mercredi 3 août 2011

Côte d’Ivoire: faut-il abdiquer face au règne de la terreur ?



des personnes exécutés dans les rues d'Abidjan

La Côte d’Ivoire a connu, ces quatre derniers mois, les plus sombres pages de son histoire. Son futur non plus ne s’annonce pas sous de meilleurs auspices. Loin de nous l’idée de jouer aux oiseaux de mauvais augure. Car à l’analyse des faits passés et récents, nous pouvons affirmer sans ambages que la Côte d’Ivoire est plongée, pour longtemps encore, dans une ère de désordre total et d’insécurité. Comme on le constate, Alassane Dramane Ouattara a recruté des personnes de tous acabits et leur a distribué des armes, pour s’arroger le pouvoir d’Etat. Ces individus sans foi, ni loi qui constituent aujourd’hui son armée, ont été déversés dans tout le pays, troublant chaque jour le sommeil des paisibles populations: on ne cessera jamais de le rappeler. Les ivoiriens vivent dans la hantise de ces innombrables armes aux mains des mercenaires et de la milice tribale d’Alassane Ouattara, pendant que celui-ci parle de développement économique. Si l’on s’accorde à dire qu’il ne peut y avoir de développement durable sans un climat réel de quiétude, une telle situation pose indéniablement le récurrent problème de l’insécurité. Que doit-on craindre alors, quand on sait que ces forces rebelles échappent complètement au contrôle de Ouattara et que ce dernier insulte les ivoiriens en niant leurs nombreux crimes ? 

En Côte d’Ivoire, il ne se passe pas un seul jour sans qu’il ne soit question d’exactions perpétrées par l’armée de Ouattara. Partout dans les villages et les villes, ses hommes sévissent sans pitié, imposant leur loi: celle de la force et de la violence. Alassane Ouattara, qu’on dit être un technocrate policé a, sans vergogne, eu recours à une bande de rebelles, de délinquants, de prisonniers évadés, de repris de justice, et de désœuvrés, pour régler un problème électoral. Même si certains éléments des forces nouvelles sont des déserteurs de l’armée régulière, le gros de la troupe ignore complètement les rudiments du métier de soldat. Ils n’ont donc aucun sens de la discipline, du respect de la hiérarchie et encore moins le sens républicain. Faut-il le rappeler, ces hommes sont placés directement sous le commandement de Soro Guillaume, le secrétaire général des forces nouvelles (ex-rebellion armée, devenue Force républicaine de Cote d’ivoire) et actuellement premier ministre d’Alassane Ouattara. Mais, comme le rapporte le magazine français La Lettre du Continent : « Alassane Ouattara et Guillaume Soro affichent une cohésion à toute épreuve devant les medias. Mais dans les coulisses de la présidence ivoirienne, les rapports entre les deux têtes de l’exécutif-duo improbable emmené par l’ancien haut responsable du Fonds monétaire international (FMI) et l’ex-leader de la rébellion des Forces nouvelles (FN) – sont empreints d’une certaine méfiance ». En effet, Soro Guillaume ne cache pas, depuis son irruption sur la scène politique, son ambition de briguer la magistrature suprême. On est alors en droit de croire qu’il ne lésinera pas sur les moyens pour réaliser son projet, y comprit instrumentaliser ses hommes. Le même magazine poursuit en révélant: «Alassane Ouattara a pris soin d’exclure les anciens commandants des ex-FN de son premier cercle. Même si Soumaïla Bakayoko et Michel Gueu ont été nommés… ». 

A cela s’ajoute l’économie parallèle que continuent d’exercer les hommes de Soro dans les zones centre-nord-ouest (CNO) de la Côte d’Ivoire: «Malgré les appelle répétés d’Alassane au chef du gouvernement pour qu’il y mette fin». Ces éléments des FRCI, eux-mêmes, le répètent à qui veut l’entendre: «Ouattara ne nous a pas donné ce qu’il nous avait promis. Alors nous nous servons partout où bon nous semble ». 

Certes Ouattara n’a aucune autorité sur son armée, mais encore, il se garde scrupuleusement de les condamner, craignant de les voir se retourner contre lui. Son attitude envers eux est tout simplement celle d’un homme qui protège son fauteuil présidentiel, au détriment du peuple qu’il est sensé protéger et défendre. Pour preuve: en visite officielle aux Etats-Unis, Alassane affirme, dans un entretien accordée à l’Associated Press (AP), ne rien savoir des exactions contre des partisans de Laurent Gbagbo dont Amnesty International et d'autres ONG accusent ses forces. Des propos qui n’ont pas manqué de susciter de l’indignation chez les ivoiriens. L’écœurement des ces derniers atteint son paroxysme lorsqu’il déclare à propos du chef de guerre Chérif Ousmane, accusé d’avoir exécuté 29 personnes: «Ça ne peut pas être vrai (...) Chérif Ousmane est l'un de nos meilleurs soldats… ». Comme on peut le voir, Ado protège ceux qui, l’ont aidé à accéder au pouvoir, il y a quelques mois. Ce n’est ni plus ni moins qu’un devoir de reconnaissance de sa part. Une telle attitude tranche naturellement avec son intension de mettre sur pied une commission d’enquête indépendante, chargé de faire la lumière sur les violations des droits de l’homme. Commission dont la partialité est déjà mise en cause par ses déclarations. Dans les milieux proches de la Présidence, il se murmure que Ouattara ne livrera jamais ses chefs de guerre. Car le risque que ceux-ci divulguent les secrets de la rébellion et en citent les vrais financiers, subsiste. Il existerait donc entre Alassane et ces chefs de guerre un accord tacite.

Conséquence: le règlement de ce désordre institutionnalisé et le désarmement de ces bandits détenant illégalement des armes, n’est pas pour demain. D’ailleurs en Côte d’Ivoire, il n’ya jamais eu de désarmement. Seulement des simulacres de désarmement. A ce sujet, un rapport d’enquête de l’ONU, étrangement dissimulé et rendu publique 7 mois plus tard, soit le 20 avril, signé de Maria Luiza Ribeiro Viotti, adressée au président du Conseil de sécurité des Nations unies, existe. Ce rapport dresse un état des lieux accablant de la situation en Côte d’Ivoire quelques semaines avant le premier tour de l’élection la plus cruciale de son histoire. S’il avait été publié avant la présidentielle, il aurait sinon entraîné son report, au moins sérieusement ébranlé les prévisions les plus optimistes quant à l’issue du second tour du 28 novembre 2010. C’est dire comment depuis longtemps, Ouattara et ses soutiens ont choisi de s’imposer aux ivoiriens par les armes.

Après avoir utilisé à son profit tous ces mercenaires et miliciens, comment se débarrasser d’eux ? Qu’à cela ne tienne ! Alassane Ouattara dit ‘’la solution’’ préfère se promener de pays en pays quémandant de l’argent et abandonnant le peuple ivoirien à son sort: c'est-à-dire dans la peur et la terreur. Il appartient dès lors, aux ivoiriens de prendre leur destin en main. Georges Mauco, un psychologue français, nous éclaire sur la réaction que peut avoir homme confronté à une telle situation: « … si la relation avec le milieu (…), loin de donner des satisfactions, déclenche des souffrances et de l’insécurité, l’être humain cherche à s’en protéger en se repliant ou au contraire, en s’opposant et en se révoltant contre le milieu ressenti comme pénible ou effrayant ». Méditons-y.

source : Marc Micaël

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