lundi 4 avril 2011

RD Congo et les enjeux éthiques et spirituels d’une guerre d’agression


Par Congoone
Vendredi, 01 Avril 2011 20:16

Le fait que la Commission (Justice,) Vérité et Réconciliation conçue comme l’un des lieux de la sortie de notre pays de « la guerre d’agression » de 1996 n’ait pas fonctionné de façon maximale pendant la longue transition congolaise interpelle. L’approfondissement des  enjeux éthique et spirituel de notre misère anthropologique en souffre jusqu’à ce jour. Cela risque de compromettre durablement notre devenir commun au Congo et en Afrique.

Au fur et à mesure que  les jours, les mois et les années passent, un certain oubli, une certaine ignorance plane sur les enjeux éthiques et spirituels de la misère anthropologique que notre pays connaît depuis plus de cinq siècles. Misère anthropologique aggravée chez nous par « la guerre d’agression » perpétrée depuis 1996 par « les grandes puissances » à travers certains pays satellites  de l’Afrique des Grands Lacs. Certaines hypothèses ayant revêtues le caractère d’évidences ne cessent de soulever des questions méritant une attention particulière.
Il ne semble plus suffisant de soutenir que l’unique objectif majeur de cette « guerre d’agression » était da faire main basse sur les richesses du sol et du sous-sol congolais. Il en va de même de ses objectifs géopolitiques et géostratégiques. La poursuite de ces objectifs n’expliquerait pas, seule, à notre avis, la profanation des appareils génitaux de nos filles, de nos femmes, de nos mères et de nos grands-mères par les escadrons de la mort au service des « grandes puissances ». Violer  et après détruire les appareils génitaux  de sa victime en les coupant ou en tirant dedans est plus qu’une manifestation d’un degré avancé de la barbarie.
Quand le viol a pour but de propager le VIH/SIDA et qu’il est suivi de la destruction méchante de la victime, il vise l’extinction de la vie en abîmant la voie par laquelle celle-ci passe. Il y a eu, pendant cette « guerre d’agression », des moments où, les victimes du viol ont été éventrées et/ou ont vu leurs fœtus  découpés en morceaux. Ce niveau d’ensauvagement semble avoir été atteint au profit d’un projet diabolique : couper tout un peuple de sa capacité de vivre et de se reproduire ; nier, en profondeur, son humanité. Ceci a un corollaire : arracher à ce peuple tous ses moyens spirituels et matériels de vie et le condamner à attendre son extermination en lui donnant accès à quelques miettes tombant de la table des bourreaux et de leurs alliés.
Ces miettes assurent la survie qui risque d’être un sursis. Pourquoi ?
Parce que les initiateurs de ce projet diabolique ont mené un marketing permettant à leurs alliés locaux d’occuper les postes de gouvernement dans un Congo transformé en « un camp de concentration ». (Poursuivant leur projet, ils sont allés s’enfermer avec le bureau de la CENI à Lubumbashi pour concocter les mécanismes de l’occupation permanente du Congo à travers un processus électoral vicié et vicieux.)
Une Commission (Justice,) Vérité et Réconciliation avait été prévue comme l’un des lieux de sortie du bourbier éthique et spirituel où le Congo d’après Mobutu a été (davantage) enfoncé. Cette Commission n’ayant pas fonctionné de façon maximale, la recherche de la Justice (juste) et de la Vérité sur les tenants et les aboutissants de « la guerre d’agression » de 1996 et de ses avatars a cédé la place à un processus dit démocratique au cours duquel certains initiateurs du projet diabolique susmentionné et leurs alliés sont devenus, pour la plupart,  porteurs des projets d’émancipation pour nos populations. Ont-ils , pour autant, renoncé à ce projet ? Non ! Ils ont tué Serge Maheshe, Bapuwa Mwamba, Floribert Chebeya, Fidèle Bazana, Monseigneur Munzihirwa et la liste des « martyrs » est longue. (Une partie peut être consultée sur le site de Benilubero.)
En plus de tous « ces martyrs », ils ont fait du Congo une prison à ciel ouvert. Tous les candidats à la mort sont rapidement enfermés dans des prisons visibles et invisibles.

Disons que plusieurs d’entre nous ont renoncé, un peu tôt, à la recherche de la Vérité sur  la guerre menée par « les libérateurs » de 1996 et se contentent désormais des solutions expéditives (dont les élections contre une partie de bourreaux et leurs alliés !)

Les médias dominants ayant commenté cette guerre nous ont toujours dit que « Mobutu » devait partir. Pourquoi ? Est-ce vraiment parce qu’ils voulaient que le Zaïre (redevenu Congo) respire tant soit peu l’air de la démocratie ? Qu’est-ce que Mobutu avait découvert et qui l’avait rendu tout à coup indésirable par ceux qui l’avaient porté dans leur cœur pendant plus de trois décennies ? S’il devait partir parce qu’il était dictateur, comment expliquer qu’un tyran de la trempe de Paul Kagame soit devenu l’ami des « ex-amis » de Mobutu ? Que la dérive autoritaire au Congo soit tolérée ? Et que les ex-amis « démocrates » de Mobutu ferment  les yeux sur les millions des morts des Grands Lacs ?
Plusieurs d’entre nous ayant renoncé à la recherche de la Vérité sur la guerre de 1996 expliquent rapidement ce qui nous arrive en disant : « Entre les Etats, il n’y a pas d’amitié, il n’y a que des intérêts. » Quel est cet intérêt matériel qui justifie que le viol d’une femme soit suivi de la destruction de son appareil génital, loin des mines de coltan ? Et si cette guerre participait du vol (et/ou de la vente) de la force vitale, de l’âme congolaise ? Qu’allons-nous gagner échange de notre âme quand les élites (intellectuelles, politiques, culturelles et religieuses) compradores l’auront vendue à coup des billets de banque ?
Il paraît que si nous ne nous ravisons pas éthiquement et spirituellement, le Congo, la terre de nos ancêtres, va disparaître. L’argent que nos élites auront gagné en vendant leurs consciences en fera des nomades (et esclaves volontaires) à travers le monde. Et nous disparaîtrons comme peuple.
Que faire ? Les stratégies d’actions pour la reconquête de notre âme, de notre dignité et de notre liberté ne se communiquent pas sur la toile. « Les petits restes »  ayant pris de l’avance sur les réponses aux questions susmentionnées ont compris la nécessité de travailler en réseau. Plusieurs sont conscients du danger que nous-mêmes en tant que peuple ainsi que notre pays courront. Ils ont aussi compris l’important d’un travail à court, moyen et long terme.
Notre connaissance des enjeux géoéconomiques, géostratégiques et géopolitiques  de la guerre d’agression menée contre nous devrait nous pousser à approfondir ses enjeux spirituels et éthiques. Ces derniers seraient plus importants que les autres. Des esprits courageux, fiers de leur identité et conscients du fait que la dignité et la liberté d’un peuple ne se monnaye pas sont plus efficaces que les bombes et les F16. Les Egyptiens l’ont prouvé aux dépens de Moubarak !
Pour rappel, l’Afrique a la forme d’un révolver dont la gâchette est au Congo, disait Frantz Fanon. Briser l’âme de la gâchette, c’est tirer l’Afrique vers le bas…

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