mercredi 7 novembre 2012

L’AFDL n’est pas morte!


 
Laurent-Désiré Kabila, porte-parole de l’AFDL


A Kinshasa, des sources bien informées rapportent que "Joseph Kabila" se comporterait de plus en plus comme un "homme traqué". Traqué par certains "radicaux" du régime rwandais. Ceux-ci lui reprocheraient son "arrogance" et surtout d’avoir oublié "qui l’a fait roi". Aux dernières nouvelles, "Joseph" aurait revu la composition de sa garde rapprochée. Il semble que des "amis" de Bosco Ntaganda en faisaient partie.

Certaines de ces sources indiquent le plus sérieusement du monde que Paul Kagame, soutenu par certains lobbyies anglo-saxons, serait à la recherche d’une personnalité congolaise pour... remplacer "Joseph Kabila". Plusieurs noms sont cités. Depuis 1997, Kagame ne s’est jamais départi de l’idée d’installer un "régime ami" à Kinshasa. Un régime qui ne présente aucune menace pour la sécurité nationale du Rwanda. "Joseph Kabila" est très impopulaire. La grande majorité de la population souhaite son départ. L’ironie de l’histoire est que rares sont les Congolais qui entendent voir Kagame et Museveni rééditer, en 2012, leur "exploit" du 17 mai 1997 en jouant les "faiseurs des rois" à Kinshasa. A la limite, les Congolais doivent eux-mêmes jouer un rôle majeur. L’AFDL a, en effet, laissé des souvenirs cauchemardesques.

Depuis six mois, les relations entre le Congo-Kinshasa et le Rwanda se sont détériorées suite aux révélations faites par des experts onusiens sur l’implication des officiels rwandais dans la rébellion conduite dans la province du Nord Kivu par des soldats des FARDC portant le label "CNDP". Le rapport envoyé le 12 octobre dernier au Conseil de sécurité serait "accablant" pour le Rwanda et l’Ouganda. Les rédacteurs accusent le régime de Paul Kagame de diriger en sous main les insurgés. Et que l’Ouganda a déployé en juillet dernier 600 soldats dans la localité de Busanza pour préparer une offensive du M-23.

Chaque jour qui passe, les Congolais éparpillés aux quatre coins du monde clament leur opposition à toute idée de "balkanisation" de leur pays. Cette opposition se limite à quelques vociférations non suivies d’actions. C’est bien dommage qu’ils ne s’efforcent guère de se poser une question basique : Comment est-on arrivé là? Il s’agit d’analyser froidement la part de responsabilité des filles et fils du Congo dans le déclin actuel de leur mère-patrie.

Les ex-Zaïrois feignent d’oublier que l’AFDL a été mise sur pied le 18 octobre 1996 à l’initiative des dirigeants ougandais et rwandais. Ce sont ces derniers qui ont fait appel à André Kisase Ngandu (Conseil national de résistance de la démocratie), à Anselme Masasu (Mouvement révolutionnaire pour la libération du Zaïre), Laurent-Désiré Kabila (Parti de la révolution populaire) et Dégratias Bugera (Alliance démocratiques des peuples) pour camoufler l’agression du Zaïre en une "rébellion interne". Les Ougandais et les Rwandais ont bénéficié de l’aide de certains milieux anglo-américains. Pour la petite histoire, le président ougandais Yoweri Museveni n’a jamais caché que c’est lui qui avait introduit LD Kabila auprès de Kagame alors vice-président et ministre de la Défense du Rwanda.

Le 17 mai 1997, les Kinois sont descendus dans la rue pour célébrer l’entrée dans la capitale des "libérateurs". En fait, des troupes rwandaises et ougandaises réunies sous la bannière de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre). "Vive les libérateurs", "vive les libérateurs", criaient les Kinois réputés pour leur enthousiasme débordant.

Quelques semaines après, les activités des partis politiques ont été suspendus par les nouveaux maîtres du pays. Le racket, les arrestations et détentions arbitraires se multiplient. Sans oublier des exécutions extrajudiciaires. "Dérive autoritaire du pouvoir AFDL", titrait la presse kinoise. Les ex-Zaïrois, redevenus Congolais, assistaient à une sorte de restauration de l’ordre politique qu’ils avaient dénoncé et rejeté lors des consultations nationales organisées par le président Mobutu Sese Seko avant son discours du 24 avril 1990. Le même rejet a été renouvelé lors des travaux de la Conférence nationale souveraine (1991-1992). Lassés par sept longues années de transition, les ex-Zaïrois ont levé l’option de pactiser avec le "diable". Pourvu qu’il y ait changement.

La "libération" du 17 mai 1997 n’a pas engendré la "rupture" escomptée. Pourquoi? Simplement parce que cette "libération" n’a été qu’une vaste escroquerie. La population congolaise n’a pas participé aux combats. Ce sont des soldats étrangers qui ont fait le "travail". Des soldats angolais, rwandais, ougandais. D’où le mépris. Ces deux derniers ne veulent en aucun cas rentrer chez eux. Sauf si les filles et fils du Congo décidaient de les chasser. Arme à la main. En attendant, les tentacules de l’AFDL continuent à s’étendre dans le pays à travers des avatars que sont le RCD, le CNDP et le M-23. Les institutions provinciales et nationales sont infiltrées.

L’AFDL n’est pas morte. "Joseph Kabila" en est un pur produit. L’AFDL continue à régenter les affaires congolaises pendant que les Congolais paraissent plongés dans un profond sommeil. Laurent-Désiré Kabila qui avait qualifié ce mouvement de "conglomérat d’opportunistes et d’aventuriés", dans un discours prononcé en avril 1999, l’a appris à ses dépens. A savoir qu’on ne peut défaire que ce qu’on a fait. Depuis la "libération" du 17 mai 1997 à ce jour, le Congo est dirigé par "procuration". En fait, le pays est occupé. Que faire? Les Congolais ont le devoir de chasser les occupants et leurs agents. A défaut, ils vont se contenter de jouer encore longtemps le rôle d’observateurs passifs de leur destin collectif...

Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant

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