Exécutions sommaires, détentions arbitraires, viols, enrôlement d’enfants soldats : dans un rapport publié ce mercredi, Amnesty International détaille les violences perpétrées depuis cinq mois par "toutes les parties au conflit" malien.
Par FRANCE 24 (vidéo)Steven JAMBOT (texte)
Depuis la fin du mois de mars, le Mali s’est scindé en deux. Un putsch militaire a renversé le président Amadou Toumani Touré, le 22 mars ; les rebelles touareg d’une part, les islamistes et différents groupes armés actifs depuis la fin de janvier de l’autre, ont pris le contrôle des trois principales villes du nord du pays : Gao, Kidal et Tombouctou. Dans un rapport publié mercredi 16 mai intitulé "Mali.
Retour sur cinq mois de crise. Rébellion armée et putsch militaire", l’ONG Amnesty International expose les violations régulières des droits humains perpétrées ces derniers mois dans la région alors que sévit une pénurie alimentaire qui affecte 15 millions de personnes dans le Sahel.
Gaëtan Mootoo, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International, s’est rendu à Bamako, la capitale malienne, et dans les camps de réfugiés maliens situés au Niger pendant trois semaines. Il est l’un des auteurs du rapport et répond aux questions de FRANCE 24.
FRANCE 24 : Quelles sont aujourd'hui les conditions de vie des Maliens ?
Situation humanitaire difficile à Tombouctou (nord)
Enfin, les enlèvements, notamment par Aqmi [Al-Qaïda au Maghreb islamique, NDLR] qui détient dix otages - dont neuf occidentaux -, sont à craindre.
Un climat de peur s’est installé dans la région. De nombreux déplacés et réfugiés nous ont expliqué le bouleversement de leur quotidien imposé par le mouvement Ansar Dine : une femme ne peut plus sortir dans la rue qu’avec son mari, les hommes doivent porter un habit long et n’ont plus le droit de se raser, les débits de boissons ont été détruits.
Dans les écoles, l’enseignement du français est interrompu et remplacé par celui de l’arabe. On met fin à la mixité des classes quand on ne ferme pas complètement les établissements scolaires.
Qui sont les responsables des violences au Mali depuis cinq mois ?
G. M. : Des exactions et violations des droits de l’Homme ont été commises, et continuent à être commises, par toutes les parties impliquées au Mali.
Les nouvelles autorités maliennes tout d’abord, c’est-à-dire les militaires [au pouvoir], responsables d’arrestations arbitraires et d’exécutions extrajudiciaires à Sévaré, près de Mopti.
Malgré nos demandes, nous n’avons pu être reçus par le capitaine Sanogo [le chef de la junte responsable du coup d’État contre le président Amadou Toumani Touré, NDLR]. Nous nous sommes vu refuser l’accès au camp militaire de Kati, où sont détenus des responsables politiques hostiles à la junte.
D’autre part, des groupes armés du MNLA [Mouvement national de libération de l'Azawad, NDLR] et d’Ansar Dine ont exécuté des militaires arrêtés lors de combats.
Plusieurs témoignages nous rapportent également l’utilisation d’enfants soldats par les deux mouvements. Enfin, ma collègue guinéenne a pu recueillir de nombreux témoignages de femmes victimes de violences sexuelles.
Quelle est la situation des déplacés et des réfugiés maliens ?
G. M. : Je travaille sur le Mali pour Amnesty International depuis 25 ans et on peut dire que le pays est confronté à la plus grave crise depuis son indépendance, en 1960.
Sur le terrain, nous avons rencontré des personnes de différents milieux et de différentes zones géographiques, des déplacés à l’intérieur du Mali mais aussi des réfugiés maliens au Niger.
Concernant les déplacés à l’intérieur du Mali, on observe une chaîne de solidarité rassurante. Beaucoup de Maliens des régions du nord ont pu être logés et nourris chez des parents ou amis dans le sud.
Dans les camps de réfugiés au Niger, le HCR [Haut commissariat aux réfugiés, NDLR] essaie de ne pas être débordé et de faire parvenir de l’aide. Nous sommes allés dans quatre d'entre eux : Gaoudel, Mbaïdou et Tinfaguate, situés dans la région d'Ayorou et Mangaïze, dans la région de Ouallam.
Tous les camps ne sont pas pourvus d’accès à l’eau potable et les distributions de vivres sont mensuelles. Le HCR est également en train de négocier avec les autorités nigériennes pour éloigner les camps de la frontière malienne.
France 24
Mounia Ben Aïssa
Gaëtan Mootoo : À Bamako, la vie a repris son cours : les voitures circulent normalement et les administrations ont repris le travail. Après 20 heures, les activités sont toutefois ralenties par rapport à d’habitude.
Nous n’avons pas pu nous rendre dans le nord du Mali car les islamistes d’Ansar Dine ne tolèrent pas la présence de non-musulmans sur leurs terres. Nous risquions en plus d’exposer nos interlocuteurs à des représailles.
Par FRANCE 24 (vidéo)Steven JAMBOT (texte)
Depuis la fin du mois de mars, le Mali s’est scindé en deux. Un putsch militaire a renversé le président Amadou Toumani Touré, le 22 mars ; les rebelles touareg d’une part, les islamistes et différents groupes armés actifs depuis la fin de janvier de l’autre, ont pris le contrôle des trois principales villes du nord du pays : Gao, Kidal et Tombouctou. Dans un rapport publié mercredi 16 mai intitulé "Mali.
Retour sur cinq mois de crise. Rébellion armée et putsch militaire", l’ONG Amnesty International expose les violations régulières des droits humains perpétrées ces derniers mois dans la région alors que sévit une pénurie alimentaire qui affecte 15 millions de personnes dans le Sahel.
Gaëtan Mootoo, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International, s’est rendu à Bamako, la capitale malienne, et dans les camps de réfugiés maliens situés au Niger pendant trois semaines. Il est l’un des auteurs du rapport et répond aux questions de FRANCE 24.
FRANCE 24 : Quelles sont aujourd'hui les conditions de vie des Maliens ?
Situation humanitaire difficile à Tombouctou (nord)
Enfin, les enlèvements, notamment par Aqmi [Al-Qaïda au Maghreb islamique, NDLR] qui détient dix otages - dont neuf occidentaux -, sont à craindre.
Un climat de peur s’est installé dans la région. De nombreux déplacés et réfugiés nous ont expliqué le bouleversement de leur quotidien imposé par le mouvement Ansar Dine : une femme ne peut plus sortir dans la rue qu’avec son mari, les hommes doivent porter un habit long et n’ont plus le droit de se raser, les débits de boissons ont été détruits.
Dans les écoles, l’enseignement du français est interrompu et remplacé par celui de l’arabe. On met fin à la mixité des classes quand on ne ferme pas complètement les établissements scolaires.
Qui sont les responsables des violences au Mali depuis cinq mois ?
G. M. : Des exactions et violations des droits de l’Homme ont été commises, et continuent à être commises, par toutes les parties impliquées au Mali.
Les nouvelles autorités maliennes tout d’abord, c’est-à-dire les militaires [au pouvoir], responsables d’arrestations arbitraires et d’exécutions extrajudiciaires à Sévaré, près de Mopti.
Malgré nos demandes, nous n’avons pu être reçus par le capitaine Sanogo [le chef de la junte responsable du coup d’État contre le président Amadou Toumani Touré, NDLR]. Nous nous sommes vu refuser l’accès au camp militaire de Kati, où sont détenus des responsables politiques hostiles à la junte.
D’autre part, des groupes armés du MNLA [Mouvement national de libération de l'Azawad, NDLR] et d’Ansar Dine ont exécuté des militaires arrêtés lors de combats.
Plusieurs témoignages nous rapportent également l’utilisation d’enfants soldats par les deux mouvements. Enfin, ma collègue guinéenne a pu recueillir de nombreux témoignages de femmes victimes de violences sexuelles.
Quelle est la situation des déplacés et des réfugiés maliens ?
G. M. : Je travaille sur le Mali pour Amnesty International depuis 25 ans et on peut dire que le pays est confronté à la plus grave crise depuis son indépendance, en 1960.
Sur le terrain, nous avons rencontré des personnes de différents milieux et de différentes zones géographiques, des déplacés à l’intérieur du Mali mais aussi des réfugiés maliens au Niger.
Concernant les déplacés à l’intérieur du Mali, on observe une chaîne de solidarité rassurante. Beaucoup de Maliens des régions du nord ont pu être logés et nourris chez des parents ou amis dans le sud.
Dans les camps de réfugiés au Niger, le HCR [Haut commissariat aux réfugiés, NDLR] essaie de ne pas être débordé et de faire parvenir de l’aide. Nous sommes allés dans quatre d'entre eux : Gaoudel, Mbaïdou et Tinfaguate, situés dans la région d'Ayorou et Mangaïze, dans la région de Ouallam.
Tous les camps ne sont pas pourvus d’accès à l’eau potable et les distributions de vivres sont mensuelles. Le HCR est également en train de négocier avec les autorités nigériennes pour éloigner les camps de la frontière malienne.
France 24
Mounia Ben Aïssa
Gaëtan Mootoo : À Bamako, la vie a repris son cours : les voitures circulent normalement et les administrations ont repris le travail. Après 20 heures, les activités sont toutefois ralenties par rapport à d’habitude.
Nous n’avons pas pu nous rendre dans le nord du Mali car les islamistes d’Ansar Dine ne tolèrent pas la présence de non-musulmans sur leurs terres. Nous risquions en plus d’exposer nos interlocuteurs à des représailles.
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