dimanche 22 juillet 2012

Kinshasa Est : Evangile selon st Embouteillage



Cinq kilomètres à pieds ça use, ça use, cinq kilomètres à pieds ça use les talons, chantions-nous en chœur quand nous étions gosses et à l’école métropolitaine…

Une bonne quarantaine d’années après, c’est –à-dire aujourd’hui, les habitants de la contrée Est de la capitale, du district de la Tshangu pour être précis apprennent à scander dans la méditation et à vivre au quotidien des nouveaux versets contenus semble-t-il dans ’’ l’évangile selon saint Embouteillage’’.

En effet, à Masina, Kimbanseke et N’djili notamment, la marche est devenue un sport obligatoire, imposé par les embouteillages consécutifs aux travaux d’entretien et d’aménagement sinon de construction effectués par les entreprises chinoises sur le boulevard Lumumba.

A partir de 7heures trente les engins chinois sont à pieds d’œuvre. Ils remblayent, raclent, asphaltent tout à la fois laissant des couloirs bordés des blocs de béton aux automobilistes et aux piétons. Les premiers, cités s’y engagent dans un tohu-bohu indescriptible.

Souvent s’engouffrent dans les deux ou trois bandes et roulent dans le même sens. Ils empêchent ainsi ceux de l’autre sens d’évoluer et provoquent des bouchons. Tout se gâte à cet instant et quand piétons et motocyclistes se mêlent dans la danse le chaos devient total.

On passe une, deux voir même trois heures à tourner en bourriques et à se regarder comme des cinglés ne sachant trop à quel saint se vouer. Les embouteillages commencent généralement à l’orée du quartier 12 quand on vient de l’aéroport de N’djili et on se dirige vers la ville.

Les chauffeurs de taxis ou mini bus surexcités et trop pressés dévient à gauche ou à droite, tentent de contourner la longue file de véhicules immobilisés devant eux pour déboucher soit au quartier 8, soit sur la route Abattoir ou Congo SEP.

Les plus chanceux sont généralement ceux qui virent directement à droite après la station service sur la rue qui longe le marché de la Liberté, passent par la paroisse Cœur Immaculé de Marie, côtoie la clôture de la concession Congo SEP, débouchent sur la grande avenue Abattoir pour joindre enfin le boulevard Lumumba. Cette boucle à travers les entrailles de Masina vous prend exactement 45 minutes contre deux ou trois heures pour ceux qui ont choisi les encombrantes ruelles de N’djili.

Ainsi chaque matin les habitants de N’djili, Masina ou Kimbanseke qui veulent aller au delà de la rivière N’djili ou du pont Matete se résignent à faire le pied pour aller attendre un transport à l’arrêt Abattoir.

D’ailleurs le matin tous les taxis et taxis-bus ne desservent que le tronçon Kingasani-Bitabe ou à la rigueur Kingasani-Quartier 1. Le voyage retour est aussi douloureux que celui de l’aller. De la ville les taximen ne hèlent que les clients qui débarquent au quartier des Marais. Le reste du tronçon s’effectue naturellement qu’à pied.

Moralité, il vaut mieux se chausser d’une paire de pantoufles pour faciliter la marche pédestre quotidienne.

Dans notre prochaine livraison nous plancherons sur les deux styles de travail Chinois et Japonais. Nous évoquerons aussi le rôle des policiers de roulage, l’éducation et la conduite des chauffeurs sur les artères de Kinshasa.

Fernand Mukaku Lalabi-Muke
Groupe@venir

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