mardi 20 novembre 2012

RDC-Rwanda : déjà la guerre

20 novembre 2012

Intenses combats dimanche à Goma

Commencés dimanche, les affrontements armés entre les FARDC et la coalition M23/RDF ont repris lundi au milieu de l’après-midi et se sont intensifiés jusqu’au début de la soirée. Comme on le voit, le Rwanda a décidé de rentrer en guerre contre la RDC, à visage découvert.

L’enjeu étant la chute de la ville de Goma, dans le Nord-Kivu. Du coup, la communauté internationale se trouve défiée. Est-ce qu’elle va se laisser s’attendrir par les faux-fuyants et se couvrir de ridicule en prenant parti pour un pays  qui agresse son voisin ? C’est la question.

La torpeur vécue par les habitants de Goma dimanche est revenue au galop hier lundi au milieu de l’après-midi. Des tirs à l’arme lourde ont eu droit de cité dans ce chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Aucun bilan n’a été livré à l’opinion publique, mais que de hauts le cœur !

En début de soirée, des sources sur place à Goma ont fait état d’une accalmie. Comme pour dire que ce dernier bastion, aussi bien de la Monusco que de Kinshasa, n’était pas encore tombé entre les mains de l’ennemi. Mais pour combien de temps ? Difficile à dire pour l’instant.

Toutefois, c’est ici que se joue la crédibilité de la communauté internationale qui, par l’entremise du Conseil de sécurité, devrait prendre ses responsabilités.

Le Rwanda a été désigné par un rapport des experts de l’Onu comme le principal instigateur de l’insécurité qui sévit dans le Nord-Kivu. Cela au même titre que l’Ouganda. La structure de l’Onu chargée du régime des sanctions serait à pied d’œuvre et pourrait livrer ses conclusions incessamment.

Sentant l’étau se resserrer autour de lui, le Rwanda a opté pour le baroud d’honneur. Toutes retraites coupées, il joue son va-tout. L’offensive de ses troupes qui battent pavillon M23/RDF a commencé dimanche. Elle a été stoppée grâce à l’appui offert par la force de la Monusco aux FARDC.

Tel un fauve enragé, quasiment au désespoir, le Rwanda est revenu à l’attaque lundi en prenant pour prétexte la chute d’un obus tiré à partir de Goma et qui serait tombé sur son territoire (Gisenyi). Il a ouvert deux fronts ; l’un sur le territoire congolais, avec son pantin de M23, qui siège non loin de l’aéroport de Goma ; l’autre à partir de son propre territoire (Gisenyi).

Entre-temps, il est fait état de la traversée des troupes de RDF (Rwanda Defense forces) pour renforcer celles qui sont déjà positionnées sur le territoire congolais.

Le jeu est clair : il faut montrer à la communauté internationale que le Rwanda est capable de signer un « apocalypse now » et que, pour cette raison, il faudrait coopérer avec lui et non l’affronter au risque d’embraser la sous-région des Grands Lacs toute entière.

Pour des observateurs avisés, cette série d’attaques ne serait qu’un tas de pilules amères qui ne peuvent plus être gobées aussi facilement. Par ces manœuvres dilatoires, le régime de Kigali visant à faire pression sur le Conseil de sécurité en rappelant sa capacité de nuisance. Son combat consiste à empêcher l’organe exécutif de l’Onu de prendre des sanctions contre lui.

Dans le même ordre d’idées, des sources bien informées ont indiqué que le Rwanda a tenté en vain depuis le week-end à dissuader la Monusco dans sa mission de protéger les populations civiles, laquelle protection passe par le verrouillage de Goma. Il aurait même proféré des menaces, sans succès.

Par ailleurs, des sources proches des chancelleries occidentales à Kinshasa et Goma laissent entendre que Kigali s’est servi de la CIRGL pour plomber l’efficacité des FARDC sur le terrain.

Par le canal des initiatives, entre autres le Mécanisme conjoint de vérification et le « Joint fusion  intelligence » (fusion des services secrets), le Rwanda a réussi à infiltrer la pyramide institutionnelle de la RDC.

A l’épreuve du temps, ces initiatives se sont révélées de la poudre aux yeux des Congolais et de la communauté internationale, qui s’est laissé longtemps séduire par un régime pyromane qui cachait sa véritable nature en se revêtant de l’accoutrement de sapeur-pompier.

Tel un faux chauve, le Rwanda voit son pelage repousser sans qu’il ait le temps ni de se raser ni s’épiler.
Il ne reste plus qu’aux grandes puissances d’en tirer toutes les conséquences et de compatir au drame congolais en adoptant des sanctions. L’impunité, tout le monde le sait, ne profite à personne ; au contraire, il encourage le mal et le consolide.

Elles devront, au moins pour une fois, montrer aux Congolais qu’elles ne sont pas les complices du Rwanda dans la décimation de plus de 6 millions de Congolais et le projet d’éclatement de la RDC, pourtant membre à part entière de l’Onu. 

[Le Potentiel]

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