15/08/2011
Ceux et celles d’entre nous qui disposent d’un peu de temps d’étude devraient souvent être au four et au moulin. Une ONG débarque chez nous, ils cherchent à la connaître de plus près ; à connaître ses connexions, ses réseaux. Cela peut conduire à l’acquisition d’un savoir pouvant nous aider à déjouer les pièges des « philanthropes apparents ». La multiplication des soutiens des ONG dites internationales chez nous ne semble pas être un très bon signe. Savoir, savoir, encore savoir, avec beaucoup de conscience, cela est essentiel pour notre pays.
Certains de nos compatriotes en ont assez de lire des tonnes et des tonnes des textes sur le Congo (RD) pendant que la situation sur terrain se dégrade. Souvent, ce sont les mêmes compatriotes qui les embêtent avec des textes qu’ils rédigent derrière leurs ordinateurs à l’étranger, loin des compatriotes qui souffrent !
Pour ces compatriotes, il serait temps que les écrits cèdent la place aux actions concrètes.
Il se pourrait qu’ils aient raison. Il se pourrait qu’ils aient déjà compris tout ce qui se passe chez nous et qu’ils n’aient plus besoin de quelque lumière que ce soit. Ils sont alors libres de ne pas lire tous ces tonnes des textes superflus et/ou de les supprimer quand ils tombent dans leurs boîtes de réception (e-mail) tout en sachant qu’en dehors d’eux, il y en a d’autres, peut-être minoritaires, qui ont besoin d’en savoir plus sur le gouffre au fond duquel gît notre pays.
Tolérance oblige !
Il se pourrait aussi que la paresse intellectuelle et l’ignorance compliquent la tâche de décryptage de notre marche collective et fassent des « amis des choses de l’esprit » les bêtes noires de certains d’entre nous. Il n’est pas exclu que la haine de nous-mêmes nous poussent à haïr notre propre créativité spirituelle et intellectuelle. Passons…
Afrique Rédaction vient de publier un texte qui risque de passer inaperçu. Il est intitulé « Fraudes bien organisées : on s’accroche par tous les moyens ». Ce texte a un sous-titre : « La fraude électorale organisée. » Et en dessous de ce sous-titre, il y a les logos des ONG américaines USAID et IFES ainsi que celui de la Monusco. Le texte est pratiquement une confidence faite au responsable d’Afrique Rédaction. Voici la confidence :
« Où je vis, un vieux " expression utilisée pour désigner son ainé" avec un caractère trempé est passé me voir pour que je lui apporte mon aide : je devais, sur des feuilles de calcul Excel déjà imprimées, compléter les noms des gens que je connaissais et tous ceux que je pouvais trouver, mais des noms des congolais âgés de plus de 18 ans. J’ai posé la question de savoir pourquoi, il m’a dit que c’était pour une ONG qui voulait faire quelque chose de bien pour le Congo, l’IFES ; celle-ci est partenaire de l’USAID et financée par l’USAID ; j’ai vu même aux deux coins de la feuille des logos de l’IFES et de l’USAID. Et, sans hésiter, je me suis attelé à la tâche, en bon patriote ; j’ai sorti presque tous les noms que j’avais en tête, en plus j’ai ajouté d’autres qui étaient dans le journal de l’EPSP pour EXETAT. Il passait souvent les prendre après une semaine. » Et le confident du responsable d’Afrique Rédaction d’ajouter : « Un jour, pendant qu’on parlait politique, il me dira que je devais savoir la vérité ; il me dira pour terminer, qu’il était de l’UDPS, mais que devant l’argent il n’a pu résister et il pensait que le vieux de Limete n’avait pas des chances de remporter ces élections parce que J Kabila trichait déjà. J’ai demandé des explications ! En substance, il conclut que les noms que je lui avais filés avaient été utilisés pour fabriquer des cartes d’électeurs, connues seulement de la Ceni , du gouvernement et de l’IFES. Il m’explique même pourquoi les centres d’enrôlement commençaient tard et fermaient tôt, en disant qu’il n’y avait plus de cartes ou que le matériel faisait défaut ; c’était que la Ceni réservait ces cartes pour l’IFES. »
Cette confidence risque de ne pas retenir l’attention de plusieurs d’entre nous. Elle risque d’être classifiée parmi « les bobards des Congolais jaloux des succès du Raïs » aux prochaines élections.
Ceux et celles d’entre nous qui sont un peu curieux peuvent aller sur le moteur de recherche Google et taper IFES et lire certains articles sur les pays où cette ONG a déjà presté. Nous leur conseillons d’aller sur le site Internet de Michel Collon et de taper dans « Recherche » l’abréviation USAID (et/ou le NED).
En nous adonnant à cet exercice, nous nous sommes réalisé que l’IFES a travaillé avec la CEI de la Côte d’Ivoire. Elle avait aussi contribué à l’éducation de la population dans ce pays pour qu’elle accepte le résultat des élections. L’issue des élections en Côte d’Ivoire n’a pas du tout été apaisée. Que cette ONG bénéficie de l’appui financier de l’USAID, cela paraît louche.
En Amérique Latine (comme dans bien d’autres pays du monde), l’USAID et le NED ont toujours été utilisés pour « un travail silencieux de la CIA » afin de renverser les gouvernements populaires et/ou d’empêcher la chute des « amis dictateurs ». A ce sujet, il serait intéressant de lire deux articles importants sur le site de Michel Collon. (E. GOLINGER, Le travail silencieux de la CIA en Bolivie et au Venezuela) du 13 octobre 2007 et J. GINDIN, La nature de l’intervention de la CIA au Venezuela du 30 mars 2005. Dans ce dernier article, un ancien agent de la CIA , Philip Agee, se confie.)
En plus de Michel Collon, le récent livre de Noam Chomsky (Futurs proches. Liberté, indépendance et impérialisme au XXIe siècle) est éclairant sur cette question.
Après avoir fait cette lecture, il serait aussi intéressant de suivre la vidéo réalisée par Abraham Luakabuanga (avec Herman Cohen, sous-secrétaire américain aux Affaires Africaines sous Bush père). Dans cette vidéo, Herman Cohen affirme que « Joseph Kabila » va passer aux prochaines élections et qu’il n’y avait pas à se casser la tête. Il dit qu’au Département d’Etat, le Kivu appartient au Rwanda et que quand les Rwandais se sont installés dans cette partie de notre pays en 1998, ils ont créé tout un réseau de business qu’ils ne pourront pas abandonné dans la mesure où le Rwanda dépend à 50% des richesses du Congo. Il soutient que le Rwanda était (est encore) le chouchou de la communauté internationale (entendons de l’USA), etc.
C’est vrai. Il y a beaucoup de contre-vérités dans certaines affirmations d’Herman Cohen. Mais « ses confidences » mises en rapport avec celles faites à Afrique Rédaction et avec celles que livre le documentaire intitulé Le conflit au Congo. La vérité dévoilée devraient sérieusement nous interpeller tous et beaucoup plus particulièrement ceux et celles d’entre nous qui ont décidé de participer aux élections probables de novembre 2011. Ces derniers devraient davantage se convaincre que les élections ne se joueront pas dans les urnes. Le Congo est au cœur des enjeux mondiaux tellement majeurs que les grandes puissances qui y sont impliquées ne le laisseront jamais en paix. Même quand ils affirment que c’est aux Congolais(es) qu’il appartient de décider de l’avenir de leur pays. Dans ma langue vernaculaire, un adage dit : « Muntu udi ufwa mwambila » (L’être humain meurt après avoir été averti.)
Que faire ? D’abord chercher à tout moment à savoir. Oui savoir comment certaines ONG américaines opèrent. Il y a une moisson d’information sur ces questions sur le site Internet alternatif de Michel Collon. Savoir est un pouvoir. Connaissant le mode de fonctionnement de l’USAID et du NED, la Bolivie et le Venezuela ont pu déjouer plusieurs pièges. (Du moins jusqu’à ce jour. Ceux qui travaillent, à travers ces ONG, à la confection de ces pièges, le font sur plusieurs années.)
Savoir et inventer des mécanismes d’information de nos populations sur toutes ces questions. En parler avec elles.
Pour ceux et celles d’entre nous qui veulent aller aux élections, céder à la demande du contrôle partagé du fichier électoral et du serveur serait suicidaire. Même s’ils doivent finir par se convaincre que les prochaines élections sont un enjeu mineur. La lutte du renversement des rapports de force devra se poursuive. Elle n’est pas facile au vu de l’inégalité des forces en présence. Elle nous exigera beaucoup de courage, un grand esprit de persévérance et d’abnégation.
Vu les forces en présence, nous sommes tous et à tout moment, des morts en sursis.
Mais une grande soif de savoir, un grand esprit de créativité, d’imagination et d’inventivité fondés sur la responsabilisation de nos masses populaires finiront par faire du Congo un grand pays au cœur de l’Afrique. Sur le temps.
J.-P. Mbelu
Source: Roger Bongos
Ceux et celles d’entre nous qui disposent d’un peu de temps d’étude devraient souvent être au four et au moulin. Une ONG débarque chez nous, ils cherchent à la connaître de plus près ; à connaître ses connexions, ses réseaux. Cela peut conduire à l’acquisition d’un savoir pouvant nous aider à déjouer les pièges des « philanthropes apparents ». La multiplication des soutiens des ONG dites internationales chez nous ne semble pas être un très bon signe. Savoir, savoir, encore savoir, avec beaucoup de conscience, cela est essentiel pour notre pays.
Certains de nos compatriotes en ont assez de lire des tonnes et des tonnes des textes sur le Congo (RD) pendant que la situation sur terrain se dégrade. Souvent, ce sont les mêmes compatriotes qui les embêtent avec des textes qu’ils rédigent derrière leurs ordinateurs à l’étranger, loin des compatriotes qui souffrent !
Pour ces compatriotes, il serait temps que les écrits cèdent la place aux actions concrètes.
Il se pourrait qu’ils aient raison. Il se pourrait qu’ils aient déjà compris tout ce qui se passe chez nous et qu’ils n’aient plus besoin de quelque lumière que ce soit. Ils sont alors libres de ne pas lire tous ces tonnes des textes superflus et/ou de les supprimer quand ils tombent dans leurs boîtes de réception (e-mail) tout en sachant qu’en dehors d’eux, il y en a d’autres, peut-être minoritaires, qui ont besoin d’en savoir plus sur le gouffre au fond duquel gît notre pays.
Tolérance oblige !
Il se pourrait aussi que la paresse intellectuelle et l’ignorance compliquent la tâche de décryptage de notre marche collective et fassent des « amis des choses de l’esprit » les bêtes noires de certains d’entre nous. Il n’est pas exclu que la haine de nous-mêmes nous poussent à haïr notre propre créativité spirituelle et intellectuelle. Passons…
Afrique Rédaction vient de publier un texte qui risque de passer inaperçu. Il est intitulé « Fraudes bien organisées : on s’accroche par tous les moyens ». Ce texte a un sous-titre : « La fraude électorale organisée. » Et en dessous de ce sous-titre, il y a les logos des ONG américaines USAID et IFES ainsi que celui de la Monusco. Le texte est pratiquement une confidence faite au responsable d’Afrique Rédaction. Voici la confidence :
« Où je vis, un vieux " expression utilisée pour désigner son ainé" avec un caractère trempé est passé me voir pour que je lui apporte mon aide : je devais, sur des feuilles de calcul Excel déjà imprimées, compléter les noms des gens que je connaissais et tous ceux que je pouvais trouver, mais des noms des congolais âgés de plus de 18 ans. J’ai posé la question de savoir pourquoi, il m’a dit que c’était pour une ONG qui voulait faire quelque chose de bien pour le Congo, l’IFES ; celle-ci est partenaire de l’USAID et financée par l’USAID ; j’ai vu même aux deux coins de la feuille des logos de l’IFES et de l’USAID. Et, sans hésiter, je me suis attelé à la tâche, en bon patriote ; j’ai sorti presque tous les noms que j’avais en tête, en plus j’ai ajouté d’autres qui étaient dans le journal de l’EPSP pour EXETAT. Il passait souvent les prendre après une semaine. » Et le confident du responsable d’Afrique Rédaction d’ajouter : « Un jour, pendant qu’on parlait politique, il me dira que je devais savoir la vérité ; il me dira pour terminer, qu’il était de l’UDPS, mais que devant l’argent il n’a pu résister et il pensait que le vieux de Limete n’avait pas des chances de remporter ces élections parce que J Kabila trichait déjà. J’ai demandé des explications ! En substance, il conclut que les noms que je lui avais filés avaient été utilisés pour fabriquer des cartes d’électeurs, connues seulement de la Ceni , du gouvernement et de l’IFES. Il m’explique même pourquoi les centres d’enrôlement commençaient tard et fermaient tôt, en disant qu’il n’y avait plus de cartes ou que le matériel faisait défaut ; c’était que la Ceni réservait ces cartes pour l’IFES. »
Cette confidence risque de ne pas retenir l’attention de plusieurs d’entre nous. Elle risque d’être classifiée parmi « les bobards des Congolais jaloux des succès du Raïs » aux prochaines élections.
Ceux et celles d’entre nous qui sont un peu curieux peuvent aller sur le moteur de recherche Google et taper IFES et lire certains articles sur les pays où cette ONG a déjà presté. Nous leur conseillons d’aller sur le site Internet de Michel Collon et de taper dans « Recherche » l’abréviation USAID (et/ou le NED).
En nous adonnant à cet exercice, nous nous sommes réalisé que l’IFES a travaillé avec la CEI de la Côte d’Ivoire. Elle avait aussi contribué à l’éducation de la population dans ce pays pour qu’elle accepte le résultat des élections. L’issue des élections en Côte d’Ivoire n’a pas du tout été apaisée. Que cette ONG bénéficie de l’appui financier de l’USAID, cela paraît louche.
En Amérique Latine (comme dans bien d’autres pays du monde), l’USAID et le NED ont toujours été utilisés pour « un travail silencieux de la CIA » afin de renverser les gouvernements populaires et/ou d’empêcher la chute des « amis dictateurs ». A ce sujet, il serait intéressant de lire deux articles importants sur le site de Michel Collon. (E. GOLINGER, Le travail silencieux de la CIA en Bolivie et au Venezuela) du 13 octobre 2007 et J. GINDIN, La nature de l’intervention de la CIA au Venezuela du 30 mars 2005. Dans ce dernier article, un ancien agent de la CIA , Philip Agee, se confie.)
En plus de Michel Collon, le récent livre de Noam Chomsky (Futurs proches. Liberté, indépendance et impérialisme au XXIe siècle) est éclairant sur cette question.
Après avoir fait cette lecture, il serait aussi intéressant de suivre la vidéo réalisée par Abraham Luakabuanga (avec Herman Cohen, sous-secrétaire américain aux Affaires Africaines sous Bush père). Dans cette vidéo, Herman Cohen affirme que « Joseph Kabila » va passer aux prochaines élections et qu’il n’y avait pas à se casser la tête. Il dit qu’au Département d’Etat, le Kivu appartient au Rwanda et que quand les Rwandais se sont installés dans cette partie de notre pays en 1998, ils ont créé tout un réseau de business qu’ils ne pourront pas abandonné dans la mesure où le Rwanda dépend à 50% des richesses du Congo. Il soutient que le Rwanda était (est encore) le chouchou de la communauté internationale (entendons de l’USA), etc.
C’est vrai. Il y a beaucoup de contre-vérités dans certaines affirmations d’Herman Cohen. Mais « ses confidences » mises en rapport avec celles faites à Afrique Rédaction et avec celles que livre le documentaire intitulé Le conflit au Congo. La vérité dévoilée devraient sérieusement nous interpeller tous et beaucoup plus particulièrement ceux et celles d’entre nous qui ont décidé de participer aux élections probables de novembre 2011. Ces derniers devraient davantage se convaincre que les élections ne se joueront pas dans les urnes. Le Congo est au cœur des enjeux mondiaux tellement majeurs que les grandes puissances qui y sont impliquées ne le laisseront jamais en paix. Même quand ils affirment que c’est aux Congolais(es) qu’il appartient de décider de l’avenir de leur pays. Dans ma langue vernaculaire, un adage dit : « Muntu udi ufwa mwambila » (L’être humain meurt après avoir été averti.)
Que faire ? D’abord chercher à tout moment à savoir. Oui savoir comment certaines ONG américaines opèrent. Il y a une moisson d’information sur ces questions sur le site Internet alternatif de Michel Collon. Savoir est un pouvoir. Connaissant le mode de fonctionnement de l’USAID et du NED, la Bolivie et le Venezuela ont pu déjouer plusieurs pièges. (Du moins jusqu’à ce jour. Ceux qui travaillent, à travers ces ONG, à la confection de ces pièges, le font sur plusieurs années.)
Savoir et inventer des mécanismes d’information de nos populations sur toutes ces questions. En parler avec elles.
Pour ceux et celles d’entre nous qui veulent aller aux élections, céder à la demande du contrôle partagé du fichier électoral et du serveur serait suicidaire. Même s’ils doivent finir par se convaincre que les prochaines élections sont un enjeu mineur. La lutte du renversement des rapports de force devra se poursuive. Elle n’est pas facile au vu de l’inégalité des forces en présence. Elle nous exigera beaucoup de courage, un grand esprit de persévérance et d’abnégation.
Vu les forces en présence, nous sommes tous et à tout moment, des morts en sursis.
Mais une grande soif de savoir, un grand esprit de créativité, d’imagination et d’inventivité fondés sur la responsabilisation de nos masses populaires finiront par faire du Congo un grand pays au cœur de l’Afrique. Sur le temps.
J.-P. Mbelu
Source: Roger Bongos
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