
Hosni Moubarak a assisté à son procès sur une civière dans le box des accusés. (DR)
(AfriSCOOP) — La justice au pays des Pharaons a commencé à s’attaquer à un important dossier ce 3 août 2011. Celui impliquant l’ex dictateur égyptien pour « corruption et meurtre lors des manifestations anti-gouvernementales de janvier 2011 ». Le procès lui-même n’a rien d’anormal ; ce sont plutôt les conditions dans lesquelles il se déroule qui choquent. Et “donnent raison” à un certain nombre de chefs d’Etat qui préfèrent mourir au pouvoir…
Ils sont assurément en train de se donner raison. Eux, ce sont les dirigeants du continent noir qui depuis plusieurs décennies jouent au cache-cache avec l’alternance politique au sommet des Etats qu’ils chapeautent. Non pas parce qu’ils craignent l’alternance elle-même, mais parce qu’ils redoutent le sort que leur réserveront leurs compatriotes qu’ils ont aigris. D’interminables années durant.
Les Africains n’auraient-ils pas le sens de la répartie et de la mesure en matière d’organisation de procès de leurs anciens dictateurs, ou y mettent-ils trop de passions ? En tout cas, l’attachement vaille que vaille des présidents africains au pouvoir montre qu’ils ne “font pas confiance” à la justice de leur pays pour punir les forfaitures dont ils se sont rendus coupables.
Leçon pour les dictateurs africains : pas si vrai que ça !!!
Cette phobie du box des accusés par les dictateurs d’Afrique risque de se renforcer davantage, à la vue des images du tout-puissant ex raïs égyptien qui est traîné devant la justice de son pays comme un grand délinquant.
Les 800 Egyptiens qui ont perdu la vie lors de la répression début 2011 méritent que justice leur soit faite. Tout comme l’ensemble du peuple, au pays des Pharaons, doit être éclairé au sujet de l’utilisation du denier public ! Mais, doit-on rendre justice face à toutes ces forfaitures précitées en clamant haut et fort et à tue-tête que Hosni Moubarak, octogénaire et malade depuis plusieurs années, « risque la peine de la mort » ? Il y a dans le processus de jugement des dictateurs d’Afrique une certaine passion dont les Africains feraient bien de se départir le plus tôt possible.
L’héritage d’un passé dictatorial sera toujours difficile à assumer, mais les Africains gagneraient à mieux préparer l’avenir qu’à être passéistes, le plus clair du temps. M. Moubarak mérite certes des sanctions judiciaires, mais ces dernières ne doivent pas être uniquement fondées sur les chefs d’inculpation qu’on lui oppose. Pendant près de 30 ans, le téméraire Hosni a été le bâtisseur de la grande Egypte ! Rien que cela est un argument de poids qui plaide en faveur. A défaut d’humilier un octogénaire presque grabataire, la justice égyptienne pourra toujours se décharger sur ses fils ou encore les têtes d’affiche de son entourage direct. Ces derniers sont non seulement moins âgés mais aussi largement moins populaires que le grand raïs.
Ces scènes ubuesques qui entourent la comparution de Hosni Moubarak, de regrettés et plus cruels dictateurs africains comme Eyadèma Gnassingbé, Mobutu Sesseko, Lansana Conté, Omar Bongo Ondimba ne l’auraient JAMAIS supporté et accepté. Pas plus que les Robert Gabriel Mugabe, Blaise Compaore, Yoweri Museveni, Obiang Nguema, Omar El Béchir, Omar Guelleh, etc. qui ont juré, indirectement ou directement de ne pas quitter la direction de l’appareil étatique… De leur vivant.

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