Alassane Ouattara dans la tourmante |
La presse nationale a été alertée avant-hier mardi en fin de soirée, par une dépêche de l’Agence France Presse (Afp) sur l’hospitalisation du chef de l’Etat ivoirien en France. En dépit des assurances données par les journaux proches du régime sur ce « court passage » d’Alassane Ouattara à l’hôpital militaire de Toulon pour des « examens médicaux », des zones d’ombre subsistent sur l’état de santé du chef de l’Etat. Et relance le débat sur le danger institutionnel que fait planer ce type de situation sur la Côte d’Ivoire. Alassane Dramane Ouattara, en vacances en France depuis le 12 août dernier, « a été admis dans la matinée (du mardi 23 aout) à l’hôpital militaire Sainte-Anne (de Toulon) pour subir des examens médicaux », a-t-on appris mardi d’une dépêche de l’Afp, qui cite une « source proche du dossier ». La presse nationale s’est faite l’écho de cette hospitalisation du chef de l’Etat ivoirien en France, et chacun y est allé de son commentaire. Ainsi, les journaux pro-Ouattara, avec à leur tête Fraternité Matin, se sont montré assez rassurants sur l’état de forme de notre vacancier de chef d’Etat. « Bilan de santé annuel du chef de l’Etat, hier en France : Tout va très bien », a barré à sa Une le quotidien gouvernemental, illustrée d’une photo où Ouattara est tout sourire. « Comme il en a l’habitude chaque année, le chef de l’Etat a mis à profit son séjour privé en France, dans le cadre des vacances du gouvernement, pour faire ce check-up que son entourage qualifie de bilan de santé classique. Le bilan est très bon et le Président rentre en fin de semaine. Il est en pleine forme », a écrit hier Fraternité Matin en page 9, qui dit avoir joint au téléphone un membre du cabinet présidentiel. De son côté, la presse de l’opposition s’est voulue très circonspecte sur la santé du chef de l’Etat. Selon Notre Voie, « on lui a fait faire (à Ouattara) une biopsie pour analyser son cœur et permettre une circulation plus aisée du sang ». Au fait, Alassane Ouattara a-t-il des ennuis de santé ? Même si en l’état actuel des informations disponibles sur son passage, aussi bref soit-il, à l’hôpital militaire Sainte-Anne de Toulon, on ne peut pas répondre de façon précise à cette interrogation. Car des zones d’ombre subsistent sur l’état de santé du chef de l’Etat. En effet s’il s’agissait vraiment d’un banal check-up (contrôle) annuel de routine « comme d’habitude », pourquoi en fait-on tout un plat et tente-t-on par tous les moyens de rassurer l’opinion, au point de se fendre d’un laconique « tout va très bien », alors qu’on n’en sait rien sur le fameux bilan de santé du chef de l’Etat ? Et puis, pourquoi le chef de l’Etat fait-il son contrôle de routine de santé en France, alors qu’il y a des hôpitaux et de bons médecins dans son pays pour faire son bilan de santé ? Le danger institutionnel qui guette la Côte d’Ivoire On serait aujourd’hui à l’abri de toutes ces supputations autour de la santé d’Alassane Dramane Ouattara, si les procédures constitutionnelles de validation des candidatures à l’élection présidentielle avaient été respectées. En effet, l’article 35 de la Constitution ivoirienne du 1er août 2000 prescrit que « (…) le candidat à la Présidence de la République doit présenter un état complet de bien-être physique et mental dûment constaté par un collège de trois médecins désignés par le Conseil constitutionnel sur une liste proposée par le Conseil de l'Ordre des Médecins». Ce verrou constitutionnel a été sauté par les arrangements de Marcoussis – les signataires de cet accord ont été admis de facto à postuler pour le fauteuil présidentiel même s’ils ne remplissaient pas ces formalités –, ce qui n’a pas permis de se fixer sur « l’état complet de bien-être physique et mental » des principaux candidats à l’élection présidentielle. Cela dit, si la nouvelle de la brève hospitalisation du chef de l’Etat en France fait grand bruit aux abords de la lagune Ebrié et alimente les discussions dans les chaumières, c’est parce que les Ivoiriens sont inquiets de se retrouver dans un vide constitutionnel. En cas de grand malheur (touchons du bois) au sommet de l’Etat, la voie serait tout ouverte pour une telle aventure. En effet, aux termes de l’article 40 de la loi fondamentale – la constitution ivoirienne n’a pas encore été abrogée ni révisée ni dissoute malgré les velléités du régime d’exception instauré par Alassane Ouattara –, « en cas de vacance de la Présidence de la République par décès, démission, empêchement absolu, l'intérim du Président de la République est assuré par le Président de l'Assemblée nationale pour une période de quarante cinq jours à quatre vingt dix jours au cours de laquelle il fait procéder à l'élection du nouveau Président de la République (…). En cas de décès, de démission ou d'empêchement absolu du Président de l'Assemblée nationale, alors que survient la vacance de la République, l'intérim du Président de la République est assuré, dans les mêmes conditions, par le Premier Vice- Président de l'Assemblée Nationale ». Or, depuis la prise de pouvoir d’ Alassane Dramane Ouattara, l’Assemblée nationale a été dissoute de fait. Les députés ne siègent plus et ne perçoivent plus leurs indemnités depuis plus de quatre mois, malgré les cris d’orfraie poussés par le Président du Parlement ivoirien Mamadou Koulibaly. Et les juristes du chef de l’Etat font preuve d’un juridisme de mauvais aloi pour justifier que le mandat de l’Assemblée nationale a pris fin depuis fin 2005 par un acte pourtant illégal du défunt Groupe de travail international (Gti). Dans ces conditions, comment se ferait la succession en cas de vacance du pouvoir au sommet de l’Etat dans un pays qui serait alors sans Président et vice-président de l’Assemblée nationale ? Surtout que nulle part dans ses dispositions, la Constitution ivoirienne ne prévoit que le Premier ministre succède au Président de la République en cas d’empêchement de celui-ci. Anassé Anassé |
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jeudi 25 août 2011
Zones d’ombre autour de la santé de Ouattara
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