lundi 24 septembre 2012

Le Congo....


Un conflit à la frontière d'un pays n'est jamais seul. Il est souvent le fruit de mauvaises relations entre deux pays et aussi de la mauvaise gouvernance.

Les conflits aux frontières en Afrique résultent aussi du mauvais partage des colonies lors de la conférence de Berlin de 1885 après l'incident de Fachoda entre les Anglais et les Français. Le tracé sur une carte de nouveaux pays a séparé des peuples ayant les mêmes origines.

Dans d'autres endroits, des royaumes rivaux ont été mis dans un même pays sans qu'ils soient réconciliés. De grands pays comme le Congo ont été taillés selon les intérêts des puissances sans se soucier de l'administration future de ces pays.

Un pays comme le Congo ne pouvait se gérer que quand les Belges colonisaient le Burundi et le Rwanda.
Ce qui a été acquis après la défaite des Allemands en 1917.

L'économie de la région de Kivu était plus tournée vers le Burundi et le Rwanda que vers Kinshasa en raison de la distance. Les marchandises importées au Kivu passent par le Rwanda. La vente des produits vivriers de Kivu se fait en grande partie à Bujumbura et à Kigali.

Kivu, une région instable

Le Kivu est instable depuis les années 1960. Cette région a rarement admis le pouvoir de Kinshasa malgré l'autonomie accordée à certains royaumes. La rébellion des années 60 a été mâtée par la jeune armée burundaise sur demande du Président Mobutu.

La première guerre du Congo pour renverser Mobutu est parti de l'Est avec la participation du Rwanda, Burundi et Ouganda. Ces pays soutenaient le rebelle Kabila qui revenait après plus de 30 ans d'oubli. Il avait organisé une rébellion dans le Kivu avec la participation rapide de l'Argentin cubain le Ché Guevara.

La deuxième guerre du Congo contre Kabila qui venait de chasser l'armée rwandaise de Kinshasa a démarré à l'Est. Le CNDP de Nkunda a commencé dans le Kivu aussi.

Le M23 reprend la guerre au Kivu aussi. La région de Katanga s'est stabilisée après deux révoltes du temps de Mobutu vite mâtées par des armées étrangères.

Un pays incapable de se défendre avec son armée.

Le Congo est un pays très particulier. Il est riche en ressources minières mais n'arrive pas à payer ses fonctionnaires. C'est un pays peuplé mais qui ne peut pas organiser son armée pour se défendre.

Jamais l'armée congolaise n'a gagné une guerre contre une rébellion interne. Ce pays fait appel à ses amis quand il est attaqué. Contre le M23, il a demandé une intervention des Angolais mais le Président Museveni de l'Ouganda a pu les dissuader.

Aujourd'hui, cette armée se fait ridiculiser par la rébellion du M23 dont certains pensent qu'elle est soutenue par le Rwanda. Selon la logique élémentaire, un petit pays comme le Rwanda, pauvre en ressources minières, ne pourrait pas disposer d'une armée capable d'inquiéter le Congo.

Pour le moment, certains parlent de soutien et rarement de participation directe d'une armée régulière.

Un général congolais à Kinshasa s'étonnait de l'esprit va-t-en en guerre des pays de l'Est du Congo. Il expliquait que les Congolais n'aimaient pas la guerre. Il avait raison, les militaires congolais ne sont pas préparés à des guerres.

Depuis 1994, les militaires burundais et rwandais sont souvent sur les théâtres d'opération et sont aguerris.

Le Congo n'a pas pu former une vraie armée, bien entraînée, motivée et capable de se battre.

En plus, ce pays d'une superficie cent fois plus que le Rwanda et ayant une population dix fois que le Rwanda, a besoin d'une grande armée pour sécuriser ses frontières. Or, c'est ce qui manque.

Une zone de non droit, propices aux rébellions

La zone de Kivu appartient à celui qui la contrôle. Plusieurs localités sont sous le contrôle des FDLR, rebelles rwandais, Mayi Mayi, M23, etc...

La désorganisation du Congo et l'absence d'une politique coordonnée de sécurité laissent le champ libre à toute rébellion.

Cette région permet aux rébellions voulant attaquer d'autres pays voisins du Congo de s'implanter. Ainsi, les pays voisins peuvent trouver un cassus belli pour attaquer l'Est du Congo sous prétexte de poursuivre les rebelles.

En plus, cette région est tellement riche en or, coltan et autres minerais qu'elle peut entretenir et financer des rébellions.

Le génocide de 1994 au Rwanda, un cauchemar des Congolais

En intervenant aux côtés de l'armée de Habyalimana lors de la guerre contre le FPR, l'ancien Président Mobutu ne savait pas que c'était ce même FPR qui le fera quitter le pouvoir.

Pourtant, Mobutu aurait pu jouer un rôle de médiation et aussi intervenir auprès de Habyalimana pour arrêter le mouvement des milices Interahamwe.

L'assassinat de l'ancien Président Habyalimana et le génocide contre les Tutsi ont précipité la chute du pouvoir hutu au Rwanda. Des millions de hutu rwandais ont pris le chemin du Congo sous la protection de l'opération française turquoise.

Arrivée au pouvoir au Rwanda, l'armée rwandaise issue de l'ancienne rébellion FPR a souvent franchi la frontière sous prétexte de poursuivre les anciens interahamwe voulant rentrer par la force au Rwanda.

La présence de ces millions de réfugiés hutu rwandais au Kivu fragilise le Congo sur plusieurs points de vue. Sa population souffre de cette présence encombrante et armée. Le territoire devient vulnérable car les Rwandais peuvent intervenir à l'intérieur du Congo dans le but de "protéger" ses frontières.

Les Rwandais soutiennent des rébellions congolaises pour contrôler la zone frontalière afin de ne pas la laisser aux mains du FDLR compte tenu de la désorganisation de l'armée congolaise.

Ne pouvant pas mettre de l'ordre à sa frontière, le Congo sera soumis aux assauts de son ou ses voisins de l'Est. A moins que le Congo décide de déplacer ces réfugiés hutu rwandais loin de la frontière rwandaise.

Néanmoins, le Congo n'a pas les moyens de le faire. Ces réfugiés, encadrés par des groupes armés, ont déjà la maîtrise du terrain.

La meilleure solution était de combattre ensemble ces groupes armés. Le Rwanda et le Congo l'ont déjà fait, sans y arriver. Soit, ces pays y ont mis peu de moyens, soit une des parties ne voulait pas la reddition complète de ces groupes.

Une région riche, qui suscite des convoitises

Prenons un pays qui sort de la guerre et dont ses caisses ont été vidées, il sera intéressé par une région riche pour renflouer ses caisses. Si cette région s'y prête, la conquête sera pécuniaire.

L'immense et riche Congo mal exploité, mal administré dans plusieurs provinces ne manque pas d'attirer les conquérants. Nous sommes à l'heure de la mondialisation.

Les minerais du Congo très recherchés sont souvent vendus par des pays qui ne les produisent pas.

Il fut un moment où le Burundi était parmi les premiers pays exportateurs d'ivoire alors qu'il disposait que de deux éléphants qui passaient une nuit sur deux au Burundi.

Le Burundi continue d'exporter plus de trois fois d'or qu'il ne produit. Ne parlons pas du Rwanda. Il est devenu un grand pays minier sans mine.

Le Congo est capable de développer un voisin. Nul n'est prophète chez lui.

Le Congo est capable de rendre un service aux autres qu'il ne peut se rendre. La richesse du Congo pourrait transformer le pays en Singapour.

Or, cette richesse du Congo appauvrit le peuple congolais. Les salaires des dirigeants sont hors norme, les petits fonctionnaires reçoivent rarement leurs maigres salaires. Ces fonctionnaires se débrouillent tant qu'ils peuvent. Ils sont plus tournés vers les petits arrangements.

Les déçus se tournent vers des rébellions aidées par des pays voisins. Ces derniers ont surtout besoin de mettre la main sur cette économie plus que l'aide à une rébellion qui finira par trahir celui qui l'a armé.

Les solutions pour le Congo

La première solution pour les Congolais est de s'organiser, d'organiser ses services de la base au sommet. Lutter contre la corruption, payer les fonctionnaires à temps, revoir l'économie du pays, relancer le secteur de transport pour faciliter les communications.

La deuxième solution est de créer une vraie armée, une armée de métier, une armée de professionnels. Certains disent que les Congolais ne sont pas de bons militaires.

Pourquoi les Mai Mai, les Banyamulenge, les Kasaiens sont-ils de bons guerriers? Ne sont-ils pas de Congolais?

Tant que le Congo ne sera pas protégé par une vraie armée, mobile, capable de déplacer des régiments à moins de trois jours du Nord au Sud, de l'Ouest à l'Est, le Congo n'aura pas la paix.

Nous sommes à une période de rapport de force. Le plus pauvre doit développer une grande diplomatie. Le Vatican et la Suisse sont les pays forts en diplomatie car les deux ne disposent pas d'une armée de métier.

Le Congo n'a ni une diplomatie forte capable de combler la faiblesse de son armée.

Sans armée, sans diplomatie forte, le Congo est pris dans un tourbillon. La solution est dans son camp. Personne n'ira organiser le Congo en trois autres Etats, si non quatre.

Certains de ces Etats se tourneront vers les voisins protecteurs. Seul un grand sursaut de patriotisme des Congolais pourra sauver le Congo.

Eric Nduwimana
Burundi.

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