mardi 26 mars 2013

Tensions récurrentes à Lubumbashi : Mystère !

lundi 25 mars 2013


Coïncidence ou choix délibéré ? Les Maï-Maï Kata Katanga sont descendus dans la rue à Lubumbashi le samedi 23 mars 2013, perturbant l’ordre public. Le gouvernement a décidé de les transférer à Kinshasa pour qu’ils répondent de leurs actes devant la justice.

Jusque-là, personne ne connait la main invisible qui agit derrière cette agitation permanente qu’on tente d’installer à Lubumbashi. Des « farfelus » ? « Des aventuriers drogués » ? Des séparatistes fanatiques ? Autant d’interrogations qui n’ont pas encore des réponses. Le mystère est, jusque-là, entier !

Le calme est revenu lundi à Lubumbashi. La population se remet peu à peu de sa torpeur du week-end.

Contacté par notre rédaction, le gouverneur Moïse Katumbi Chapwe a déclaré que les événements malheureux créés par les bandits de Maï-Maï le samedi passé n’ont pas empêché la reprise des activités minières et autres : « Je viens de faire le tour de la ville, les gens vaquent tranquillement à leurs occupations ».

Il a dit avoir réconforté moralement tous les habitants des quartiers touchés par le passage de ces bandits qui étaient drogués à volonté. Et d’ajouter : « Partout où je suis passé, les populations exprimé leur besoin d’un Congo uni et fort ».

En effet, le samedi 23 mars dernier, Lubumbashi, capitale économique de la RDC a connu une ambiance pleine d’agitations. Plus de 300 éléments d’un groupe Maï-Maï dénommé « Kata Katanga » ont envahi les artères de la capitale du Katanga. Ils ont surgi de la commune Rwashi avant d’emprunter la route qui conduit vers le centre ville.

Quelques jours auparavant, « ces éléments incontrôlés » se sont signalés par des actes d’intimidation contre les populations civiles. Exactions, violences et autres voies de faits sont le lot des populations civiles qui sont visitées par « ce groupe des jeunes drogués » et visiblement manipulés.

C’est surtout leur show de samedi dernier qui a intrigué tout le monde. Comment autant de jeunes peuvent-ils se mettre ensemble et se résoudre à marcher sur Lubumbashi, sans l’apport ou l’assistance technique morale ou militaire d’un intellectuel qui serait leur stratège ?

Et puis, le fait d’avoir traversé les rues de deux communes – Rwashi et Kampemba - sans qu’ils ne soient stoppés par les forces de l’ordre interpelle les consciences.

Ceux qui se sont rendus auprès de la Monusco/Katanga après un affrontement avec les forces loyalistes sont estimés au nombre de 245. Parmi eux, 77 enfants ; tous apparemment « drogués ».

Mais si c’est un peu sur le tard, le gouvernement a finalement flairé le danger. Le ministre de l’intérieur, Richard Muyej a promis de sévir contre tous ceux qui se seraient compromis avec « ce groupe des délinquants armés ».

Selon lui, les cours et tribunaux seront mis à contribution afin d’établir des responsabilités des uns et des autres. D’aucuns espèrent que le gouvernement ira jusqu’au bout de sa logique et que toute la lumière éclatera sur cette nébuleuse de Maï-Maï qui dure depuis plusieurs années et risque de transformer le Katanga en un nouveau Nord-Kivu.

En attendant, les insurgés ont été transférés à Kinshasa. Selon Lambert Mende, porte-parole du gouvernement, l’éloignement de ces assaillants d’un genre nouveau de Lubumbashi viserait à permettre « une instruction judicaire sereine ». Depuis le dimanche 24 mars 2013, une mission d’enquête gouvernementale séjourne à Lubumbashi.

La question qui taraude toutes les consciences est de découvrir dans les meilleurs délais l’arbre qui cache la forêt dans cette affaire. Nombreux sont ceux qui pensent qu’il ne devrait pas s’agir d’une génération spontanée.

L’agitation récurrente dans Lubumbashi doit avoir un ou des metteurs en scène tapis quelque part. D’ores et déjà on prend au mot Lambert Mende qui a confié à la presse : «Nous verrons bien qui a été responsable de quoi. Seule l’enquête peut nous aider à déterminer à quel niveau se trouvent les complicités.

Ces gens ne sont pas venus de nulle part. Ces armes ne leur ont pas été accordées miraculeusement. Quelqu’un a dû dépenser, quelqu’un a dû penser à les doter en armes. Tout cela va être clarifié par les enquêteurs qui sont déjà au travail».

La partie visible de l’iceberg est cette manifestation bouillante ayant causé mort d’hommes du 23 mars 2013. Selon des sources officielles, vingt-trois personnes seraient mortes, dont vingt combattants, un militaire FARDC, un agent de la société nationale des chemins de fer (SNCC) et une fillette de quatre ans.

« Le bilan est beaucoup plus lourd », affirment des Lushois contactés. Mais, ils ne donnent pas de chiffres précis. L’heure est venue pour que la partie immergée soit portée, sans attendre, sur la place publique.

Le mystère

Les revendications des « Kata Katanga » sont enregistrées par la Monusco auprès de laquelle ils ont déposé les armes et opéré leur reddition collective. Suivant la transcription faite par Radio Okapi, ils auraient déclaré : « Nous sommes ici puisque nous ne voulons pas de cette souffrance. L’indépendance avait été obtenue en 1960, mais depuis 2010 rien ne va ici.

Nous sommes fatigués d’être des esclaves. Nous sommes venus non pour nous rendre et non plus pour rendre nos armes mais pour demander à la Monusco de nous donner notre indépendance. Nous voulons que le Katanga soit un pays et que notre président soit reconnu ». Cette déclaration structurée démontre qu’une main invisible existe bel et bien.

L’épais brouillard qui entoure le décryptage de ce message aux allures séparatistes devra être percé. Des interrogations, les observateurs les alignent à la queue-leu-leu. Comment délimiter la date du début de la souffrance en 2010 ?

Est-ce à dire qu’avant cette année tout allait pour le meilleur du monde dans le pays et au Katanga en particulier ? Ces « éléments drogués » affirment également être fatigués de l’esclavage. Qui les aurait réduits à cet état ? Et pour quelle finalité ?

Le comble c’est lorsqu’ils demandent l’indépendance auprès de la Monusco, alors que cette mission n’a pas reçu pareille mission de la part du conseil de sécurité. Comment justifier alors la tentative de prise de contrôle des édifices publics ?

Toutes ces interrogations demeurent sans réponses, jusque-là par manque d’interlocuteur valable. L’instruction judiciaire ouverte à ce sujet devrait permettre d’élucider ce mystère et d’y mettre un terme une bonne fois pour toutes avant que cela ne fasse tache d’huile.

Le Potentiel

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire