vendredi 30 décembre 2011

Le non-dit du silence des grandes puissances vis-à-vis du hold-up électoral en RDC


La période postélectorale en RDC se caractérise par une crise de légitimité des institutions de la République, notamment la Cour Suprême de Justice (CSJ), la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la communication (CSAC), etc. La cause principale de cette crise n’est rien d’autre que le hold-up électoral du 28 novembre 2011.


La volonté de la majorité du peuple congolais n’a pas été respectée par les institutions ci-haut citées. Toutes les tentatives du peuple congolais pour s’approprier le processus électoral ont été réprimées dans le sang dès le début du processus électoral. On se rappelle des tueries dans les centres d’enrôlement, la privation des certains coins de la république de bureaux d’enrôlement, de bureaux de vote, des bulletins de vote, le bourrage des urnes par les candidats de la majorité qui bénéficiaient de l’aide de la police et de l’armée, etc. Dans les endroits où le vote a eu lieu, les résultats affichés dans les bureaux de vote n’ont pas été tous pris en considération dans la compilation de l’organe organisateur des élections, en l’occurrence la CENI. Pour empêcher au peuple congolais de communiquer les résultats des bureaux de vote de tous les coins du pays, le pouvoir en place avait demandé aux compagnies de télécommunication de couper le « short message service » en sigle SMS. Plusieurs radios et télévisions proches de l’opposition sont toujours suspendues jusqu'à ce jour par le CSAC. Il en est de même de l’interdiction de tout rassemblement sur toute l’étendue du territoire national. Les recours des candidats malheureux sont jugés sans fondement avant qu’une enquête et un procès en bonne et due forme ne soient diligentés.

Pendant que les chars blindés répriment les congolais dans les villes, au Kivu et en Province Orientale, ceux qu’on appelle rebelles étrangers attaquent les populations civiles et les chassent de leurs villages. Des nouveaux conflits apparaissent tels ceux qu’on signale dans le Masisi entre éleveurs et agriculteurs, une nomenclature qui cache aux yeux du monde l’identité ethnique des adversaires. Par « éleveurs », il faut entendre « Tutsi », et par « agriculteurs » Hutu, Hunde, Nande, Nyanga). Aucune voiture blindée n’est déployée dans cette région à conflits pour ne fut-ce que protéger un seul village, un seul camp des déplacés des assauts des FDLR, LRA, ADF/NALU. Mbororo, ou pour départager « éleveurs » et « agriculteurs ».

Quand on regarde la situation dans son ensemble, on constate que tout le pays, c’est-à-dire les villes comme les villages, est sous occupation militaire et sous une guerre larvée instrumentalisée par l’ennemi qui voudrait profiter de l’instabilité de la RDC.

Les congolais sont réprimés où qu’ils se trouvent. Le conflit congolais se révèle ainsi international. Les congolais de la diaspora qui descendent dans la rue pour demander la reconnaissance de la volonté du peuple congolais sont malmenés voire mis en prison par la police belge, britannique, etc. Si les manifestations des congolais de la diaspora attirent l’attention des citoyens des pays occidentaux, on constate cependant que ces manifestations ne sont pas couvertes par les grands medias qui font l’opinion en occident. Les congolais d’Atlanta avaient, par exemple, manifesté contre le hold-up électoral en RDC pendant plusieurs heures devant le QG de CNN sans qu’un journaliste ne sorte pour prendre une image… Sur place au Congo, il n’y a pas non plus de reporters des grandes télévisions du monde pour couvrir les sorties des partisans de l’opposition politique. La mort et les funérailles du dictateur nord-coréen reçoivent plus de couverture médiatique que les manifestations en faveur de la démocratie congolaise qui semble être orphelin de père et de mère.

Les congolais perçoivent-ils le message? De toute évidence, le manque de reconnaissance internationale de deux présidents actuels de la RDC rappelle aux congolais que la démocratie congolaise est avant tout une affaire des congolais eux-mêmes. Après 51 ans d'indépendance, les congolais ne doivent plus attendre qu'on leur apporte la démocratie sur un plateau d’oré. Tous les peuples du monde ont lutté pour se libérer des rois, des reines, et des empereurs.

Autrement dit, le peuple congolais est sur la bonne route de sa libération de la dictature. La bravoure dont il a fait montre le 28 novembre 2011 ainsi que l'unité de la diaspora congolaise qui constituent la grande révélation de l'an 2011 sont deux atouts majeurs qui doivent durer dans le temps jusqu'à la libération totale de la RDC. Si l'élan constaté depuis le 28 novembre dernier s'estompe, les pêcheurs en eaux troubles continueront à instrumentaliser le régime en place pour leurs intérêts égoïstes pendant les 5 prochaines années. C’est ce qui explique le revirement de la CENI qui avait suspendu la proclamation des résultats des législatives par crainte des manif de l’opposition. Comme cette opposition donne l’air d’être intimidée par les menaces de la CPI et les chars déployés à Limete, la CENI a repris son souffle pour poursuivre et achever en beauté sa sale besogne. Les experts internationaux dont on avait annoncé l’arrivée n’étaient qu’un stratagème pour faire passer l’ouragan de la contestation de la victoire de Joseph Kabila.

Le fait qu’Etienne Tshisekedi ait passé une semaine après la prestation de son serment sans aucune action politique de grande envergure a redonné du zèle à la CENI de poursuivre la compilation des législatives sans l’aide de la communauté internationale. Autrement dit, la détermination du peuple congolais à se libérer de la dictature est entrain d’être testée. Si le peuple congolais baisse les bras aujourd’hui, la communauté internationale appuiera le régime en place quelle que soit ses allures dictatoriales. L’appui de la communauté internationale au Rwanda, Uganda, Cameroun, Yemen, etc, des pays où règnent des dictatures doit interpeller les congolais. N’eut été la bravoure du peuple tunisien et égyptien au printemps dernier, les dictateurs BENI ALI et Hosni Moubarak seraient toujours aux affaires.

Comme dit William Easterly, la démocratie électorale devient une tyrannie de la majorité quand la majorité décide de voter des lois pour abolir la démocratie, ou d’utiliser l’armée et la police pour faire taire les opposants et réprimer le peuple. On peut dire que la RDC est sous une tyrannie de la majorité depuis 2006. Le régime en place utilise arbitrairement la force légitime de l’Etat pour tuer légalement la démocratie[1]. Pour se libérer d'une nouvelle tyrannie de la majorité issue de la fraude électorale du 28 novembre 2011, le peuple congolais n’a d’autres moyens que ceux prévus dans la constitution, notamment l’article 64 selon lequel le peuple congolais a le droit de se libérer d’un régime oppressif par tous les moyens nécessaires. La vidéo ci-dessous donne des pistes d’organisation d’une résistance civile face à un pouvoir oppresseur.

Oscar MasimengoN.B- Canada
©Beni-Lubero Online

[1] Cfr. William Easterly, The White Man’s Burden, Why the west’s efforts to aid the rest have done so much ill and so little good, The Penguin Press, New York, 2006, pp120-127.

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