L’école du village bénéficie aussi gratuitement de cette électricité.
Des travaux communs sont régulièrement entrepris par les habitants eux-mêmes afin d'entretenir la machine.
Grâce à cet artisan, la vie des habitants de Kaseghe a changé. Certains ont vu pour la première fois ce qu’était l’électricité en voyant une ampoule s’allumer. Les actions qui prenaient des heures auparavant ne prennent plus que quelques minutes. Je voyage beaucoup dans le territoire de Lubero, et c’est la première fois que je vois une telle initiative collective et qui dure dans le temps [le projet a démarré en 2002, NDLR]. Et qui en plus ne pollue pas l’environnement.
L’invention de Paluku Kavatsawa rencontre un tel succès à Kaseghe que l’artisan peine à satisfaire les demandes des nombreux habitants de la zone, selon Umbo Salama.
Il recherche actuellement des financements pour construire de nouvelles centrales dans d’autres endroits de la localité.
Des jeunes de Butembo sur les lieux de la centrale hydro-électrique. Photo Umbo Salama.
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Alexandre Capron (@alexcapron),
journaliste aux Observateurs de FRANCE 24.
La bourgade de Kaseghe, éloignée des grandes villes, n’a pas accès au réseau de distribution d’électricité. Mais c’était sans compter l’ingéniosité de Paluku Kavatsawa, un artisan qui a fabriqué une centrale hydro-électrique en bois.
Elle permet aujourd’hui à une cinquantaine de villageois d'être autosuffisant à moindre frais. Ce qui a changé leur vie.
Kaseghe, un village d’environ 2 000 habitants, est situé à 200 kilomètres de Goma, dans le nord-est de la République démocratique du Congo.
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La bourgade de Kaseghe, environ de 2 000 habitants, se situe au sud de Butembo, plus grande ville de la région.
"Grâce à cet artisan, les habitants de Kaseghe ont vu une ampoule s’allumer pour la première fois"Notre Observateur Umbo Salama journaliste et professeur à Butembo, s’est rendu fin août à Kaseghe où il a rencontré les habitants et l’inventeur du mécanisme.
L’inventeur de la machine s’est rendu compte que les femmes du village, qui travaillent dans les champs, devaient entreprendre des traversées dangereuses pour moudre les produits qu’elles cultivent, comme le manioc.
Le moulin le plus proche est à environ trois kilomètres de Kaseghe, et il faut traverser une zone montagneuse et de forêt dense pour s’y rendre. C’est une zone où les groupes armés sont toujours actifs.
Reste la solution de piler à la main, mais évidemment, cela prend plus de temps et nécessite plus d’efforts. Il a alors décidé d’entreprendre la construction de cette centrale composée à 95 % de bois et d’y adosser un petit moulin.
La machine a été construite en bas d’une rivière. La force de l’eau permet de faire tourner une roue qui elle-même actionne une turbine. La turbine, elle aussi en bois, est reliée à des poulies qui permettent de faire fonctionner un moulin.
Cet ensemble actionne un système électrique qui produit du courant relié directement aux domiciles des habitants.
Des enfants utilisent la machine pour broyer du manioc.
"La centrale hydro-électrique fonctionne sur un principe collaboratif"
Tout personne qui souhaite avoir accès au moulin, mais aussi au raccordement électrique doit payer une sorte de "droit d’adhésion" de 7 500 francs CFA (soit 11 euros). Ça peut paraître un investissement énorme, mais il est valable à vie.
Et surtout, il est largement inférieur à ce que coûtent les autres sources d’énergie : un groupe électrogène s’achète environ 60 000 francs CFA [90 euros] plus 10 000 francs CFA [15 euros] à chaque bidon d’essence ; un panneau solaire revient à une cinquantaine d’euros et il est difficile de s’en procurer dans la région.
Paluku Kavatsawa a pensé sa centrale sur un principe collaboratif : chaque personne qui paie le droit d’accès a également le devoir d’entretenir le générateur. Lorsqu’il y a une panne, les habitants viennent réparer eux-mêmes le mécanisme et amènent leur matériel.
Lors des événements comme les deuils, les mariages ou les fêtes du quartier, l’électricité est même mise gratuitement à disposition des habitants. L’école du village bénéficie aussi gratuitement de cette électricité.
Des travaux communs sont régulièrement entrepris par les habitants eux-mêmes afin d'entretenir la machine.
Grâce à cet artisan, la vie des habitants de Kaseghe a changé. Certains ont vu pour la première fois ce qu’était l’électricité en voyant une ampoule s’allumer. Les actions qui prenaient des heures auparavant ne prennent plus que quelques minutes. Je voyage beaucoup dans le territoire de Lubero, et c’est la première fois que je vois une telle initiative collective et qui dure dans le temps [le projet a démarré en 2002, NDLR]. Et qui en plus ne pollue pas l’environnement.
L’invention de Paluku Kavatsawa rencontre un tel succès à Kaseghe que l’artisan peine à satisfaire les demandes des nombreux habitants de la zone, selon Umbo Salama.
Il recherche actuellement des financements pour construire de nouvelles centrales dans d’autres endroits de la localité.
Des jeunes de Butembo sur les lieux de la centrale hydro-électrique. Photo Umbo Salama.
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Alexandre Capron (@alexcapron),
journaliste aux Observateurs de FRANCE 24.
Des telles réalisations méritent le soutien et l'encouragement des officiels, qu'en est - il pour son cas? Ceux qui veulent s’éterniser au pouvoir criant haut et fort qu'ils ont réalisé beaucoup des choses au Congo, qu'ont-ils fait pour encourager cette initiative?
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