vendredi 18 novembre 2011

Kabila à Bunia : campagne à la "mobutienne"


Jeudi 17 novembre 2011, le jour se lève à Bunia comme d’habitude. Chacun se précipite pour rejoindre son lieu de travail. Les étudiants et élèves s’apprêtent pour aller à leurs salles de cours. La journée sera normale comme toutes les autres.

Erreur. 8 heures 30’, l’on assiste à un autre mouvement. De leurs lieux de travail respectifs, les travailleurs de Bunia sont orientés, par leurs chefs, vers un autre endroit : le site d’accueil de Joseph Kabila, candidat à la présidence.

Une sorte de jour férié est décrété par les autorités du district de l’Ituri, sur toute l’étendue de la ville de Bunia. Motif ? Le Rais arrive à Bunia pour battre sa campagne électorale. Les agents et fonctionnaires de l’Etat sont sommés à se présenter au site prévu pour l’accueil triomphal. C’est là que leurs listes d’appel devraient être dressées. Des écoles libèrent les élèves en vue de permettre aux enseignants d’être à ce « grand rendez-vous ».

Magasins, boutiques, marchés, banques et autres lieux de travail sont fermés pour la circonstance. Tout le monde doit aller accueillir le « guide ». La mobilisation doit être totale. Une manière, pour les autorités de Bunia, de « marquer les points ».Un scenario qui rappelle l’époque de la tristement célèbre dictature de Mobutu. Les oiseaux de mêmes plumages ?

A chacun de trier sa conclusion.Joseph Kabila sera, certes, accueilli avec « pompe » à Bunia mais par qui ? Par des gens forcés, parmi lesquels des travailleurs craignant de perdre leurs emplois. Trois jours auparavant, le lundi 14 novembre 2011, Etienne Tshisekedi, un autre candidat à la présidence, est passé par Bunia pour sa campagne.

Personne n’avait décrété une journée fériée. La mobilisation était spontanée et sans contrainte aucune. Les « courtisans » de Joseph Kabila vont, sans doute, se servir des images de l’accueil de Bunia à des fins propagandistes.

Des images pour la consommation extérieure sans rapport avec la réalité de Bunia. Objectif ? Prouver à la face du monde que Kabila est encore populaire à l’Est de la RDC.Ils n’ont pas tord ceux qui soutiennent que Joseph Kabila utilise les moyens de l’Etat pour sa propre propagande politique.

Obliger tout le monde à aller accueillir un candidat à la présidence ne s’éloigne pas de la dictature mobutienne qui confondait l’Etat et le parti politique. Le « olinga, olinga te oza MPR ». Comme qui dirait, Mobutu est mort, vive Mobutu.

Le pouvoir actuel en RDC continue à s’inspirer de ses méthodes. Dictatoriales soient elles. Du néo-mobutisme quoi !Quand nous couchions ces lignes les étudiants de Bunia ruminaient leur colère face à cette dérive.Triste pour la RDC.

Joska Kaninda

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