RD CONGO
20-07-2012
Sans protection de l'armée congolaise ni de la Monusco, des habitants du nord du territoire de Rutshuru au Nord-Kivu, payent des FDLR pour assurer leur sécurité.
Depuis le déclenchement des hostilités entre l’armée congolaise et les rebelles du M23, les habitants de Bwito, dans le territoire de Rutshuru, non loin de Goma au Nord Kivu, font de plus en plus souvent appel aux Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) pour assurer leur protection contre les bandes armées.
L’insécurité s’est installée dans la localité avec le départ des militaires des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) vers la frontière avec le Rwanda. Face à cette situation, les habitants ont "négocié" avec les FDLR. Le tarif : 60$ par mois pour les commerçants et 1000 FC (un peu plus d’1$) par ménage, à payer d'avance.
"Au mois d’avril dernier, les bandits ont kidnappé un ressortissant européen, employé de Médecins sans Frontières. C’est le chef coutumier lui-même qui a fait appel au FDLR du major Rubahiza pour le libérer", confie sous anonymat un notable de la chefferie, dont le récit est confirmé par la Section des Affaires civiles de la Monusco.
C’est au cours de la réunion qui a donné lieu à cette intervention que le système de protection a été négocié avec le major Rubahiza, commandant des FDLR de la région de Nyanzale. "Nous ne pouvions pas rester inactifs", ajoute timidement le notable, pour justifier l’importance de cet accord.
L’accalmie est de retour à Bwito, même s’il est difficile de faire la part des choses entre les contributions volontaires et les paiements forcés.
Une entente contre nature
Difficile aussi pour certains de croire en une quelconque entente entre des populations civiles et les FDLR, considérées par beaucoup comme d’horribles terroristes sanguinaires. Mais "ce n’est pas parce que cela ne devrait pas exister que cela n’existe pas", commente un analyste.
Depuis la nouvelle rébellion dans le Nord Kivu et avec l’arrivée des civils armés qui se distinguent par les pillages, les viols et les tueries, les populations ne font plus un secret de leur accord avec les FDLR. Des chauffeurs de camion avouent être en contact avec certains de leurs membres pour éviter que leurs véhicules soient dévalisés.
Une autre raison qui renforce les préoccupations des populations quant à la situation sécuritaire dans la province, c’est la perte de crédibilité de la Monusco, alors que l’Est de la RD Congo est toujours en proie à de violents combats entre l’armée et le M23.
En attendant, dans ces localités de l’est de la RD Congo, la présence des policiers ne rassure pas plus que cela et il n’y a plus de militaires pour assurer la sécurité des habitants qui préfèrent cotiser pour assurer leur protection par des groupes armés.
Taylor Toeka Kakala
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