vendredi 11 février 2011

RDC: On nous cache tout, on nous dit rien


 
Bosco Ntaganda.
«On nous cache tout, on nous dit rien». Ces paroles tirées d’une chanson de Jacques Dutronc, chanteur français de l’époque des sixties, illustrent si besoin comment Joseph Kabila alias «autorité morale», «la haute hiérarchie» et tutti quanti a érigé le trafic des minerais en mode de fonctionnement de son gouvernement parallèle. A preuve, notre «Tout Kin en parle» précédent où il est question de 26 millions de US Dollars escroqués au groupe indien Airtel par le clan. Quand on parle gros sous, le clan n’est jamais loin. Une nouvelle affaire vient de voir le jour à Goma et cette fois, il s’agit de huit millions de US dollars et 435 Kg d’or saisis à l’aéroport de Goma à bord d’un G 5 (Grumman) immatriculé aux Etats-Unis et cloué au sol depuis jeudi 3 février sur décision des autorités provinciales.

Selon mon ami qui sait tout sur tout et presque tout sur rien à Kinshasa-Lez-Immondices, cette affaire gêne au plus haut point le "raïs". Dès qu’il a appris la mise sous scellé de l’aéronef, il aurait piqué une sainte colère et ordonné qu’on libère, sur l’heure, l’équipage, les passagers et qu’on laisse l’avion poursuivre son vol. Tout ce beau monde finit par gagner l’aéroport où ils ont trouvé des "hommes en uniforme" occupés à s’en prendre à leur magot ainsi qu’à leur or. Il s’engagea alors une course effrenée dans les rues de Goma entre d’une part, les ex et futurs prisonniers flanqués de leurs anciens et futurs geôliers poursuivant un camion rempli d’hommes en uniforme roulant à tombeau ouvert sous le regard médusé de la population. Le camion les mena tous à la résidence du "général" Bosco Ntaganda celui-là même qui est promis à un bel avenir dans les locaux de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye. Mais pour l’heure, dit mon ami, c’est "Bosco" qui tient l’argent, les faussaires et l’or. Et ce n’est qu’après moult discussions, qu’il consentit à remettre sa prise de guerre amputée, bien entendu, de quelques liasses et donna l’ordre à ses hommes d’escorter les prisonniers dans le cachot qu’ils n’auraient dû jamais quitter. Mon ami d’enchaîner, on imagine aisément la tête du «raïs», celui que la planète entière nous envie, devant un tel gâchis. Une affaire qui tournait pourtant depuis deux ans sans accroc. Et mon ami dont nul n’ignore la perspicacité de s’interroger, que va faire «la haute hiérarchie» ? Punir le zèle du gouverneur, cet empêcheur de trafiquer en rond? Lâcher Ntaganda aux crocs de Luis Moreno-Ocampo, son ami le procureur près la CPI ? Mais pour ce faire, il lui faudra l’accord du maître de Kigali, principal bénéficiaire de ce trafic.

En tous les cas, conclut mon ami qui, faut-il le répéter, sait tout sur tout, l’argent qui sert à acheter l’or provient des narcodollars colombiens et les fins limiers du FBI (Federal Bureau of Investigation) qui suivent ce trafic depuis bientôt deux ans viennent d’arriver à Goma pour participer à l’enquête ouverte par les autorités provinciale. A suivre…
Jacky Mopipi 
© Congoindépendant 2003-2011

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire