vendredi 20 juillet 2012

Dans l’est de la RDC, le retour des exactions

le 20 juillet 2012.


Dans l’est de la République démocratique du Congo, les civils sont une nouvelle fois les victimes des combats entre groupes rebelles et forces gouvernementales.

Les paysans vaquaient à leur occupation lorsqu’ils ont entendu des tirs d’armes automatiques entre des rebelles et les forces gouvernementales de la République démocratique du Congo. Tous ont cherché refuge à l’intérieur des maisons. Une fillette n’a pas couru assez vite. Une balle perdue lui a traversé la cuisse.

Autre lieu, autre drame. Des hommes en armes se partageaient le fruit de leur racket à la lisière d’un village. Une dispute a éclaté entre eux. Un cultivateur a reçu des coups de machette dans la confusion. Il a perdu une oreille, une partie du nez, et a dû être amputé de la main gauche.

Ces récits ont été recueillis auprès de patients soignés par les équipes de Médecins sans frontières à l’hôpital de Rutshuru, une localité du Nord-Kivu. Cette province de l’est de la République démocratique du Congo a vu ressurgir le spectre de la guerre en avril dernier, lorsque des insurgés commandés par Bosco Ntaganda ont déserté les rangs de l’armée régulière (FARDC). 

Dans les semaines suivantes, les rebelles ont obtenu plusieurs succès contre les forces gouvernementales. Ils ont même réussi à s’emparer de la ville de Rutshuru, avant de se retirer sans combattre.

Au fil des jours, le conflit s’est enlisé et la population en paie le prix. L’insécurité qui existait déjà avant le conflit frappe quotidiennement les civils. « Occupés par la rébellion, les militaires ne quadrillent plus les campagnes, rapporte un témoin sur place. Le chaos favorise le banditisme. Les villages sont pillés. 

Les agressions se multiplient sur les routes. Des enfants sont enlevés et rendus contre rançon. Il faut payer un droit de passage aux barrages tenus par la rébellion du M23. C’est le règne du racket organisé. »

«ÉNIÈME ÉPISODE LA GUERRE POUR LE CONTRÔLE DES MINERAIS»

Les combats entraînent leurs lots habituels de familles déplacées. « Les gens fuient de village en village », raconte le P. Justin Nkunzi, directeur de la commission diocésaine Justice et Paix de l’archidiocèse de Bukavu. Le prêtre s’inquiète de voir l’économie déstabilisée après quatre ans de paix. 

La région se remet à peine d’un long conflit dévastateur entre différentes factions rebelles. « La population est gagnée par une immense lassitude,poursuit le P. Nkunzi. Les habitants recommençaient à cultiver leurs parcelles, améliorer leurs maisons, et les voilà à nouveau à genoux. »

De la lassitude à la colère, il n’y a qu’un pas. Les violences exacerbent les tensions ethniques malgré les messages répétés des Églises en faveur de l’apaisement. Dans les rues de Goma, la grande ville de l’est, des membres de la communauté tutsie ont été pris à partie ou molesté par des individus en civil. On leur reproche de soutenir le M23, composé en majorité de Tutsis recrutés, entraînés et armés par le Rwanda voisin.

« Par calcul politique, certains alimentent les tensions ethniques, s’inquiète le P. Nkunzi. Il s’agit d’un jeu très dangereux. Le conflit actuel est un énième épisode la guerre pour le contrôle des minerais auquel se livrent les groupes armés à la solde du Rwanda ou de Kinshasa. La communauté internationale doit faire pression sur ces deux pays en menaçant de couper son aide économique. »

OLIVIER TALLÈS
Direct.cd

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