MALABO (Xinhua) - Jusqu'ici le seul continent visé par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye aux Pays-Bas, en l'occurrence avec des poursuites contre des leaders comme Omar el Béchir au Soudan et le colonel Kadhafi en Libye, l'Afrique est sur le point de créer sa propre cour criminelle, annonce le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Jean Ping.
Xinhua
Le sommet de l'Union africaine à Malabo, en Guinée équatoriale, le 1er juillet 2011.
Photo: AFP/STR
Dans un entretien à la presse négocié par Xinhua au terme du 17e sommet de l'UA vendredi à Malabo en Guinée équatoriale, Jean Ping a affirmé que, malgré les divergences, "un consensus presque parfait" a sanctionné les débats houleux sur les sujets cruciaux comme la crise libyenne où l'organisation propose aux parties un plan comportant une transition inclusive.
Question : Monsieur le président, que vaut l'Union africaine, dans la mesure où elle subit les décisions prises ailleurs l'égard du continent, comme cette nouvelle action de la Cour pénale internationale à travers les mandats d'arrêt émis contre le colonel Kadhafi, son fils et son chef des services de renseignements ?
Réponse : Notre institution, l'Union africaine, ce n'est pas seulement la Commission. La Commission s'apparenterait à un exécutif. Et puis nous avons un Parlement, le PAP, le Parlement panafricain qui siège à Pretoria (en Afrique du Sud). Et nous avons une Cour de justice, une Cour des droits de l'homme et des peuples. Il n'y a donc pas encore de cour criminelle et nous sommes en train de créer une cour criminelle en Afrique. Il ne reste plus que la ratification des chefs d'Etat et la Cour criminelle sera opérationnelle. C'est en raison de tout ce qu'on observe.
Q : Quel est le succès de ce sommet, selon vous ?
R : Je crois d'abord que c'est un grand sommet, en particulier en raison des graves problèmes qui se posaient, les crises comme la crise libyenne, la crise ivoirienne, les crises au Soudan, en Somalie. Toutes ces crises devaient être abordées à un moment précis où l'Afrique avait, comme tous les continents, des points de vue qui ne sont pas forcément identiques. Nous avions des divergences comme tout le monde. En Europe, il y en a. L'Allemagne et les autres, ce n'est pas les mêmes positions. Donc, nous avions aussi nos divergences. Donc, il fallait à la suite d'un long débat et des négociations aller vers une position commune. D'aucuns pensaient que ça va être l'implosion. Or, nous sommes arrivés à un consensus presque parfait. Donc, il y a tout lieu de se réjouir des résultats que nous avons atteints, par exemple en ce qui concerne la Libye. Mais également en ce qui concerne d'autres sujets, nous avons pu en débattre et prendre des décisions importantes, sans oublier le thème de cette conférence qui est un thème concernant la jeunesse. La jeunesse, depuis en particulier le "printemps arabe", a un rôle extrêmement important à jouer et donc il faut s'occuper de la jeunesse. Le jeune qui a dit l'autre jour aux chefs d'Etat "si vous ne vous occupez pas de nous, nous allons nous occuper de vous ", c'est très significatif. Toutes ces choses nous font croire que nous sommes en train de regarder le futur de l'Afrique, de déterminer notre propre destin. Malgré les difficultés, l'absence de moyens, l'Afrique avance et l'Afrique veut se faire entendre et écouter sur la scène internationale, surtout lorsqu'il s'agit de ses propres problèmes.
Q : Parlant de divergences justement, l'Afrique a du mal à mettre en place le Fonds monétaire africain. L'on s'attendait également à ce qu'une décision précise soit prise sur ce dossier lors de ce sommet. Qu'en est-il exactement ?
R : Il y a trois institutions qui ont été prévues sur le plan monétaire et qui figurent même sur notre Acte constitutif. C'est une banque centrale, un fonds monétaire africain, une banque d’investissement. La Banque d'investissement est pratiquement opérationnelle. Le Fonds monétaire, déjà le siège est à Yaoundé. Nous avons déjà les bâtiments, le personnel. Mais, c'est quelque chose qui n'est pas facile à mettre en oeuvre. Donc, nous sommes en train de voir comment mettre en oeuvre un Fonds monétaire africain. Lorsqu'on en parlait au début, les gens rigolaient. Il s’est dit il y a le Fonds monétaire international, comment on va mettre en place un Fonds monétaire africain ? Comment il va fonctionner ? Et puis on a vu qu'après la crise, l'Asie, qui n'y pensait pas du tout, en quelques années, a mis en place un fonds monétaire. Avec la crise grecque et le reste, les Européens commencent à y penser.
Q : La déclaration des chefs d'Etat dit clairement que le colonel Kadhafi ne doit pas faire partie des négociations. En revanche, le Conseil national de transition avait demandé avant le sommet que le colonel Kadhafi ne fasse pas non plus partie de l’autorité de transition. Le plan proposé ne va pas jusque-là. Est- ce que vous ne craignez pas vos propositions soient rejetées par une partie au conflit ?
R : Nous avons toujours affirmé depuis le 10 mars, c'est-à-dire bien avant le Conseil de sécurité, que la transition sera inclusive et consensuelle.
Q : Qu'est-ce qu'il y a de nouveau à Malabo, car toutes les décisions que vous avez annoncées, avaient déjà été annoncées auparavant ?
R : Non, non, nous avions une "feuille de route" qui était claire, qui parlait de cessez-le-feu, de transition inclusive et de l'objectif final qui est de mettre en place des réformes nécessaires pour répondre aux aspirations légitimes du peuple libyen à la démocratie, à la bonne gouvernance, aux droits de l' homme, à la justice, etc. Est-ce que ce qui est dit là n'est pas un objectif suffisamment clair pour que vous puissiez vous-mêmes en tirer les conclusions ? Et dans le document qui a été proposé, nous entrons dans les détails. Dans le paragraphe 1, on dit bien qu'il (le colonel Kadhafi) ne prendra pas part à ces négociations. Mais les négociations ne concernent pas que le cessez-le-feu, elles concernent la transition.
Xinhua
Le sommet de l'Union africaine à Malabo, en Guinée équatoriale, le 1er juillet 2011.
Photo: AFP/STR
Dans un entretien à la presse négocié par Xinhua au terme du 17e sommet de l'UA vendredi à Malabo en Guinée équatoriale, Jean Ping a affirmé que, malgré les divergences, "un consensus presque parfait" a sanctionné les débats houleux sur les sujets cruciaux comme la crise libyenne où l'organisation propose aux parties un plan comportant une transition inclusive.
Question : Monsieur le président, que vaut l'Union africaine, dans la mesure où elle subit les décisions prises ailleurs l'égard du continent, comme cette nouvelle action de la Cour pénale internationale à travers les mandats d'arrêt émis contre le colonel Kadhafi, son fils et son chef des services de renseignements ?
Réponse : Notre institution, l'Union africaine, ce n'est pas seulement la Commission. La Commission s'apparenterait à un exécutif. Et puis nous avons un Parlement, le PAP, le Parlement panafricain qui siège à Pretoria (en Afrique du Sud). Et nous avons une Cour de justice, une Cour des droits de l'homme et des peuples. Il n'y a donc pas encore de cour criminelle et nous sommes en train de créer une cour criminelle en Afrique. Il ne reste plus que la ratification des chefs d'Etat et la Cour criminelle sera opérationnelle. C'est en raison de tout ce qu'on observe.
Q : Quel est le succès de ce sommet, selon vous ?
R : Je crois d'abord que c'est un grand sommet, en particulier en raison des graves problèmes qui se posaient, les crises comme la crise libyenne, la crise ivoirienne, les crises au Soudan, en Somalie. Toutes ces crises devaient être abordées à un moment précis où l'Afrique avait, comme tous les continents, des points de vue qui ne sont pas forcément identiques. Nous avions des divergences comme tout le monde. En Europe, il y en a. L'Allemagne et les autres, ce n'est pas les mêmes positions. Donc, nous avions aussi nos divergences. Donc, il fallait à la suite d'un long débat et des négociations aller vers une position commune. D'aucuns pensaient que ça va être l'implosion. Or, nous sommes arrivés à un consensus presque parfait. Donc, il y a tout lieu de se réjouir des résultats que nous avons atteints, par exemple en ce qui concerne la Libye. Mais également en ce qui concerne d'autres sujets, nous avons pu en débattre et prendre des décisions importantes, sans oublier le thème de cette conférence qui est un thème concernant la jeunesse. La jeunesse, depuis en particulier le "printemps arabe", a un rôle extrêmement important à jouer et donc il faut s'occuper de la jeunesse. Le jeune qui a dit l'autre jour aux chefs d'Etat "si vous ne vous occupez pas de nous, nous allons nous occuper de vous ", c'est très significatif. Toutes ces choses nous font croire que nous sommes en train de regarder le futur de l'Afrique, de déterminer notre propre destin. Malgré les difficultés, l'absence de moyens, l'Afrique avance et l'Afrique veut se faire entendre et écouter sur la scène internationale, surtout lorsqu'il s'agit de ses propres problèmes.
Q : Parlant de divergences justement, l'Afrique a du mal à mettre en place le Fonds monétaire africain. L'on s'attendait également à ce qu'une décision précise soit prise sur ce dossier lors de ce sommet. Qu'en est-il exactement ?
R : Il y a trois institutions qui ont été prévues sur le plan monétaire et qui figurent même sur notre Acte constitutif. C'est une banque centrale, un fonds monétaire africain, une banque d’investissement. La Banque d'investissement est pratiquement opérationnelle. Le Fonds monétaire, déjà le siège est à Yaoundé. Nous avons déjà les bâtiments, le personnel. Mais, c'est quelque chose qui n'est pas facile à mettre en oeuvre. Donc, nous sommes en train de voir comment mettre en oeuvre un Fonds monétaire africain. Lorsqu'on en parlait au début, les gens rigolaient. Il s’est dit il y a le Fonds monétaire international, comment on va mettre en place un Fonds monétaire africain ? Comment il va fonctionner ? Et puis on a vu qu'après la crise, l'Asie, qui n'y pensait pas du tout, en quelques années, a mis en place un fonds monétaire. Avec la crise grecque et le reste, les Européens commencent à y penser.
Q : La déclaration des chefs d'Etat dit clairement que le colonel Kadhafi ne doit pas faire partie des négociations. En revanche, le Conseil national de transition avait demandé avant le sommet que le colonel Kadhafi ne fasse pas non plus partie de l’autorité de transition. Le plan proposé ne va pas jusque-là. Est- ce que vous ne craignez pas vos propositions soient rejetées par une partie au conflit ?
R : Nous avons toujours affirmé depuis le 10 mars, c'est-à-dire bien avant le Conseil de sécurité, que la transition sera inclusive et consensuelle.
Q : Qu'est-ce qu'il y a de nouveau à Malabo, car toutes les décisions que vous avez annoncées, avaient déjà été annoncées auparavant ?
R : Non, non, nous avions une "feuille de route" qui était claire, qui parlait de cessez-le-feu, de transition inclusive et de l'objectif final qui est de mettre en place des réformes nécessaires pour répondre aux aspirations légitimes du peuple libyen à la démocratie, à la bonne gouvernance, aux droits de l' homme, à la justice, etc. Est-ce que ce qui est dit là n'est pas un objectif suffisamment clair pour que vous puissiez vous-mêmes en tirer les conclusions ? Et dans le document qui a été proposé, nous entrons dans les détails. Dans le paragraphe 1, on dit bien qu'il (le colonel Kadhafi) ne prendra pas part à ces négociations. Mais les négociations ne concernent pas que le cessez-le-feu, elles concernent la transition.
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