samedi 17 novembre 2012

Nord Kivu : Reprise de la guerre?

Jean-Marie Runiga Lugerero, le Coordonnateur politique du M23


Dans un communiqué daté du 15 novembre 2012, de Bunagana, Jean-Marie Runiga Lugerero, le chef politique du "Mouvement du 23 mars" fait état de l’attaque par les forces gouvernementales des positions contrôlées par la rébellion.

D’autre part, des informations difficiles à vérifier indiquent que le "général" Bosco Ntaganda aurait été appréhendé par une organisation, inconnue jusque là, dénommée "Forces du Droit pour la Défense des Citoyens". C’est ce qu’annonce un communiqué daté du 13 novembre 2012. Il émane de l’avocate Marie-Thérèse Nlandu.

"Nous avons été attaqués à Mwaro depuis mercredi 14 novembre. Nos forces ont riposté et poursuivent l’ennemi sur Kibumba. Les combats sont en cours en ce moment". C’est un SMS en provenance du M-23 qui a attérri dans la matinée de jeudi 15 novembre à la rédaction de Congo Indépendant.

De quoi s’agit-il?

Dans un communiqué daté du même jeudi 15 novembre, Jean-Marie Runiga Lugerero, le coordonnateur politique de ce mouvement donne un peu plus de détails. "(...) depuis le matin de ce jeudi 15 novembre 2012, autour de 7 heures, les forces gouvernementales ont lancé une offensive de grande envergure contre nos positions situées dans la localité de Rugari à environ 30 km au nord de la ville de Goma.

Des nombreuses troupes appuyées par des unités blindées de l’armée gouvernementale ont pris d’assaut plusieurs de nos positions dans cette localité contraignant nos forces à la défensive".

Selon Runiga, "le commandement de l’Armée Révolutionnaire Congolaise à été clairement instruit par la direction politique du Mouvement du 23 mars de répondre vigoureusement aux attaques de l’adversaire et de le repousser le plus loin possible, ce qui est présentement en cours".

Pour lui, la situation qui se déroule en moment au Nord Kivu n’a rien de surprenant. Au motif que le 9 novembre dernier, le gouverneur du Nord-Kivu, le PPRD Julien Paluku, avait menacé «d’écraser les forces du M23 si celles-ci ne désarmaient pas dans 14 jours».

"Dans la nuit du 9 au 10 novembre, la coalition forces gouvernementales et Front Démocratique pour la Libération du Rwanda ont mené des attaques contre nos positions à Mabenga et à Kitagoma causant la mort de 10 personnes et une vingtaine des blessés".

"Refus de toute solution politique"

A en croire Runiga, le mardi 13 novembre, Julien Paluku avait, annoncé, au cours d’une conférence de presse en sa résidence "l’intention du gouvernement de Kinshasa de procéder à l’arrestation immédiate des officiers du M23 et à leur acheminement dans un centre de rééducation du reste de ses militaires".

L’homme signale par ailleurs que des miliciens Hutu rwandais des FDLR se battraient aux côtés des unités d’infanterie des FARDC notamment aux environs de Kibumba.

Pour lui, l’attaque des positions de son mouvement et les prises de position des autorités de Kinshasa "traduisent clairement leur opposition à toute solution politique".

Il fait remarquer que "le M23 qui reste convaincu que seul un dialogue sincère pourrait conduire à la résolution de la crise actuelle, se dit, toutefois, prêt à répondre à la logique du gouvernement de Kinshasa et de lui retourner sa guerre dans l’unique objectif de garantir la sécurité des populations civiles".

A chacun ses FDLR

Selon une dépêche ACP datée du jeudi 15 novembre, les FARDC "ont repoussé, la semaine dernière, une attaque lancée par la coalition M23-FDLR contre l’Etat-major du 812ème régiment à Bweza". Bilan : treize assaillants tués et deux faits prisonniers. La nouvelle a été donnée mercredi par la Monusco.

"Deux compagnies des FARDC ont été déployées dans la région du parc de Virunga, afin de traquer d’autres mutins qui s’y sont repliés", souligne la dépêche. Selon la Monusco, le 05 novembre 2012, "des accrochages ont eu lieu entre une patrouille des FARDC et des éléments du M23, dans la région de Masoba, située au sud-ouest de Tongo, au cours desquels trois rebelles ont été blessés".

Sultani Makenga sur la sellette?

Ces "musculations" surviennent au moment où un rapport redigé par le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’Homme en RD Congo (BCNUDH) fait état de 264 adultes et 83 enfants tués.

Ces personnes seraient "victimes d’exécutions arbitraires" dans le Territoire de Masisi dans la province du Nord Kivu. Publié le mercredi 14 novembre, le document met en cause des "groupes armés" non autrement identifiés qui fleurissent dans cette partie orientale du pays.

Rappelons que mardi 13 novembre, on apprenait que l’Administration américaine et l’Onu ont décidé de "sanctionner" le chef militaire du M-23 le colonel Sultani Makenga. Celui-ci est accusé d’être à l’origine des "violations des droits humains". Le département US du Trésor a décidé de "géler" les avoirs que possèderait cet officier rebelle sur le sol américain.

Ntaganda appréhendé?

Selon un communiqué, daté du mardi 13 novembre, publié par l’avocate Marie-Thérèse Nlandu Mpolo Nene des éléments appartenant à un mouvement dénommé "FDDC" "ont procédé du 10 au 12 novembre 2012" à l’arrestation ... des gardes du corps de Bosco Ntanganda, en territoire de Djugu, en Ituri, dans la Province Orientale.

"Ces gardes sont placés en lieu sûr jusqu’au jour de leur présentation au public et à la justice internationale", indique le communiqué. "Les précisions sur Bosco Ntanganda seront données dans les prochains jours ou heures".

Selon Marie Thérèse Nlandu, "les FDDC sont une armée "nouvel esprit" composée des officiers et soldats congolo-congolais envoyés en guerre à l’Est du pays sans munitions par Joseph Kabila". Ces militaires se sont rendus compte que ce dernier "les a envoyés à la guerre, sans munitions pour y être tués".

C’est ainsi qu’"ils ont décidé d’être utiles à la population aux lieux où ils se trouvent. Leur idéologie est la défense du territoire, la protection de la population, la protection de leurs biens et de leur dignité". "Ce sont les forces armées de la Nation congolaise de demain et non d’un individu ou parti politique quelconque".

Selon des informations difficiles à vérifier circulant ce jeudi 15 novembre, le "général" Bosco Ntaganda aurait été également arrêté dans le district de l’Ituri. Successeur, à partir de janvier 2009, de Laurent Nkunda Mihigo à la tête du CNDP (Congrès national pour la défense du peuple), "Bosco" est en cavale depuis le mois d’avril dernier.

L’homme voulait se soustraire au mandat d’arrêt délivré à son encontre par la Cour pénale internationale en fomentant une mutinerie.

Dans une interview accordée au "Soir" de Bruxelles daté du 30 août dernier, le ministre rwandais de la Défense, James Kaberebe, citant le patron de l’Agence nationale de renseignements, Kalev Mutond, déclarait que "Joseph Kabila" n’a jamais voulu transférer "Bosco" à La Haye.

Il voulait le traduire devant les juridictions congolaises. A en croire "James", "Bosco" et "Joseph" se livraient à un "curieux business".

Question : le gouvernement de Kinshasa se sent-il enfin apte à "anéantir" le M-23 ou les événements dénoncés par Jean-Marie Runiga ne seraient-ils qu’un "simple déploiement de biceps"? Affaire à suivre.

B.A.W
© Congoindépendant

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