lundi 22 août 2011

L’ACP, une machine de propagande du PPRD?



Siège de l’Agence congolaise de presse à Kinshasa.
Média d’Etat, l’Agence congolaise de presse (ACP) peine à s’engager dans le nouvel ordre politique proclamé dans la Constitution promulguée en février 2006. L’ACP semble éprouver du mal à rompre avec les mauvaises habitudes consistant à se mettre en dessous – et non au-dessus - des contingences politiciennes. L’actuel directeur général de cette Agence a «hérité» d’une rubrique dénommée «Le point». Ce cadre lui sert de lieu pour clamer son attachement au parti présidentiel le PPRD. Ou encore pour égratigner le personnel politique de l’opposition.
A quoi sert une agence de presse fut-elle officielle? Est-ce pour rapporter des faits et des opinions sans ajouter une «qualification» ? Est-ce pour jouer le rôle de «griot» en faisant la propagande des dirigeants au pouvoir ?

Les lecteurs du bulletin quotidien de l’Agence congolaise de presse n’ont pas manqué de parcourir, lundi 22 août, un commentaire intitulé : «Démonstration de force». L’auteur n’est autre que l’actuel «DG ad intérim» de l’ACP, Jean-Marie Vianney Longonya Okungu. Celui y donne son sentiment sur les travaux du deuxième congrès ordinaire du parti présidentiel. Le titre est déjà partisan dans un pays qui se dit «démocratique» et où le «pluralisme politique» est institutionnalisé aux termes de l’article 6 de la Constitution : «Le pluralisme politique est reconnu en République démocratique du Congo. (…). Les partis politiques concourent à l’expression du suffrage, au renforcement de la conscience nationale et à l’éducation civique (…)».

Dans son «papier», le patron ad intérim de ce service public écrit qu’en organisant du 19 au 21 août son congrès au Stade des martyrs, le PPRD «a ainsi prouvé à ses adversaires qu’il est un parti bien implanté dans la capitale et dans le Congo profond». Il évoque au passage «une atmosphère électrique» qui a, selon lui, régné avec la présence de 3.500 participants venus du quatre coins du pays et de l’étranger.

Au lieu de garder sa neutralité, Longonya s’est cru en droit de descendre dans l’arène politique pour étaler ses sentiments. Il fustige «le mythe du surhomme dont avait commencé à se targuer quelques politiciens naïfs et ou aveugles de surestimation qui mène souvent à des mirages et au désarroi lors de la vérité des urnes». Une allusion claire à certains acteurs politiques. L’auteur de poursuivre en aggravant son cas : «De notre point de vue, ce deuxième congrès du plus grand parti de la majorité remet les compteurs à zéro pour ceux des candidats qui commençaient à se leurrer des effets de masse.» Et de conclure : « Il ne faut pas délibérément préparer la contestation des résultats. Il faut préparer la victoire et savoir accepter les résultats.» «La campagne n’a fait que s’annoncer et plutôt que d’être une guerre comme beaucoup la considèrent parmi nos politiques, elle n’est qu’une compétition qui a ses règles et ses tabernacles.»

Notons que, sans surprise, le PPRD a désigné le président sortant «Joseph Kabila» comme son candidat à la prochaine élection présidentielle.

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), investi le vendredi 12 août, a du pain sur la planche pour "réhabiliter" les médias d’Etat dans leur mission de service public. Une mission qui s’accommode mal avec la partialité et l’inféodation au monde politique. L’indépendance serait-elle inconciliable avec le statut de média d’Etat? Nullement! A preuve, en France, l’Etat français est propriétaire à 100% de l’Agence France Presse. Les journalistes de l’AFP ne passent guère leur temps à exhiber la "danse du ventre" pour charmer Nicolas Sarkozy et son gouvernement. L’AFP revendique son indépendance en se limitant à recueillir les informations et à les vendre. Voilà le travail qu’on attend d’une agence de presse. D’aucuns objecteront que comparaison n’est pas raison. Sans aucun doute. Reste que l’indépendance ne se décrète pas. C’est une conquête de chaque jour.

Les médias jouent un rôle fondamental pour la démocratie. Celle-ci se trouve menacée chaque fois qu’un journaliste confond son métier avec celui d’attaché de presse ou de «conseiller en communication». Le CSAC rendra un service signalé au monde congolais de la presse et des médias en rappelant à l’ordre invitant le DG a.i de l’ACP. Il s’agit de l’inviter à supprimer la rubrique «Le Point». Cette rubrique pèche par son anachronisme. Elle fait désordre dans un Etat qui a rejeté le parti unique en s’ouvrant au pluralisme politique.
B.A.W
© Congoindépendant 2003-2011

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