23 Novembre 2012
Laurent Fabius pour Paris et Didier Reynders pour Bruxelles ont refusé d'admettre que 17 mille casques bleus de l'Onu, la plus importante mission de l'histoire, ne sachent faire face à une petite poignée de mutins.
Les deux hommes d'Etat européens plaident désormais en faveur de la redéfinition du mandat de la Monusco.
Cette dernière ne peut continuer à se réfugier sous le fallacieux prétexte d'être en RDC uniquement pour protéger la population civile. La protéger de qui et de quoi ? Le prétexte tourne franchement à l'absurdité et au délire lorsque, de manière formelle et officielle, l'Onu reconnaît primo que le M23 est piloté par des criminels de guerre, secundo que le Rwanda et l'Ouganda soutiennent activement ces criminels.
Comment comprendre que par la suite, la Monusco, voyant cette horde avancer de ville en ville, ne fasse rien pour l'en empêcher. Sultani Makenga, Bosco Ntaganda ainsi que les principaux animateurs du M23 ploient sous les mandats de la CPI.
Et la Monusco trouve que ne pas les empêcher d'occuper des villes habitées, concourt à la sécurité des populations civiles.
Il faut être Hervé Ladsous pour soutenir froidement pareille contradiction. La France et la Belgique sont fatiguées de cette mascarade qui n'a que trop duré. Ils ont d'abord haussé le ton séparément et envisagent maintenant une vaste action de lobbying au niveau européen.
Ceci en vue de faire le contrepoids de Washington qui apparaît finalement comme l'obstacle majeur à toute tentative de trouver une solution durable à la crise des Grands Lacs africains.
Contrepoids
Puisque Londres et Washington se montrent très peu disposés à accepter une intervention militaire étrangère aux côtés des Fardc, au pays de Didier Reynders et Laurent Fabius, on a décidé d'exercer une pression sans cesse accrue dans le cadre de l'Onu.
Mais, de l'avis de plusieurs observateurs, il ne suffit pas d'ailleurs, cela ne sert à rien de changer le mandat de la Monusco sur les textes. Le vrai problème réside au niveau du commandement de cette force.
Tant que ce dernier reste aux mains des Américains, qui ont le loisir de désigner qui ils veulent à la tête de la mission, rien ne marchera. Le commis américain ne pourra que travailler sur la base d'une feuille de route partisane.
Certes, Washington est le grand contributeur financier, de la force, mais ce n'est pas une raison pour instrumentaliser une mission internationale au gré des commandes d'une Amérique parallèle.
Paris et Bruxelles doivent aborder la question de manière fort pratique. C'est-à-dire laisser la tête de la mission à un préposé américain, mais exiger un contrepoids en amont.
Un commandant second de la Monusco qui aura la charge de conduire les opérations suivant l'appréciation du terrain et au regard du mandat visant la protection des civils. Rien qu'au nom de ce mandat, ce second pouvait empêcher la chute de Goma.
LP
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