mardi 16 août 2011

L'éventuelle visite de Kagamé en France provoque la colère d'anciens du Rwanda

Le ministre Alain Juppé ne devrait pas non plus le rencontrer.



La possible visite du président rwandais Paul Kagamé, qui pourrait être reçu à l'Elysée le 12 septembre, suscite l'incompréhension et la colère dans certains milieux militaires, comme l'association France-Turquoise, présidée par le général Lafourcade. Le général Didier Tauzin, auteur de "Rwanda. Je demande justice pour la France et ses soldats" (2011. Editions Jacob-Duvernet) défend des positions très proches.

Selon l'association France-Turquoise, l'accueil du président Kagamé par Nicolas Sarkozy revient pour la France à "brader l'honneur de ses soldats et à couvrir un tissu de mensonges."En effet, le régime rwandais a soutenu le dépôt de plainte auprès de la justice française accusant des militaires français de "crimes contre l'humanité et de complicité de génocide", des accusations d'une extrême gravité. En 2007, le président Kagamé affirmait que les militaires français étaient venus au Rwanda "pour tuer des Tutsis", l'ethnie minoritaire au pouvoir à laquelle il appartient.

Pour l'association France-Turquoise, "la normalisation des relations avec le Rwanda est peut-être souhaitable mais pas à n'importe quel prix". D'autant que le régime du président Kagamé fait lui aussi l'objet de graves accusations de la part des Nations Unies. Un rapport d'octobre 2010 l'accuse d'avoir massacré des centaines de milliers de personnes, une thèse défendue par le journaliste Pierre Péan.

La visite du président Kagamé provoque également des tensions au sein du gouvernement. Le ministre des affaires étrangères Alain Juppé est proche des thèses défendues par France-Turquoise. En 2010 - avant son retour au gouvernement - Alain Juppé avait ainsi exprimé son "total soutien" au général Lafourcade, comme nous le relations alors. Prétextant des contraintes de calendrier, le ministre des affaires étrangères ne devrait pas rencontrer le président rwandais lors de sa visite à Paris. La position de Juppé, proche de celle d'Hubert Védrine, est en contradiction avec celle de Bernard Kouchner, plus proche des amis du régime rwandais.

Voici ce que déclarait Alain Juppé, ministre des affaires étrangères, devant les députés de la commisison des affaires étrangères, le 4 mai dernier : "Quant au Rwanda, je distinguerai mon sentiment personnel, que je garde pour moi, et l’intérêt de la France. J’espère seulement qu’un jour la vérité historique sera faite sur ce qui s’est passé au Rwanda à partir de 1993. Un rapport du Conseil de sécurité, qui n’a pas fait l’objet d’une grande publicité jusqu’à présent, pointe les crimes commis en République démocratique du Congo. Sur un plan diplomatique, nous avons intérêt à avoir de bonnes relations avec le Rwanda et le processus amorcé par le Président de la République doit être poursuivi dans des conditions convenables. M. Kagamé a dit que je ne serais pas le bienvenu au Rwanda, et je lui ai répondu que je n’avais pas l’intention d’y aller tant que circulerait le rapport qui met en cause M. Mitterrand, M. Balladur, M. Védrine, M. de Villepin, M. Léotard, moi-même et l’armée française. Ce tissu d’inventions et de mensonges est destiné à créer un contre-feu à l’instruction judiciaire menée en France. Comme je l’ai dit devant la commission de l’Assemblée nationale présidée par M. Quilès, l’opération Turquoise est à l’honneur des militaires français qui ont sauvé des centaines de milliers de vies."

Lundi 15 Août 2011
Jean-Dominique Merchet
Source: Marianne2

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