lundi 20 décembre 2010

A la Une : le feuilleton ivoirien
Avec une bonne nouvelle pour commencer : les quotidiens suspendus depuis jeudi par les militaires favorables à Laurent Gbagbo sont à nouveau dans les kiosques ce lundi. Parmi ces journaux, L’Intelligent : « Ouf, s’exclame-t-il, Laurent Gbagbo a demandé la levée du mot d’ordre de suspension de l’Intelligent d’Abidjan et des autres confrères de l’opposition absents des kiosques à journaux vendredi et samedi. Pour lui, il faut laisser les journalistes faire leur travail et permettre aux structures de régulation de la presse en Côte d’Ivoire de jouer pleinement leur rôle ».
Mais attention, le répit pourrait être de courte durée… Cette fois, c’est le ministre de la Communication de Laurent Gbagbo qui prévient : « les journaux, dit-il, n’ont pas le droit de démoraliser, de déprimer le peuple ivoirien par des articles violents, mensongers et qui quelques fois constituent une sorte d’appel à la révolte ». Le gouvernement Gbagbo pourrait donc interdire certains titres.
L’ONU sur la sellette
En attendant, la question du jour, celle que tout le monde se pose ce matin dans les journaux, est : « l’ONU va-t-elle quitter la Côte d’Ivoire ? » Le quotidien L’Inter apporte des éléments de réponse. « Samedi, rappelle-t-il, Laurent Gbagbo a lancé un ultimatum aux représentants des Nations unies intervenant dans la crise ivoirienne, à qui il a donné jusqu’à ce lundi pour quitter le territoire ivoirien. Laurent Gbagbo et ses hommes ont relevé une somme d’ingérences de l’institution internationale dans les affaires intérieures de la Côte d’Ivoire. Attitudes jugées contraires au mandat de ladite organisation ».
Alors que va faire l’ONU ? Et bien, pour L’Inter, elle va rester… En effet, explique le journal, « l’ONU ne reconnait en Laurent Gbagbo aucune autorité pour recevoir des ordres de lui. Alassane Ouattara étant pour elle, le seul interlocuteur à même d’exiger ou non son départ. Par conséquent, l’on ne s’attend à rien d’autre qu’à un nouveau bras de fer, estime L’Inter. Cette fois, entre l’ONU, qui n’entendrait point retirer ses hommes du territoire ivoirien et le régime Gbagbo, qui réclame la fin du mandat de l’opération des Nations unies en Côte d’Ivoire. (…) En attendant que cette position se formalise par la nouvelle résolution attendue aujourd’hui, pour Ban Ki-Moon, il est hors de question que l’ONU quitte le sol ivoirien ». Et L’Inter n’est guère optimiste : « ce bras de fer annonce des jours pas très calmes en Côte d’Ivoire, écrit-il. Il laisse entrevoir des affrontements éventuels entre les troupes onusiennes et les partisans du camp présidentiel ».
Mémoire courte…
Pour la presse de la sous-région, Laurent Gbagbo pousse le bouchon un peu loin. Ainsi, pour Liberté au Togo, « en sommant l’ONU de retirer ses troupes et en demandant aussi le départ du contingent français, Gbagbo se rend ridicule et fait montre d’une ingratitude notoire en ce sens qu’en 2002, rappelle le quotidien togolais, c’était la Force Licorne qui s’était interposée entre les Forces Nouvelles et l’armée nationale (…). Et si la paix a pu se maintenir sur le territoire ivoirien pendant plusieurs années et favorisé la tenue des élections, celui-ci le doit d’abord à la Force française d’une part et ensuite au contingent militaire de l’ONU (…) », estime encoreLiberté.

Au-delà de ce rappel, L’Observateur au Burkina s’interroge : « jusqu’où ira l’épreuve de force ? Imaginons que la marée humaine du général Blé Goudé (qui dirige les ultras du camp Gbagbo) décide de déferler sur l’hôtel du Golf, défendu par au moins 800 casques bleus et des soldats des Forces armées des Forces nouvelles : M. Choi, (le chef de l’ONU sur place) fait quoi contre ? », se demande le quotidien burkinabé. « Il laisse faire ou fait tirer sur les manifestants au risque de rendre encore plus dramatique une situation qui n’est déjà pas si simple à gérer ? En tout cas, relève L’Observateur, avec cette nouvelle donne, on saura jusqu’où peut aller la détermination de la communauté internationale ».
Partir… mais comment et quand ?
Pour Mutations au Cameroun, « les mesures qui consistent à réclamer le départ des quelque 10 000 casques bleus et des 950 soldats français du dispositif Licorne sont malheureusement des décisions d’un homme politique aux abois ». Et le quotidien camerounais, lui-aussi, s’inquiète : « ce que nous craignions, écrit-il, est en train de se mettre en place chaque jour qui passe : une escalade de haine et de violence, qui va probablement s’achever par un bain de sang, bien plus dramatique que la trentaine de morts recensés jeudi dernier ».

Enfin pour le site Guinée Conakry infos, « encore une fois, le problème auquel les Ivoiriens font actuellement face, semble entier. Se résoudre à négocier pied-à-pied avec Gbagbo serait honteux pour les grands de ce monde. En somme, il doit partir, mais on ne sait ni comment, ni quand, affirme le site guinéen d’information. Car l’espoir qu’il y ait au sein de l’armée ivoirienne, un "Toumba Diakité" n’est pas certain. Ainsi, on semble être parti pour vivre un feuilleton tragique dont la durée et l’issue sont plus qu’incertaines ».

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