
"Un vieil enfant" de Chéri Samba
Collection Henri Seydoux/Courtesy André Magnin
Le peintre Chéri Samba, 54 ans, figure parmi les peintres africains majeurs. Originaire de Kinto M’Vuila au Congo, il a fait fureur à l’exposition culte « Les Magiciens de la Terre » au Centre Pompidou en 1989. Depuis, les œuvres engagées, politiques et satiriques de cet artiste autodidacte trouvent un public grandissant et des collectionneurs en Occident et en Afrique. « Un Vieil Enfant » se nomme son nouveau tableau qu’il a présenté lors de la première Foire d’art contemporain à Marrakech en octobre et qu’il prend comme occasion de parler aussi sur le cinquantenaire des indépendances africaines. Entretien.
RFI : Pourquoi avoir peint ce tableau ?Chéri Samba : Nous avons soit-disant fêté le cinquantenaire de nos indépendances, et bien moi, j’ai voulu dire à tout le monde qu'à mon avis, je n’ai jamais vu un pays indépendant ici, chez nous, en Afrique.
RFI : Comment faire pour changer les choses?
C.S. : Je pense que si les pays d’Afrique se réunissaient pour former un Etat - les Etats unis d’Afrique - ça marcherait. Cela serait un peu difficile pour les dirigeants à accepter mais c’est à nous de les sensibiliser. L’Afrique doit rester Une, ce n’est pas le Congo, pas le Ghana ou le Maroc, mais qu’on parle de l’Afrique et qu’on parle d’une seule voix.
Pour venir au Maroc, chez moi, ça m’a effrayé, on m’a demandé un visa… il faudrait que cela finisse. Peut-être que c’est nous les enfants, nous qui sommes habillés en artiste, en peintre, qui pourrons leur faire comprendre ça, sinon eux ils ne font que manger et boire et le peuple subit leur diktat.
RFI : La peinture peut servir à porter ce message, selon vous ?
C.S. : Je pense que depuis que je peins j’ai changé beaucoup de consciences de beaucoup de gens. Au départ, j’exposais mes toiles devant mon atelier et les gens venaient envahir mon coin, pour contempler tout ce que je présentais. Grâce à ma peinture, je vois qu’il y a quand même beaucoup de changements.
RFI : Vous vous définiriez comment, comme un peintre africain ?
C.S. : Je ne suis pas un peintre de Kinshasa, je ne suis pas un peintre africain, je voudrais être universel.
![]() La célèbre toile "Le sida ne sera guérissable que dans 10 ou 20 ans" (1997) du peintre congolais Chéri Samba représente une manifestation de soutien pour une campagne contre le sida. |






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