samedi 17 novembre 2012

RDC - Rwanda : la peur change de camp...

17 novembre 2012



Que l’appel à la cessation des combats entre le M23 et les FARDC vienne du Rwanda ne peut surprendre que ceux qui doutaient encore de l’implication directe du régime de Kigali dans cette guerre qui déstabilise la RDC et la région des Grands Lacs.

Pour les observateurs avertis, le Rwanda vient de faire, à sa manière, son mea culpa et au même moment il anticipe sur le retour des flammes sur son territoire. La peur a changé de camp.

Dans un communiqué de presse daté du 15 novembre 2012 et logé sur le site de l’ambassade du Rwanda en Belgique, il est écrit : « Le Rwanda a exhorté l'armée congolaise (FARDC) et le mouvement rebelle du M23 à arrêter les combats et à respecter les décisions de la CIRGL concernant la cessation des hostilités en RDC ».

Qu’est-ce qui peut expliquer cette attitude conciliante de Kigali réputé hautain et qui voyait de très haut Kinshasa ? La reprise des combats entre son pantin de M23 et les FARDC ont montré que le rapport des forces a basculé sur le terrain.

Le fameux groupe rebelle, que l’on disait doté d’une puissance de feu capable de mettre en déroute toute une armée nationale, est stoppé net dans sa marche conquérante où, il y a quelques mois, il faisait tomber des localités congolaises sans combat.

Selon des observateurs avertis, c’est plus l’offensive foudroyante des FARDC jeudi dernier contre les positions du M23 qui a convaincu le Rwanda à revoir ses visées hégémoniques.

Dans le document rendu public jeudi par son ambassade à Bruxelles, Kigali reconnaît l’incapacité de son protégé à poursuivre les hostilités : « La reprise des combats entre les FARDC et le M23 viole les directives convenues par les 11 Etats membres de la CIRGL qui travaillent à rétablir la paix, tant nécessaire à la RDC.

Cette violence aux abords de notre frontière a des répercussions directes sur nous - nous avons déjà constaté des cas de civils blessés par des balles perdues sur le territoire rwandais, ainsi qu’un afflux croissant de réfugiés congolais. Nous ne voulons pas de nouvelles victimes ».

Comme on peut le constater en lisant entre les lignes, le bourreau a vite senti le danger et, pour anticiper sur un éventuel débordement (pour ne pas dire un retour) des flammes sur son propre territoire, il appelle à la cessation des combats.

De quoi dire que la peur a changé de camp. Le pyromane se découvre tout-à-coup une âme de sapeur-pompier et évite d’être ce va-t-en guerre impénitent toujours prêt à exercer son droit de réplique ou de poursuite des assaillants sur le territoire congolais.

Par ailleurs, le discours du grand baroudeur a viré à cent quatre-vingt-dix degrés : plus d’appel à la négociation entre Kinshasa et le M23.

C’est que le Rwanda comprend, peut-être sur le tard, que la RDC ne lui a jamais fait la guerre et qu’en ce moment précis, elle est en train de récupérer la partie de son territoire occupée par des forces envahissantes à la solde des parrains bien identifiés.

C’est ce que des experts de l’Onu ont couché dans un rapport que Kigali et Kampala ont tenté en vain de réfuter, en introduisant des recours fantaisistes.

Finalement, la raison et la vérité ont raison des agitations et autres faux-fuyants des agresseurs. Le rapport a été confirmé par le Conseil de sécurité. Il a donné lieu à des condamnations suivies de sanctions de la part des Nations unies et des Etats-Unis.

Du coup, les deux voisins de la RDC se trouvent dans de beaux draps. Leurs retraites sont désormais coupées ; leurs parrains ne peuvent afficher publiquement leur soutien ; peut-être sont-ils obligés de le couper afin d’éviter le ridicule.

Communiqué de presse
Le Rwanda appelle à la cessation des combats repris entre les FARDC et le M23
15 Novembre 2012

Le Rwanda a exhorté l'armée congolaise (FARDC) et le mouvement rebelle du M23 à arrêter les combats et à respecter les décisions de la CIRGL concernant la cessation des hostilités en RDC.

Cette reprise des combats fait suite à un cessez-le-feu de trois mois.

La ministre des affaires étrangères du Rwanda et porte-parole du gouvernement, Louise Mushikiwabo a exprimé la crainte que la reprise des combats ne sape le processus de paix mis en route par la CIRGL : « La reprise des combats entre les FARDC et le M23 viole les directives convenues par les 11 Etats membres de la CIRGL qui travaillent à rétablir la paix, tant nécessaire à la RDC.

Cette violence aux abords de notre frontière a des répercussions directes sur nous - nous avons déjà constaté des cas de civils blessés par des balles perdues sur le territoire rwandais, ainsi qu’un afflux croissant de réfugiés congolais. Nous ne voulons pas de nouvelles victimes ».

Les activités violentes des groupes FARDC, M23 et autres groupes armés en RDC doivent cesser parce qu'elles continuent à mettre en péril les efforts régionaux continus pour parvenir à une paix durable et à la sécurité dans l'Est de la RDC.

Nous attendons avec impatience les conclusions du mécanisme conjoint de vérification de la CIRGL (qui est déjà sur le terrain) ainsi que celles du Joint Fusion Intelligence Center (JFIC) sur cette situation et nous espérons que cela facilitera le confinement immédiat.

Le Mécanisme conjoint de vérification, qui était à l’origine un accord bilatéral entre le Rwanda et la RDC visant à vérifier les allégations lancées contre chaque partie, a été élargi en septembre 2012 à l’ensemble des États membres de la CIRGL. (Source : site ambassade du Rwanda en Belgique).

Le Potentiel

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