A la Poutine et Medvedev, Jaynet Kabila semble se préparer à succéder à son frère jumeaux, le Président Joseph Kabila au terme de son dernier mandat en 2016 à la tête de la République démocratique du Congo, après plus de 15 ans de règne.
Lors d’une visite en juin 2012 au siège du PPRD à Lubumbashi, Evariste Boshab, secrétaire général du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), a laissé entendre que le Président Joseph Kabila pourrait bien s’offrir un troisième mandat à la tête du Pays.
« (…) vous devez nous soutenir pour modifier la Constitution et donner ainsi à notre Président l’occasion d’avoir un troisième mandat», a exhorté l’ancien président de l’Assemblée nationale. L’idée est donc là, même si elle semble peu réalisable.
Pendant ce temps, les têtes pensantes du régime auraient trouvé une alternative à la « roulette russe » ; avec une idée toute simple : faire succéder Jaynet à la place de Joseph.
Tout a commencé à Kalemie au bord du Lac Tanganyika, territoire du même nom dans la province du Katanga où Jaynet Kabila Kyungu avait entamé le 12 novembre dernier sa campagne électorale où elle briguait l’un des quatre sièges convoités par un peloton de 116 concurrents locaux. Une simplement formalité puis qu’elle a été élue avec plus de 34 958 voix (plus que le nombre de votant attendu).
La sœur jumelle du Président Kabila qui est née le 04 juin 1971 à Hewa Bora dans la région du Fizi (Sud-Kivu), était jusqu’alors co-propriétaire du groupe de presse Multi Media Congo (MMC), qui possède notamment la chaîne Digital Congo TV et le site internet d’information digitalcongo.net, aurait récemment terminé des études de Droit aux Etats Unis d’Amérique et semble donc la plus lotie chez les Kabila.
En dirigeant la Fondation de son feu père depuis sa création, « Dada » – grande sœur en Swahili, la langue officielle de la cour des Kabila – a su s’attirer de la sympathie tant Katangaise que celle d’une partie du clan présidentiel. N’a-t-elle pas eu assez de temps pour se préparer?
Lorsqu’en mai dernier le FDLR attaquent le convoi du Ministre de l’Enseignement Supérieur, Dr. Mashako Mamba, la sœur jumelle du Président de la République, entrepris un périple en voiture sur la même route.
Mme Jaynet Kabila parcouru la route Goma-Bunia en passant Rutshuru, Kiwanja, Kanyabayonga, Luofu, Kaina, Kirumba, Lubero, Butembo, Beni, Mutwanga, Eringeti, Bunia… en parade, en distribuant des kits d’insertion pour les déplacés. Des houes, des machettes, des casseroles, des cuvettes, des assiettes, des Habit… comme don de la Fondation Mzee LDK dont elle est l’omniprésente Présidente. Sacrée Jaynet !
Elle est aussi plusieurs fois citée dans les affaires tant tumultueuses que sensibles à la tête de l’Etat, un site internet congolais de l’opposition en exile ira jusqu’à titrer: « Jaynet Kabila est la vraie 1ere Ministre de la RDC! » .
Les années passent, Jaynet évolue. Dès son élection à la députation, elle se fait remarquée par une intervention non sans être courageuse.
La députée Kalemie demandera, mercredi 9 mai, au Premier ministre Matata Ponyo d’inclure le recensement de la population congolaise dans le programme de son gouvernement.
Intervenant au cours de la plénière consacrée au vote de ce programme à l’Assemblée nationale, elle a expliqué que le gouvernement ne pouvait pas définir une politique sociale claire sans connaître le nombre des habitants du pays.
«La planification de la politique du gouvernement devra être basée sur les statistiques permettant de connaître les besoins de la population et les questions relatives au bien-être social», a déclaré Jaynet Kabila, ajoutant qu’une planification efficace ne peut se faire que sur base des «informations réelles de base sur notre population».
L’intervention, réussie, fait découvrir une dame aux capacités oratoires, denrée rare chez les Kabila, bref, une carrure politique affirmée. La suite s’annonçait déjà intéressante.
Elle se verra désignée par consensus à la tête de la Commission des sages de l’Assemblée Nationale, son tout premier rôle politique officiel, ouvrant donc le chemin à une carrière politique de grande envergure avant la grande bataille de 2016.
La grande bataille justement, si jamais elle s’y présentait à la place de « son frère », elle l’opposera entre autres probablement à un certain Vital Kamerhe, fin connaisseur de la cour, redoutable adversaire donc.
Et même si 2016 semble être encore loin, il est clair que chez les Kabila on cherche activement à se maintenir au pouvoir, quitte à trouver les moyens plus ou moins « légaux » pour y parvenir.
Va-t-on assister à une adaptation congolaise de « Poutine –Medvedev » ? La suite nous le dira.
Depuis Kinshasa,
Julianna Ngwej Nadie,In Direct.cd, septembre 2012
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