lundi 27 décembre 2010

La Biélorussie n’émeut pas comme la Côte d’Ivoire…


Alexandre Loukachenko (président réélu de Biélorussie) et Laurent Gbagbo (président réélu de Côte d’Ivoire) - Ph : DR
















(AfriSCOOP Analyse ) — Où est passée la subite furie du monde contre le voleur sans vergogne d’une élection ? L’on était au cœur du psychodrame électoral ivoirien quand est intervenue l’élection présidentielle en Biélorussie. Comme d’habitude, ce qui est valable pour les Occidentaux fraudeurs ne l’est pas pour les Africains de même acabit. Dans ce contexte, comment ne pas comprendre le coup de force de L. Gbagbo !?

La Biélorussie (qui signifie « République de Russie blanche ») n’a rien à avoir avec la Côte d’Ivoire d’un point de vue histoire politique. Cependant, les développements qui ont suivi l’organisation de la présidentielle dans ces pays permettent de jeter une ligne de comparaison entre ces deux Etats situés sur deux continents différents : l’Europe et l’Afrique.

Alexandre Lukachenko (président biélorusse) est au pouvoir depuis 16 ans ; Laurent Gbagbo de son côté habite le palais présidentiel ivoirien depuis l’an 2000. Si le chef de l’exécutif biélorusse est habituellement décrit comme « le dernier dictateur » du « vieux continent », M. Gbagbo a pour sa part fait un second mandat “illégal” de 2005 à 2010. Le trait d’union en ce moment entre ces deux Etats est qu’ils ont organisé des scrutins dont les résultats officiels sont sujets à de vives contestations. Faut-il dans ce contexte crier uniquement sur la démarche singulière de Laurent Gbagbo qui se dit prêt, implicitement, à affronter seul le reste du monde, pour garder le pouvoir et justifier « sa victoire électorale » ?

Le contexte biélorusse devrait encourager Gbagbo et les siens

Les Nations Unies n’ont pas certifié les résultats de la présidentielle de cette fin d’année dans la « République de Russie blanche », mais il est aisé de deviner les conditions de l’organisation de cette élection. Un peu comme dans toutes les dictatures qui ne sont pas encore décidées à passer la main. Contrairement à la Côte d’Ivoire toujours divisée en deux, la présidentielle biélorusse n’a pas attiré la grande attention du monde…

Ce climat politique au pays de M. Lukachenko mérite-t-il pour autant que la communauté internationale faiblisse dans sa condamnation des manœuvres post-électorales du pouvoir de Minsk ? Toutes les grandes chancelleries du monde ont condamné la quasi confiscation du pouvoir par le président Lukachenko et ses proches ; mais pas comme dans le cas ivoirien. Si la Biélorussie est réellement « la dernière dictature » du monde comme le répètent les Occidentaux sur leurs principaux médias, pourquoi n’envisagent-ils pas de faire recours à la force pour déloger le régime venu d’ailleurs de Minsk ? Le différend ivoirien doit faire naître un nouvel ordre dans la géopolitique mondiale, si le monde dit « civilisé » a décidé, une fois pour toutes, de gommer la situation de « deux poids deux mesures » en matière de prise de position après l’organisation d’une consultation électorale.

Le Rwanda a organisé ces derniers mois un scrutin présidentiel dans un climat de répression sans que Washington et ses alliés de l’Otan (Organisation du traité de l’Atlantique Nord) ne s’en émeuvent. Après les élections législatives en Ethiopie (qui abrite le siège de l’Union africaine !!!), l’on a semblé assister à une fissure dans l’omerta des pays du Nord autour des dossiers impliquant leurs partenaires stratégiques en Afrique. Ce souhait n’a duré que l’instant d’un feu de paille. Quand les observateurs européens (qui étaient en Ethiopie) décriaient le processus électoral, leurs collègues « Yankees » trouvaient encore l’occasion de servir des propos diplomatiques.

Des mauvais exemples de ce genre sont légion sur le continent noir. Dans la grande indifférence de la White House, l’Elysée, Bruxelles, etc. Démocrates africains, vous êtes prévenus : pour prétendre déloger dorénavant un candidat du pouvoir, il ne faut plus compter sur les soutiens diplomatiques et les voix. Il faut surtout disposer d’une puissance de feu…

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