Jeudi, 21 Mars 2013

Protégé par le gouvernement congolais de 2006 à 2009, le général Bosco Ntaganda a fini par jeter l’éponge le week-end dernier et se constituer prisonnier à l’ambassade des USA à Kigali, dans l’attente de son transfert à la Cour Pénale Internationale, où il devrait être poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Selon les éléments consignés dans les deux mandats d’arrêt émis en son nom en 2006 et 2012, il est fiché comme sujet rwandais.
En remontant le cours de l’histoire, le constat à faire st que l’armée congolaise hébergeait en son sein un officier supérieur étranger, qui était présenté comme le catalyseur de la paix dans la partie Est du pays en mars 2009, après la signature d’un accord de cessez-le-feu entre son groupé armé, le CNDP (Congrès National pour la Défense du Peuple), et le pouvoir en place à Kinshasa.
Au jour d’aujourd’hui, plus aucun officiel congolais n’ose se présenter comme ancien ami ou allié de ce criminel.
Le nouvel allié du gouvernement congolais s’appelle Sultani Makenga, lui aussi ressortissant du Rwanda, révoqué des FARDC en juillet 2012 par une décision du Conseil Supérieur de la Défense sous l’identité de colonel Ruzandiza.
Mais, à la suite de la reconnaissance du M23 par Kinshasa comme son interlocuteur dans les négociations de Kampala entamées depuis le 09 décembre 2012, la grande question du moment reste de savoir comment la RDC va sortir du piège lui tendu par le Rwanda et l’Ouganda.
Logiquement, après avoir discuté pendant prés de quatre mois avec des délégués d’une nébuleuse réputée « force négative », Kinshasa devrait aller jusqu’à bout, c’est-à-dire conclure un nouveau deal politique avec elle.
Mais, avec l’acte posé par Bosco Ntaganda, le gouvernement congolais ne semble plus du tout chaud à aller dans cette voie. Tant mieux!
Même gaffe … même résultat !
Chaque fois que la République Démocratique du Congo se met en « ménage » avec un mouvement rebelle parrainé par le Rwanda ou l’Ouganda, elle commet la même gaffe consistant à ouvrir à ses responsables civils et militaires ses secrets- défense pour finir par récolter le même résultat, à savoir son affaiblissement au plan politique, militaire et sécuritaire.
Cela était arrivé avec l’AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo) en 1996-1997.
Le scénario s’est répété en 1998-2003 avec le RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie), en 2009 avec le CNDP (Congrès National pour la Défense du Peuple) et maintenant avec le M23.
Au fil du temps, le système congolais de renseignements et de défense n’a plus de secret pour ses voisins, principalement le Rwanda et l’Ouganda, dont les officiers militaires et les agents de sécurité sont au contact des dossiers depuis 16 ans.
L’on se demande, quelquefois, pourquoi des Congolaises et des Congolais sont poursuivis pour atteinte à la sécurité intérieure ou extérieure de l’Etat alors que les étrangers savent tout.
Avons-nous encore quelque chose à cacher aux Ougandais, aux Rwandais, aux Burundais, aux Erythréens, aux Zimbabwéens, aux Angolais et aux Namibiens qui ont déjà eu à visiter et revisiter nos bases militaires et nos services de renseignements à volonté, sous le label des mouvements rebelles ou à l’appel du gouvernement?
Comme si cela ne suffisait, on continue à aggraver la situation en nouant et renouant des alliances contre nature avec le Rwanda et l’Ouganda sous prétexte de la traque des forces négatives.
Comme si le pays n’était pas suffisamment fragilisé, le M23 du colonel Makenga, considéré comme « une rébellion amie », est prêt à déverser son contingent de soldats et officiers étrangers dans les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo), alors qu’une des résolutions de l’Accord-Cadre signé par la RDC et ses « partenaires » le 24 février à Addis-Abeba préconise la traque des forces négatives dans la partie Est de notre pays.
D’ici peu, notre système de défense et nos secrets militaires vont être étalés aux officiers Tanzaniens, Sud-Africains et autres attendus au Nord-Kivu dans le cadre de la Brigade spéciale d’intervention à placer sous la supervision de la Monusco.
Un affaiblissement voulu
Notre affaiblissement militaire semble voulu par nos propres gouvernants, qui persistent à croire que pour sauver le Congo, il faut absolument caresser des seigneurs de guerre dans le sens du poil.
Lorsque Bosco Ntaganda était interpellé par la CPI, des autorités congolaises avaient eu l’indécence de soutenir qu’il était Congolais, alors que son dossier judiciaire renseignait qu’il était citoyen rwandais.
Aujourd’hui, on négocie avec Makenga et on le ménage sur le front militaire tout en sachant qu’on a affaire à un officier rwandais. On aurait pu comprendre les gaffes congolaises dans la gestion des dossiers sécuritaires du pays si l’on était ignorant des réalités de l’Afrique Centrale et des Grands Lacs.
Dans le cas de la RDC, aucune excuse n’est permise car l’insécurité que nous vivons aujourd’hui remonte à plusieurs années.
Tout le monde est d’avis qu’à Rutshuru, on a poussé le bouchon trop loin en soutenant qu’il fallait aménager un espace vital au M23 pour respecter l’esprit, de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba.
Etait-il normal de pactiser avec une force négative qui se trouve dans le collimateur de la Brigade spéciale à déployer incessamment au Nord-Kivu par les Nations- Unies et la SADC?
Débat national inclusif
Au vu du flou qui enveloppe les alliances militaires entre Kinshasa, les « forces négatives » et des pays voisins de l’Est, l’heure est plus que jamais venue d’engager un débat national inclusif et franc pour permettre aux Congolais de s’approprier les tenants et aboutissants de ce dossier.
En ce moment où les deux chambres du Parlement viennent de lancer la session ordinaire de mars, l’on devrait permettre à nos compatriotes de donner leurs avis et considérations sur les voies et moyens de sortir de l’impasse.
La poursuite de la politique de l’autruche n’aurait d’autre conséquence que de favoriser ce que tout le monde redoute : la balkanisation.
Kimp

Protégé par le gouvernement congolais de 2006 à 2009, le général Bosco Ntaganda a fini par jeter l’éponge le week-end dernier et se constituer prisonnier à l’ambassade des USA à Kigali, dans l’attente de son transfert à la Cour Pénale Internationale, où il devrait être poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Selon les éléments consignés dans les deux mandats d’arrêt émis en son nom en 2006 et 2012, il est fiché comme sujet rwandais.
En remontant le cours de l’histoire, le constat à faire st que l’armée congolaise hébergeait en son sein un officier supérieur étranger, qui était présenté comme le catalyseur de la paix dans la partie Est du pays en mars 2009, après la signature d’un accord de cessez-le-feu entre son groupé armé, le CNDP (Congrès National pour la Défense du Peuple), et le pouvoir en place à Kinshasa.
Au jour d’aujourd’hui, plus aucun officiel congolais n’ose se présenter comme ancien ami ou allié de ce criminel.
Le nouvel allié du gouvernement congolais s’appelle Sultani Makenga, lui aussi ressortissant du Rwanda, révoqué des FARDC en juillet 2012 par une décision du Conseil Supérieur de la Défense sous l’identité de colonel Ruzandiza.
Mais, à la suite de la reconnaissance du M23 par Kinshasa comme son interlocuteur dans les négociations de Kampala entamées depuis le 09 décembre 2012, la grande question du moment reste de savoir comment la RDC va sortir du piège lui tendu par le Rwanda et l’Ouganda.
Logiquement, après avoir discuté pendant prés de quatre mois avec des délégués d’une nébuleuse réputée « force négative », Kinshasa devrait aller jusqu’à bout, c’est-à-dire conclure un nouveau deal politique avec elle.
Mais, avec l’acte posé par Bosco Ntaganda, le gouvernement congolais ne semble plus du tout chaud à aller dans cette voie. Tant mieux!
Même gaffe … même résultat !
Chaque fois que la République Démocratique du Congo se met en « ménage » avec un mouvement rebelle parrainé par le Rwanda ou l’Ouganda, elle commet la même gaffe consistant à ouvrir à ses responsables civils et militaires ses secrets- défense pour finir par récolter le même résultat, à savoir son affaiblissement au plan politique, militaire et sécuritaire.
Cela était arrivé avec l’AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo) en 1996-1997.
Le scénario s’est répété en 1998-2003 avec le RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie), en 2009 avec le CNDP (Congrès National pour la Défense du Peuple) et maintenant avec le M23.
Au fil du temps, le système congolais de renseignements et de défense n’a plus de secret pour ses voisins, principalement le Rwanda et l’Ouganda, dont les officiers militaires et les agents de sécurité sont au contact des dossiers depuis 16 ans.
L’on se demande, quelquefois, pourquoi des Congolaises et des Congolais sont poursuivis pour atteinte à la sécurité intérieure ou extérieure de l’Etat alors que les étrangers savent tout.
Avons-nous encore quelque chose à cacher aux Ougandais, aux Rwandais, aux Burundais, aux Erythréens, aux Zimbabwéens, aux Angolais et aux Namibiens qui ont déjà eu à visiter et revisiter nos bases militaires et nos services de renseignements à volonté, sous le label des mouvements rebelles ou à l’appel du gouvernement?
Comme si cela ne suffisait, on continue à aggraver la situation en nouant et renouant des alliances contre nature avec le Rwanda et l’Ouganda sous prétexte de la traque des forces négatives.
Comme si le pays n’était pas suffisamment fragilisé, le M23 du colonel Makenga, considéré comme « une rébellion amie », est prêt à déverser son contingent de soldats et officiers étrangers dans les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo), alors qu’une des résolutions de l’Accord-Cadre signé par la RDC et ses « partenaires » le 24 février à Addis-Abeba préconise la traque des forces négatives dans la partie Est de notre pays.
D’ici peu, notre système de défense et nos secrets militaires vont être étalés aux officiers Tanzaniens, Sud-Africains et autres attendus au Nord-Kivu dans le cadre de la Brigade spéciale d’intervention à placer sous la supervision de la Monusco.
Un affaiblissement voulu
Notre affaiblissement militaire semble voulu par nos propres gouvernants, qui persistent à croire que pour sauver le Congo, il faut absolument caresser des seigneurs de guerre dans le sens du poil.
Lorsque Bosco Ntaganda était interpellé par la CPI, des autorités congolaises avaient eu l’indécence de soutenir qu’il était Congolais, alors que son dossier judiciaire renseignait qu’il était citoyen rwandais.
Aujourd’hui, on négocie avec Makenga et on le ménage sur le front militaire tout en sachant qu’on a affaire à un officier rwandais. On aurait pu comprendre les gaffes congolaises dans la gestion des dossiers sécuritaires du pays si l’on était ignorant des réalités de l’Afrique Centrale et des Grands Lacs.
Dans le cas de la RDC, aucune excuse n’est permise car l’insécurité que nous vivons aujourd’hui remonte à plusieurs années.
Tout le monde est d’avis qu’à Rutshuru, on a poussé le bouchon trop loin en soutenant qu’il fallait aménager un espace vital au M23 pour respecter l’esprit, de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba.
Etait-il normal de pactiser avec une force négative qui se trouve dans le collimateur de la Brigade spéciale à déployer incessamment au Nord-Kivu par les Nations- Unies et la SADC?
Débat national inclusif
Au vu du flou qui enveloppe les alliances militaires entre Kinshasa, les « forces négatives » et des pays voisins de l’Est, l’heure est plus que jamais venue d’engager un débat national inclusif et franc pour permettre aux Congolais de s’approprier les tenants et aboutissants de ce dossier.
En ce moment où les deux chambres du Parlement viennent de lancer la session ordinaire de mars, l’on devrait permettre à nos compatriotes de donner leurs avis et considérations sur les voies et moyens de sortir de l’impasse.
La poursuite de la politique de l’autruche n’aurait d’autre conséquence que de favoriser ce que tout le monde redoute : la balkanisation.
Kimp
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