"Joseph Kabila"
Des observateurs attribuent généralement au général rwandais James Kabarebe, alors chef d’état-major général de l’armée du Rwanda, la phrase suivante : "Pour que le Rwanda reste debout, le Congo doit demeurer à genoux...".
Pour ceux qui ne le savent plus, Kabarebe, alors colonel, a été le commandant des troupes rwandaises ayant porté LD Kabila au pouvoir à Kinshasa à l’issue de la guerre dite des "Banyamulenge" d’octobre 1996 à mai 1997.
"James" avait pour aide de camp - chauffeur? -, un certain "commandant Hyppo", mieux connu aujourd’hui sous le patronyme de "Joseph Kabila". Les deux hommes seraient restés très proches.
De 1997 à 2003, les deux Provinces du Kivu et la Province Orientale ont été occupées par les troupes venues du Rwanda et de l’Ouganda.
Depuis bientôt deux décennies, ces trois entités peinent à retrouver la paix civile. En cause, des bandes armées nationales et étrangères y font régner la terreur. Pas pour tout le monde.
En novembre 2013, "Joseph Kabila" et sa suite, composée de plusieurs véhicules, ont parcouru, à la surprise générale, pas moins d’un millier de kilomètres pour relier la ville de Bunia (Province orientale) à Goma, chef-lieu du Nord Kivu. Le cortège n’a essuyé aucun coup de feu sur son parcours. Etrange.
Depuis le mois d’octobre 2014, 300 citoyens congolais ont été froidement abattus par des individus non autrement identifiés dans le Territoire de Beni. Ces crimes inqualifiables ont été attribués à des insaisissables rebelles ougandais de l’ADF-Nalu.
Au cours d’un point de presse qu’il avait animé le 24 novembre dernier, le ministre de la Communication et des Médias, Lambert Mende Omalanga, toute honte bue, annonçait "la détermination du gouvernement congolais d’anéantir des groupes armés qui commettent depuis quelques temps des massacres sur les populations civiles dans le territoire de Beni".
Six mois après, la situation reste plus que préoccupante dans cette partie de la Province du Nord Kivu.
En l’espace de trois jours, onze personnes ont été tuées samedi 9 et lundi 11 mai dans la localité de Matembo, aux environs de l’aéroport de Mavivi.
Le gouverneur du Nord Kivu, Julien Paluku, a étalé l’impuissance publique en imputant ces tueries à des "terroristes". La veille, le même Paluku avait invité le gouvernement du Premier ministre Matata à s’occuper non seulement de la situation économique mais aussi de la situation sécuritaire.
Julien Paluku a raison et tort.
Il a raison parce que le quatrième alinéa de l’article 91 de la Constitution est sans équivoque : "Le gouvernement dispose de l’administration publique, des Forces armées, de la Police nationale et des services de sécurité".
Il a, en revanche, tort parce que cette prérogative dévolue au gouvernement est exercée, en fait, par "Joseph Kabila". Le Premier ministre et le ministre de la Défense ne sont que des faire valoir.
Paluku s’est trompé de destinataire de son coup de gueule. Il faut espérer que la sortie médiatique de ce gouverneur très proche de la Présidence de la République n’est pas destinée à éblouir la population par un écran de fumée.
Le véritable responsable de cette insécurité a un nom : "Joseph Kabila". Un chef d’Etat mystérieux qui est au service de tout sauf de la sécurité nationale.
Les citoyens attendent des pouvoirs publics la défense efficace du territoire national et la protection des membres de la communauté contre les agressions tant internes qu’externes.
L’impuissance publique qu’étale le pouvoir kabiliste dans le Territoire de Beni met à nu l’échec de "Joseph Kabila" en matière sécuritaire. La même impuissance - délibérée? - est perceptible au Nord du Katanga et en Ituri, dans la Province Orientale.
Ce tableau pour le moins sombre n’a pas empêché le très énigmatique "Joseph Kabila" de claironner ces mots dans son message à la nation du 29 juin 2014: "J’annonce solennellement à la Nation congolaise que nos forces armées ont le contrôle absolu de l’ensemble du territoire national".
Question : le très énigmatique "Joseph Kabila" a-t-il reçu pour mission de maintenir le Congo-Kinshasa à genoux pour que le Rwanda de Paul Kagamé et l’Ouganda de Yoweri Museveni restent debout?
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Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant
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