mardi 21 décembre 2010

Elections 2011 : Récupération politique et fausse note

 
L’AMP Adolphe Muzito, un natif de la province de Bandundu.


«Ils sont beaucoup qui ont flatté le peuple sans l’aimer», disait l’Anglais Shakespeare dans «Coriolan». C’est en tout cas ce qui se passe en République très démocratique du Congo. L’approche des consultations politiques de 2011 est devenue l’occasion pour les politiciens à se livrer à une surenchère démagogique. Jusqu’ici, ce cirque, pardon, cette course au pouvoir se limitait à des dons offerts ici et là. La «haute hiérarchie», alias «Joseph Kabila», est devenue le champion toute catégorie en «dons». Cet homme est arrivé dans l’ex-Zaïre en octobre 1996. Il n’avait pour toute richesse que son fusil et des bottes en caoutchouc. Bref, passons. Un récent évènement tragique est venu démontrer que nos politiciens en général et ceux étiquetés «AMP-PPRD» en particulier sont décidés à faire feu de tout bois. Objectif : être en haut de l’affiche, selon la célèbre chanson de Charles Aznavour.

Selon mon ami qui sait tout sur tout et presque tout sur rien sur les potins de Kinshasa-Lez-Immondices, un grave accident de circulation a eu lieu, vendredi le 17 novembre 2010, sur la route nationale n° 1 au niveau de la ville kwangolaise de Kenge dans la province de «BDD» comme disent les natifs de la province chère au général Faustin Munene. Bilan : 32 tués. Les victimes résidaient dans la commune kinoise de Masina. Cause de l’accident : surcharge. Rien de bien étonnant dans cette république bananière où il n’existe pas encore de contrôle technique digne de ce nom pour envoyer à la casse tous les «ERNI» (Engins roulants non identifiés) empruntant les routes nationales. Des engins qui sont en fait des «cercueils roulants».

A en croire mon ami qui sait décidément tout sur tout, les personnalités politiques natives l’ex-province de Léopoldville (Bandundu, Bas-Congo et Kinshasa), étiquetées «AMP-PPRD», décidèrent d’organiser une grandiose cérémonie d’inhumation au stade municipal de Masina. Etaient présents, des députés originaires du Bandundu, le ministre des Affaires sociales, Action humanitaire et solidarité nationale, Ferdinand Kambere, qui représentait le Premier ministre le Palu Adolphe Muzito et le PPRD «Joseph Kabila». On notait également la présence des gouverneurs de Bandundu et de la ville de Kinshasa. Sans omettre des notables ainsi que des «simples ngwashi» venus consoler les familles éplorées. L’événement a été immortalisé - sans jeu de mots - par de nombreuses caméras. Dieu seul sait si les journalistes de la République très démocratique du Congo couvraient l’actualité sans promesse préalable d’«enveloppe» destinée aux frais de «transport». Le célèbrissime «coupage».

L’occasion faisant le larron, la vue des caméras a donné de l’inspiration aux «Excellences» et autres «Honorables». Des allocutions se sont succédées aux allocutions. Ne dit-on pas qu’il n’est point de République sans discours ? Certains locuteurs ont même écrasé une larme. Histoire de démontrer, preuve à l’appui, la «compassion» de la mouvance présidentielle aux parents des victimes. Un tacot a été mis à la disposition des familles pour transporter les cercueils. Après le «devoir accompli», les différentes personnalités se sont empressées de quitter le lieu. Certaines d’entre elles ont été aperçues quelques minutes plus tard dans des restaurants de la capitale entrain de savourer un bon plat, arrosé d’un bon verre de vin.

Selon mon ami qui a un réseau d’informateurs dans les coins et recoins de Kinshasa-Lez-Immondices, une scène pathétique s’est produite à plusieurs centaines de mètres du cimetière. «Quoi donc?», ai-je demandé avec ma candeur habituelle. «Le vieux camion a rendu l’âme», répondit-il. A en croire mon ami, les parents des victimes ont dû louer les services de quelques «charretiers» pour transporter les bières. Un député provincial de Bandundu a même dépêché son 4x4 de marque Land Cruiser à la rescousse. Des cercueils ont été posés sur le toit du véhicule transformé en porte-bagages. Les habitants de Mikonga ont assisté à une scène surréaliste et tragi-comique. A l’arrivée, des vitres des certains cercueils étaient brisées et laissaient exhaler l’odeur de putréfaction. La colère fusait de toute part. Les proches des victimes dénonçaient les conditions chaotiques dans lesquelles s’est déroulé l’inhumation. Certains ont même regretté leur vote exprimé lors des élections 2006 en faveur de certains «discoureurs» de Masina.

Mauvaise langue, mon ami de conclure : «La pré-campagne électorale est lancée!»
Issa Djema
© Congoindépendant 2003-2010

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