lundi 23 juillet 2012

8 civils décapités à la machette et 25 disparus à MBAU, Territoire de Beni

Lundi, 23 Juillet 2012


L’accalmie constatée aux fronts des FDLR, ADF-NALU et Mai-Mai lors de la marche du M23 sur les cités de Bunagana et Rutshuru aura été de courte durée comme d’aucuns l’avaient prédit.

Cela n’est pas la première fois. Chaque fois que les Tutsi occupent le devant de la scène du conflit congolais, les FDLR disparaissent comme par un coup de baguette magique.

Chaque fois que les Tutsi échouent dans leur démarche de balkanisation du Kivu-Ituri, les FDLR, ADF/NALU et Mai-Mai refont surface sur la scène pour poursuivre dans l’impunité la plus totale leurs exactions sur les populations civiles pendant que les Tutsi distraient la nation par des pourparlers et des sommets de paix pour gagner du temps.

Avec le retour en force des FDLR, ADF/NALU, Mai-Mai depuis le sommet d’Addis-Abeba, il n’est pas impossible d’assister dans les prochains jours à un énième dialogue et partage du pouvoir entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23.

Les faits macabres et leurs méthodes d’exécution souvent attribués à la trilogie FDLR-ADF/NALU-MAI-MAI sont de retour. A titre d’exemple, le 10 juillet dernier, à 10h00 à MAPOBU, une localité située à environ 14 km au nord-est d’OICHA, Chef-lieu du Territoire de Beni, 8 corps décapités à la machette ont été retrouvés dans un champ. Ces corps sont identifiés comme étant ceux des personnes suivantes :

1. MUHINDO KAKOTI (habitant d’Oïcha/Tenambo),

2. KITSUKU (habitant de la localité Kamakombu, à 2km de Mapobu),

3. KAHUNGA (habitant de la localité Kamakombu, à 2km de Mapobu)

4. PAPYCHO KIVONGWERE (du Quartier Nzanza d’Oïcha),

5. BEKERE MUNGELE (du Quartier Mambabeka/Oïcha),

6. KAMBALE KAGHOMA (du Quartier Mambabeka/Oïcha)

7. TATE SIKU (du village de Kokola, à 1km-est de Mapobu, sur l’axe Oïcha-Eringeti).

8. MANENO (du village Kokola à 1km –Est de Mapobu, sur l’axe-Oïcha- Eringeti).

A ces victimes, il faut ajouter 25 habitants de la même localité qui sont portés disparus.

En territoire de Rutshuru, la société civile du Nord-Kivu rapporte que 4 personnes d’une même famille ont été abattues dans la nuit de jeudi au vendredi 20 juillet 2012.

Un groupe des bandits armés soupçonnés être du M23 selon la société civile et de Fardc selon la Huitième Région Militaire, s’étaient introduits au domicile d’une famille à KIRINGA dans le faubourg de la cité de RUTSHURU en Groupement de BUSANZA, pour abattre sur le champ 4 membres de la famille et blesser grièvement deux autres.

La recrudescence des massacres des populations civiles, lesquels sont attribués aux FDLR, MAI-MAI et ADF/NALU fait dire à bien d’observateurs que la rencontre d’Addis-Abeba où les rebelles du M23 étaient condamnées comme forces négatives, a ramené le conflit congolais à la situation d’avant avril 2012, date de l’apparition des rebelles pro-rwandais du M23.

Selon les fuites du Sommet d’Addis-Abeba, le Président ougandais Yoweri Museveni appelé à la rescousse par son frère Hima Paul Kagame du Rwanda aurait réussi à centrer le débat plus sur les FDLR que sur le M23. C’est ainsi que depuis Addis-Abeba, les FDLR, ADF/NALU et les Mai-Mai (cas de Rai-Mutomboki) sont de nouveau à la une.

En effet, l’alibi des FDLR et des ADF/NALU a réussi depuis 1996 à camoufler dans l’opinion internationale la guerre d’agression, d’occupation, et d’exploitation minière de la R.D.C. par le Rwanda et l’Ouganda. De toute évidence, l’alibi des FDLR qui sont des citoyens Hutu rwandais n’aide pas à avancer la cause de la balkanisation du Kivu-Ituri par une colonie de peuplement.

C’est pourquoi les tenants de la cause de la balkanisation ont toujours tenté de recourir à la thèse de la minorité Tutsi de la RDC qui serait menacée de disparition tantôt par les FDLR et tantôt par les tribus congolaises.

Cette thèse n’a jamais tenu debout non plus car la seule fois que les Tutsi étaient menacés au Kivu entre 1994 et 1996, ce n’était par les congolais mais par les réfugiés Hutu Rwandais. Ainsi, le pretexte de la menace contre la Communautéme rwando-rwandais dont le clef de la solution se trouve non en RDC mais au Rwanda.

Pour les Tutsi congolais vivent en paix en RDC, il faut que les FDLR soient rapatriés dans leur pays, le Rwanda. Le pacifisme des congolais envers les Hutu et les Tutsi n’a jamais permis de les opposer par un conflit ethnique sanglant pouvant offrir au Rwanda un prétexte officiel de sa grande guerre d'occupation qui peine à se matérialiser depuis une dizaine d'années.

Bref, les deux alibis de la menace FDLR et de la Communauté Tutsi en danger d’extermination, ne sont pas solides pour servir de fondement à guerre de la balkanisation du Kivu-Ituri au profit des rwandophones.

Mais les balkanisateurs ne semblent pas fatigués d’essayer de forcer les choses car les enjeux économiques de cette balkanisation sont immenses.

Après le sommet d’Addis-Abeba où FDLR, ADF/NALU, et Mai-Mai ont été remis au-devant de la scène, on constate sur terrain au Nord-Kivu la résurgence des massacres des populations qui avaient diminué d’intensité pendant la marche du M23 sur Bunagana et sur Rutshuru.

Des montages grossiers réapparaissent de nouveau et sont véhiculés par les medias proches de balkanisateurs.

Nous en donnons deux exemples :
A propos du Territoire de Rutshuru, le site internet de la radio onusienne OKAPI ainsi que SYFIA Grands-Lacs ont diffusé une histoire abracadabrante selon laquelle dans la localité de BWITO les habitants payaient une taxe aux FDLR pour leur sécurité et que depuis lors ces habitants se sentaient plus en insécurité sous les FDLR que sous les Fardc.

Pour forcer la thèse des FDLR capables de sécuriser les populations mieux que les Fardc, un nom d’un major FDLR ‘’RUBAHIZA’’ a été cité avec comme actif une libération au mois d’avril dernier d’un européen employé de Médecins sans Frontières.

Le décor du retour en force des FDLR est donc planté depuis le sommet d’Addis-Abeba. La dépêche oubliait de dire que la localité de BWITO a accueilli plusieurs retournés du Rwanda. Or, selon, les experts de l’ONU, les FDLR déployés actuellement au Kivu-Ituri sont aussi des retournés du Rwanda.

En effet, rappellent les experts de l’ONU, les FDLR que la Monuc/Monusco rapatriait de la RDC vers le Rwanda comme forces négatives réclamées par Kigali pour répondre de leurs crimes devant la justice rwandaise, allaient subir une formation militaire au Rwanda avant d’être renvoyés en RDC pour des activités criminelles au bénéfice du Rwanda.

On peut ainsi comprendre pourquoi les retournés du Rwanda, civils et militaires de Bwito se sentent plus en sécurité entre eux. Cette histoire de Bwito apparait ainsi comme une bouteille lancée en mer pour voir combien d’eau elle prendrait!

Heureusement que les congolais savent déjà que l’ennemi voudrait les jeter entre les mains de leurs bourreaux raison pour laquelle il n’y a pas d’intervention militaire de grande envergure en leur faveur.

Un autre exemple du retour à la case de départ a été diffusé par la presse onusienne OKAPI et repris par BBC et la Voix de l’Amérique, trois oiseaux de même plumage qui soufflent du chaud et du froid dans leur traitement du conflit congolais. Il s’agit de l’évacuation vers Goma de 48 Hutu rwandais victimes d’atrocités des Mai-Mai de Raia Mutomboki qui les aurait ciblées à cause de leur appartenance ethnique.

Or selon plusieurs sources locales, les Mai-Mai de Rai-Mutomboki comme ceux de la Kakule Lafontaine sont des marionnettes du M23. Plusieurs éléments de ces groupes Mai-Mai sont des anciens du CNDP qui lors de la cascade de défections d’avril dernier avaient pris le chemin des maquis Mai-Mai au lieu de rejoindre les rebelles du M23 à Runyonyi en Territoire de Rutshuru.

Ainsi par exemple, le colonel Kahasha qui avait fui Eringeti en Territoire de Beni avait rejoint Lafontaine dans son maquis de Bunyatenge. Toutes les actions militaires de ces Mai-Mai sont donc une diversion du M23 et elles auraient comme but de donner une image d’une province du Nord-Kivu ingouvernable, repaire des bandes armées qui seraient une menace aux rwandais.

L’autre conséquence du recadrage du conflit congolais à d’Addis-Abeba, c’est le retour des ADF/NALU en Territoire de Beni. Pendant la marche du M23 sur Bunagana et Rutshuru, la société civile de Beni avait signalée la présence de l’armée ougandaise autour du Massif du Rwenzori, un emplacement où les vrais ADF/NALU avaient opéré jusqu’à décembre 1996, date de leur démantèlement par la coalition armée de l’AFDL et alliés.

Après le recadrage d’Addis-Abeba, les troupes de l’UPDF sont portées disparues pour laisser la place de nouveau aux ADF-/ALU. La vérité est que ceux qu’on appelle aujourd’hui ADF/NALU sont des militaires rwandais et ougandais qui participent aux côtés du M23-CNDP à la guerre d’occupation et de balkanisation de la RDC.

Pour faire de nouveau avaler le mensonge du retour des ADF/NALU en Territoire de Beni au peuple congolais, 8 civils ont été massacrés et décapités à la machette dans leurs champs, et 25 autres sont portés disparus. Comme du temps des Opérations Ruwenzori contre les ADF/NALU, des opérations militaires qui avaient accouché d’une souris, les militaires Fardc déployés en territoire de Beni se disent impuissants devant les ADF/NALU, au point qu’ils ne peuvent pas aider les familles éprouvées à récupérer les corps des victimes du lieu du crime pour leur offrir des sépultures dignes.

Les zones rouges occupées par les soi-disant ADF/NALU sont ainsi inaccessibles aussi bien à la population qu’aux militaires congolais. Selon le Président de la Société Civile de Beni-Territoire, les paroisses de Mbau, Oïcha et Eringeti ont fermé plusieurs secteurs situés en ces zones réoccupées par les soi-disant ADF/NALU.

C’est le cas du secteur de TOTOLITO en Paroisse de Mbau. L’impuissance des Fardc devant les ADF/NALU a comme but de préparer la population locale à s’abandonner un jour entre les mains de ses bourreaux. Mais la résilience du peuple congolais fait qu’il continue de résister en dépit des atrocités.

La leçon à tirer de faits ci-dessus est que le conflit congolais parait insoluble parce qu'il est fait d'une montagne des mensonges et que les médiateurs auto-proclamés sont aussi des protagonistes. Comme l'a dit récemment un journaliste kenyan, les sommets de paix sur la RDC ressemblent à des rencontres convoquées par les cambrioleurs du quartier pour traiter de la sécurité du même quartier.

Depuis 1996, plusieurs organisations internationales se disent concernées par la déterioration des conditions de vie en RDC mais en coulisses, elles financent les tueurs des congolais. On peut comparer leurs soucis aux larmes du malfaiteur qui prend plaisir à lire l'oraison funèbre de sa victime.

De toute évidence, le peuple congolais demeure à la fois la victime et la cible privilégiée du conflit. La violence inouïe contre le peupe congolais ne s’explique que par le projet d’exploitation des richesses minières enfouies sous ses villages et ses champs d’où il est pourchassé et le projet du Rwanda de profiter du soutien lui accordé par les multinationales pour peupler les villages abandonnés par des rwandais qui lui sont fidèles.

Tout le reste n’est que propagande. Ces deux projets machiavéliques se matérialisent sur terrain grâce à plusieurs complicités locales, nationales et internationales. Dans sa démarche de paix, le peuple congolais doit se rappeler de cette duplicité de ceux qui lui promettent la paix tout en travaillant activement à son malheur.

Maintenant que les Eglises viennent de se rendre compte de cette duplicité qui retarde la résolution du conflit congolais, le vœu de plusieurs observateurs est qu’elles constituent une plateforme d’où on pourra enfin traiter le conflit congolais pour ce qu’il est réellement ( une guerre économique d'agression, d'exploitation minière et d'occupation territoriale) et non comme ce que l’ennemi voudrait qu’il fut (un conflit ethnique, un manque de démocratie).



La leçon de l'échec de la médiation internationale en RDC est que les congolais se libèrerons eux-mêmes. Ils peuvent faire appel à leurs amis et alliés mais toute force internationale sur laquelle ils n’auront aucune emprise ne peut apporter la solution escomptée.

Les Eglises ont déjà annoncé des actions de mobilisation de grande envergure contre la balkanisation de la RDC. Ces actions porteront le fruit escompté si elles mettent le congolais au centre de leur stratégie à la fois comme acteur et bénéficiaire.

Que le peuple congolais tout entier s’approprie cette démarche des Eglises et qu'il la gère collégialement pour la garder contre toute récupération par l’ennemi comme c'est le cas de plusieurs plateformes politiques et civiles.

©Beni-Lubero Online

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