samedi 2 juillet 2011

Fauteuil à vie

Par  RICH NGAPI


Ouvrons notre « saga apostrophique » par cette célèbre phrase qu’aimait répéter l’Ivoirien Félix Houphouët-Boigny : « En Afrique, on ne peut pas désigner quelqu’un du doigt en disant qu’il est un ancien chef ». De ceci, peut-on affirmer que l’alternance politique n’est pas la valeur la mieux partagée en Afrique ? Rien n’est moins sûr.
En effet, l’Afrique compte encore quelques chefs d’Etat qui s’éternisent au pouvoir. Malgré la fin, déclaré ou supposée, des dictatures. Pour des raisons que seul le bon Dieu ou le diable connaît. Parmi eux, voici l’actuel top 10 des records de longévité présidentielle :
Le Libyen Mouammar el-Kadhafi, 69 ans, 42 ans au pouvoir. L’Equato-guinéenTeodoro Obiang Nguema, 69 ans, 32 ans de pouvoir ; l’Angolais José Eduardo Dos Santos, 69 ans, 32 ans de pouvoir ; le Zimbabwéen Robert Mugabe, 87 ans, 31 ans de pouvoir ; le Camerounais Paul Biya, 78 ans, 29 ans de pouvoir ; l’Ougandais Yoweri Museveni, 67 ans, 25 ans de pouvoir ; le Burkinabè Blaise Compaoré, 60 ans, 24 ans de pouvoir ; le Soudanais Omar el-Bechir, 67 ans, 22 ans de pouvoir ; le Tchadien Idriss Déby Itno, 59 ans, 21 ans de pouvoir et l’Erythréen Issayas Afewerki, 65 ans, 18 ans de pouvoir.
Hors catégorie dans ce palmarès, le Congolais Denis Sassou-Nguesso (68 ans). S’il n’a pas réussi à se maintenir 15 ans de suite au pouvoir, Sassou est parvenu à effectuer deux « tranches », de 1979 à 1992 et il est, depuis 1997, le président de la République du Congo. Il totalise donc 27 ans de pouvoir.
Que dire ? Arrivés au pouvoir souvent par concours des circonstances – mal élus ou par coups d’état – la plupart des chefs d’Etat africains n’ont pas de comptes à rendre au peuple. D’ailleurs, souvent, quand on les leurs demandent, ils savent comment répondre : par la démagogie ou par la répression. Finalement, après avoir réussi à imposer un climat de terreur et de peur, ils s’y installent confortablement, s’y accrochent d’années en décennies et s’y éternisent. Comme pour dire : « Le pouvoir nous connaît comme la prunelle de nos yeux. Il nous colle à la peau comme une sangsue. Il nous accompagne à chaque pas de notre vie comme une silhouette ».
Mais, il y a un « mais ». A force de s’y accrocher, le pouvoir finit toujours par trahir. Ou par se retourner contre son maître. Surtout lorsqu’il devient «absolu », il corrompt absolument. Alors que le vrai pouvoir devrait placer les chefs au servir des peuples desquels ils se réclament, hélas ! Le pouvoir des dirigeants africains leur sert paradoxalement de machine d’oppression contre leurs peuples.

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