dimanche 21 novembre 2010

Burkina Faso - Présidentielle 2010 : six challengers face à Blaise Compaoré

Meeting de campagne du président burkinabè Blaise Compaoré à Ouagadougou, le 19 novembre 2010.
Meeting de campagne du président burkinabè Blaise Compaoré à Ouagadougou, le 19 novembre 2010.
AFP / Ahmed Ouoba
Par RFI
Les Burkinabè sont invités ce dimanche 21 novembre 2010 à choisir un président pour les cinq années à venir. Blaise Compaoré, âgé de 59 ans et au pouvoir depuis 23 ans, affronte six candidats. Lancée le 31 novembre dernier, la campagne électorale s'est achevée vendredi sans avoir passionné les populations.
Cette élection présidentielle est la quatrième depuis le retour en 1991 du Burkina à l'ordre constitutionnel. C'est donc le cinquième mandat que brigue le président sortant Blaise Compaoré. Ancien numéro deux du régime révolutionnaire (1983-1987), Compaoré est arrivé au pouvoir le 15 octobre 1987 à la suite d'un coup d'Etat, au cours duquel le capitaine Thomas Sankara est assassiné.
Après avoir dirigé un régime militaire durant quatre ans, Blaise Compaoré, lui aussi capitaine à l'époque, instaure le multipartisme en 1991. Elu la même année pour un mandat de sept ans, il sera reconduit en 1998. En 2005, il est réélu pour cinq ans après une modification de la constitution qui limite à deux le nombre de mandats.
Au terme de cette disposition, Blaise Compaoré a droit à un dernier mandat de cinq ans. La perspective d'une modification de ce verrou constitutionnel, évoquée par ce dernier et ses partisans, passionne davantage les Burkinabè plus que cette élection présidentielle. Celle-ci étant considérée comme gagnée d'avance par le président sortant. La preuve : seulement 3,2 millions d'électeurs environs se sont inscrits alors que le gouvernement estimait à plus de 7 millions le potentiel d'électeurs sur une population de 15 millions d'habitants.
Même si les observateurs estiment que le scrutin est sans enjeux, Blaise Compaoré a choisi de mener une grande campagne à travers tout le pays. Pour cela, il s'est d'abord appuyé sur une coalition de partis politiques et d'associations. Parmi eux, son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), majoritaire, l'ADF-RDA, la deuxième force politique à l'Assemblée et la Fédération des associations pour Blaise Compaoré (FEDAP-BC). Ensuite, il a tenu meeting dans les treize villes régionales du Burkina et animé de grandes rencontres avec des couches socio-professionnelles du pays.
Avec les gros moyens déployés, la campagne de Blaise Compaoré était sans commune mesure avec celles des six autres candidats qui sont face à lui :
Maître Stanislas Bénéwendé Sankara. Avocat, il est leader de l'UNIR/PS, un parti qui se réclame de l'idéal de Thomas Sankara. Chef de file de l'opposition, Me Sankara avait été classé deuxième lors du scrutin de 2005 mais avec un score d'à peine 5%, loin derrière Blaise Compaoré qui totalisait plus de 80% des suffrages. Elu député à deux reprises, il a été propulsé aux devants de la scène nationale pour avoir plaidé dans des dossiers d'assassinats politiques tels que ceux du président Thomas Sankara et du journaliste Norbert Zongo.
Hama Arba Diallo. Diplomate, il a milité dans le Parti africain de l'indépendance (PAI). Ancien ministre des Affaires étrangères de Thomas Sankara entre 1983 et 1984, Arba Diallo a ensuite occupé de hauts postes internationaux dont celui de Secrétaire général adjoint des Nation unies. Revenu au pays depuis quelques années, il est député et maire de Dori, le chef -lieu de la région du Sahel dans l’extrême nord du pays.
Emile Paré. Médecin, il a d'abord milité dans le parti de Joseph Ki-Zerbo (PDP-PS) avant de créer sa propre formation. Candidat à la présidentielle de 2005, il avait recueilli moins d’un pour cent.
Boukary Kaboré. On le surnomme le Lion. Ancien officier, il fut le commandant du Bataillon d'intervention aéroportée de Koudougou, une unité d'élite pendant la révolution de Thomas Sankara. Il est connu pour être entré en dissidence après le coup d'Etat du 15 octobre. Il avait menacé de marcher sur Ouagadougou avec ses troupes avant d'être délogé quelques jours plus tard par des unités fidèles à Blaise Compaoré. Il avait pris la fuite pour se réfugier au Ghana. Depuis son retour d'exil, il s'est reconverti en paysan.
François Kaboré et Maxime Kaboré. Le premier est candidat du PDP/PS, le candidat de Joseph-Ki-Zerbo et le second, immigré burkinabè vivant en Belgique, est un candidat indépendant.

A la veille de l'élection, tous les six candidats de l'opposition ont exprimé leur doute sur la sincérité du scrutin. Ils dénoncent le fait que « le nombre d'inscrits pouvant réellement voter ne soit pas connu ». En fait, selon les nouvelles dispositions du code électoral, on ne peut voter qu'avec un passeport ou la nouvelle carte d'identité.
Or, faute de croisement des fichiers de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), chargée des cartes d'électeurs et de l'Office national d'identification (ONI), chargé d'établir les cartes d'identités, personne n'est en mesure de savoir le nombre de personnes possédant à la fois les deux pièces nécessaires pour voter.

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