Jeudi, 12 Juillet 2012
Le député national Antipas Mbusa Nyamwisi est cité par la rumeur, depuis le dernier week-end, comme la nouvelle « autorité morale » du M.23 (Mouvement du 23 mars 2009), la rébellion entièrement rwandaise qui sème mort et désolation au Nord-Kivu voici deux mois.
Ancien cadre du RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie), ministre honoraire des Affaires Etrangères, de la Coopération Régionale et de Décentralisation, candidat malheureux à l’élection présidentielle en 2006 et 2011, président en exercice du RCD-K-ML (Rassemblement Congolais pour la Démocratie -Kisangani-Mouvement de Libération), l’homme traîne un passé multiforme : homme à tout faire de son défunt frère Enoch Nyamwisi Muvingi sous le régime de Mobutu, seigneur de guerre de 1998 à 2003, dignitaire du Régime 1+4 de 2003 à 2006, membre de l’Alliance de la Majorité Présidentielle de 2006 à 2011, opposant depuis son limogeage du gouvernement en 2011.
L’annonce de son présumé parachutage à la tête du M.23 n’a toujours pas été confirmée, près d’une semaine après le démarrage des spéculations les plus diverses à ce sujet. Le Phare a tenté, mais sans succès, d’entrer en contact avec l’intéressé ou d’obtenir une réaction de son entourage. L’unique information livrée au quotidien de l’avenue Lukusa est qu’Antipas Mbusa séjournerait en Afrique du Sud.
Selon notre source, il ne se trouverait ni à Kigali, ni à Kampala, comme indiqué dans certains tabloïds de Kinshasa.
Compte tenu de la rumeur qui ne fait qu’enfler, le souhait des observateurs est que cette personnalité politique, qui n’ignore certainement pas ce qui se raconte à son sujet à Kinshasa comme dans le Congo profond, sorte de son silence. Le plus tôt serait le mieux. L’opinion congolaise a besoin d’être rapidement fixée sur les relations, vraies ou supposées, de Mbusa avec le M. 23.
En attendant les précisions de nature à mieux éclairer ce ténébreux dossier, le président national du RCD-K-ML bénéficie du doute.
Celui-ci tient premièrement au fait que ce dernier a toujours été présenté comme un proche du régime de Kampala. L’on se demande si le M.23, un mouvement rebelle composé d’officiers et militaires rwandais soutenus par Paul Kagame, pourrait accepter d’être piloté par un pion dé Yoweri Museveni.
Si tel est le cas, ce serait la confirmation des nouvelles en provenance du Parlement ougandais, où Museveni est soupçonné d’avoir conclu une alliance contre nature avec l’homme fort de Kigali, en envoyant ses troupes au Nord-Kivu, en soutien au M.23. Une alliance ougando-rwandaise pour mettre de nouveau à genoux le grand Congo ne serait pas une surprise. On l’avait déjà vécue en 1996-1997.
Le second paramètre concerne les relations conflictuelles entre l’ethnie Nande, dont est issue Mbusa Nyamwisi, et les infiltrés rwandais qui se font passer, depuis l’époque de l’AFDL (1996-1997) pour des Tutsi congolais. Beaucoup voient mal un Nande prendre la tête d’une rébellion ne regroupant que des sujets rwandais.
Le troisième facteur de doute est à chercher dans le nationalisme pur et dur dont s’est toujours réclamé Mbusa, enregistré comme l’un des tout premiers ex-belligérants à adhérer au schéma du Dialogue Intercongolais et de la réunification entre les ex-rébellions et l’ex-pouvoir de Kinshasa, en 2002.
Quatrième interrogation : même si l’on a déjà tout vu dans ce pays et vécu les alliances les plus inimaginables, Mbusa serait-il le nouveau joker de Kagame pour « congoliser » une rébellion montée de toutes pièces ?
On sait qu’entre 1996 et 1997, c’est Mzee Laurent Désiré Kabila qui avait « couvert » l’agression du Rwanda contre l’ex-Zaïre en prenant la tête de l’AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo).
Entre 1998 et 2003, la seconde agression du pays de Paul Kagame contre le Congo démocratique était « congolisée » successivement par Wamba dia Wamba, Arthur Z’Ahidi Ngoma, Emile Ilunga et Adolphe Onusumba, sous le label du RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie).
Le bâtonnier Mbuyi Mbiye traqué
Ce que l’on craignait depuis un certain temps, à savoir la chasse aux sorcières à Kinshasa à la suite de la guerre de l’Est, est en train de se produire. Alors que la patrie connaît des moment très difficiles et a besoin de toutes ses forces vives pour faire face à la nouvelle tentative de remise en cause, par le Rwanda, de sa souveraineté, de son intégrité territoriale, de son droit à la paix, à la stabilité politique et à la libre jouissance de ses ressources naturelles, de faux patriotes se livrent à la sale besogne de sape de notre « Union sacrée ».
En marge de la vraie-fausse affaire Mbusa, on vient d’enregistrer une autre, sans tête ni queue.
Aussi bizarre que cela puisse paraître, une lettre ouverte en circulation à travers la capitale donne le bâtonnier Mbuyi Mbiye, un praticien du droit bien connu de la place, pour le cerveau moteur de la rébellion du M.23. Une cabale cousue de fil blanc le peint comme l’homme orchestre par qui passerait le régime de Kigali pour déstabiliser les institutions de la République Démocratique du Congo.
Il est malsain de voir des individus chercher à transformer la guerre du Nord-Kivu en fond de commerce à Kinshasa. En cette période où des milliers de compatriotes sont tués, torturés, violés, pillés par des soldats rwandais du M23, le pays a-t-il vraiment besoin de nouveaux martyrs ?
Si la guerre de l’Est se transforme en occasion de règlements des comptes politiques ou professionnels, la RDC risque de ne pas réussir la mobilisation générale indispensable à la résistance contre les ennemis de sa paix.
Kimp
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