vendredi 26 décembre 2014

Le grand retour de Moïse Katumbi à Lubumbashi

23 décembre 2014

On le disait en soins intensifs à Londres, on assurait qu’il avait été empoisonné à la « vynca » une plante toxique de l’Est du Congo, on minimisait en prétendant qu’il prenait de longues vacances à l’étranger, on assurait qu’avant de partir il aurait eu une altercation avec le président Kabila…


Moïse Katumbi, le très populaire gouverneur du Katanga, a mis fin aux rumeurs en regagnant Lubumbashi où une foule nombreuse l’attendait sur la place Moïse Tshombe, en face de la poste. 

Après trois mois d’absence, un temps inhabituellement long pour un homme très attaché à sa province, ses compatriotes l’ont ovationné et observé de près : « il n’a pas changé, sa démarche est rapide, sa voix est bonne, nous sommes soulagés » nous assurait un badaud, joint par téléphone.

A sa descente d’avion, le gouverneur, costume clair, chemise sombre, a été accueilli par le président de l’Assemblée provinciale du Katanga, M. Gabriel Kyungu wa Kumanza et par plusieurs personnalités de la province. 

M. Kyungu lui a souhaité la bienvenue en déclarant « Moïse Katumbi est un vrai fils du Katanga, il est bien blindé, il n’a rien à craindre… » ajoutant : «il est le seul Katangais qui soulève les foules ». 

S’adressant à l’abbé Malu Malu, qui préside la Commission nationale indépendante, M. Kyungu lui demanda d’accélérer le tempo afin que les élections puissent bien avoir lieu dans les délais prévus.

Homme d’affaires prospère, gouverneur très attaché au développement de sa province et n’hésitant pas à prendre des bains de foule, président du club de football le Tout Puissant Mazembe, club phare du football congolais dont la participation à la Coupe d’Afrique des nations provoque le délire, Moïse Katumbi est extrêmement populaire au Katanga mais aussi dans d’autres régions du Congo.

Il a aussi son franc parler et n’a pas hésité à critiquer le gouvernement de Kinshasa qui, de son point de vue, ne rétrocéderait pas suffisamment de ressources à la province du cuivre qui assure l’essentiel des recettes du pays et est en tous cas loin des 40% prévus par la Constitution. 

En outre, M. Katumbi, comme la majorité de ses compatriotes, ne cache pas qu’il désapprouve l’idée d’une réforme de la Constitution qui aboutirait à à confier un troisième mandat au président sortant Joseph Kabila, ce qui alimente la rumeur d’un désaccord entre les deux hommes. 

Le chef de l’Etat, qui se trouvait à Lubumbashi lundi n’a d’ailleurs pas attendu le retour du gouverneur pour regagner son ranch de Kundelungu, en bordure de la réserve naturelle du même nom.

S’adressant à la foule massée au centre ville et qui l’ovationnait, M. Katumbi s’est montré à la fois prudent et elliptique. Il a prôné « l’amour du prochain » puis s’est exprimé par le détour d’une devinette sportive.

Evoquant l’équipe nationale de la RDC qui joue en finale en Guinée dans le cadre de la Coupe d’Afrique des nations, il a parlé d’un premier penalty, puis d’un deuxième qui, quoique contestable avait finalement été accepté. 

Puis, lorsqu’il s’est écrié : «allons nous accepter un troisième penalty ? » tout le monde a compris qu’il faisait allusion à l’éventualité d’un troisième mandat présidentiel… 
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Le carnet de Colette Braeckman 

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