mardi 16 août 2011

Balkanisation de la RDC : Herman COHEN s’explique

15/08/2011

Herman COHEN - Ancien sous-secrétaire d’Etat américain aux Affaires africaines

Ce que j’ai voulu dire, c’est qu’il y a beaucoup d’influence des pays extérieurs à l’Est dans les deux Kivu, et que ces influences sont plutôt négatives que positives (...)

Dans une interview exclusive disponible sur You Tube et dont certains extraits sur la République démocratique du Congo ont été repris par le journal Le Potentiel dans son édition n°5300 du 12 août 2011, Herman Cohen, ancien sous-secrétaire d’Etat américain aux Affaires africaines vient d’écrire au Potentiel pour mieux souligner le fond de sa pensée.

L’on se souviendra que dans cette interview, parlant du Kivu, et à une question d’Abraham Luwakabwanga, Herman Cohen a déclaré qu’il avait suggéré que l’on légalise le commerce des minerais au Kivu qu’exploitent des hommes d’affaires rwandais. Il s’était exprimé en ces termes : « le Rwanda a envahi le Kivu en 1998.

Pendant six ans, il a mis en place des réseaux pour l’exploitation des minerais, surtout le coltan qui rapporte des milliards de dollars. Je pense que tout le monde trouvera son compte et la RDC percevra des impôts. J’ai proposé que le commerce des minerais soit légalisé. Mais j’ai rencontré une farouche opposition de la part des Congolais qui évoquent la question de souveraineté. Souveraineté ? Au Département d’Etat, le Kivu fait partie du Rwanda ».

Ces propos avaient suscité une sous question de la part du journaliste qui avait demandé à Herman Cohen si cette légalisation du commerce ne sous-entendait pas une légalisation de la balkanisation de la RDC. Herman Cohen avait répondu que ce serait une très mauvaise chose. Et que si jamais cette balkanisation pouvait avoir lieu, ce ne serait qu’avec l’accord de Kinshasa. Il avait cité le cas de l’Ethiopie avec l’Erythrée et du Sud-Soudan. Dans le premier cas, Addis-Abeba ne s’y était pas opposé, et dans le second, Khartoum avait aussi marqué son accord.

Comme il fallait s’y attendre, les déclarations de Herman Cohen ont suscité de vives réactions de la part des Congolais tant en RDC qu’à l’étranger. Le téléphone de la rédaction du journal Le Potentiel ne cesse de sonner depuis la publication des extraits de cette interview disponible sur You Tube. Le contraire aurait surpris.

Herman Cohen lui-même vient de réagir pour s’expliquer. Ainsi que nos lecteurs auront à le constater, l’ sous-secrétaire d’Etat américain ne dément pas ses propos, même si de façon subtile il pense à un démenti pour faire croire que ses propos ont été mal interprétés. Bien au contraire, il soutient la légalisation du commerce des minerais. Plus inquiétant encore, dans ses propositions, il ne parle pas de la République démocratique du Congo mais des «provinces du Nord et Sud-Kivu », comme si ces provinces étaient déjà autonomes. Pas un seul mot sur ce qui se dit au Département d’Etat. Qui ne dit mot consent.

Au demeurant, nous invitons nos lecteurs à se faire une idée exacte de la réaction de Herman Cohen que nous publions in extenso.

Herman J. Cohen

Washington, le 14 août 2011,

A la rédaction du journal « Le Potentiel »

Je crois que mes remarques sur le Nord et le Sud-Kivu dans votre article du 12/8/2011 ont été mal compris. Bien sûr, les provinces de l’Est du Congo sont juridiquement dans le pays souverain de la République démocratique du Congo. Personne ne peut dire le contraire, et ça doit être toujours comme ça.

Ce que j’ai voulu dire, c’est qu’il y a beaucoup d’influence des pays extérieurs à l’Est dans les deux Kivu, et que ces influences sont plutôt négatives que positives. Regardez les secteurs économique et sécuritaire pour en avoir les preuves. C’est pourquoi j’ai proposé dans mon article de décembre 2008 dans le New York Times qu’il faut établir un marché commun entre les provinces de l’Est du Congo et Rwanda, Burundi et Ouganda, pour légaliser le trafic des produits miniers et agricoles, gagner de l’argent pour le fisc congolais, et éliminer le soutien des milices illégales.

Je demande aux amis congolais de ne pas chercher midi à quatorze heures avec des débats juridiques inutiles. Il faut plutôt qu’ils cherchent des solutions sur le terrain.

[Le Potentiel]

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