
Plus de 800 mille personnes sur une population d’environ un million d’habitants de la ville de Kikwit, dans la province de Bandundu, peinent à s’approvisionner en eau potable, en dépit de quelque 50 bornes fontaines publiques mises par la REGIDESO et de promesses des politiciens.
Il est 6h25’ ce 25 février, Christine Ntora, 36 ans, un bidon d’eau de 25 litres sur la tête, un autre de cinq litres à la main droite, marche lentement. Derrière elle, sa fillette de 13 ans qui transporte une gourde de 10 litres.
Toutes deux viennent de la source connue sous le nom de ‘Maman Ntini’ à Nzinda ; un ruisseau situé à un kilomètre et demi par rapport à leur domicile, au quartier kilokoko à Kikwit 3. Elles ont traversé la piste de l’aéroport de Nzinda et affronté une pente avant d’accéder à cette source.
«Quand est-ce que cette punition prendra fin ? Ma fille et moi avons fait près de deux heures rien que pour aller chercher de l’eau, pourtant, mon mari doit aller au service », déplore Ntora. Elle affirme avoir quitté la maison à 4h30 sous la lumière de la lune, pour aller puiser comme font plusieurs personnes.
Au Malawi, un coin bouillant du quartier Kimwanga plusieurs familles vont à pied à une source du ruisseau Lwini qui sépare Kikwit 3 et la cité. S’il pleut, la source s’abîme par du sable ou par d’autres saletés amenées par les eaux de pluie.
«Souvent, avant de puiser la population du coin donne du maïs, du manioc ou de l’argent à celui qui entretient la source. Quelques fois la bagarre s’éclate entre enfants pour se précipiter de l’eau », témoigne Odon Munganga, secrétaire au Centre culturel Mwinda.
« Ce qui est grave dans le quartier Ndangu où je vis est que le garçon qui entretient la source du ruisseau du même nom a déjà rendu deux fillettes de moins de 18 ans grosses à cause de l’eau. Il vient de sortir de la prison, il y a quelques jours », regrette Martine Mushikwanga, enseignante à l’école primaire 2 Tondana.
Dans d’autres quartiers de la ville, chaque jour à partir de 5h00 du matin, plusieurs dizaines de femmes, jeunes et d’enfants, bidons en mains, sillonnent des avenues pour atteindre les quelques bornes fontaines publiques mises par la REGIDESO.
« Nous achetons un bidon d’eau de 25 litres à 100 FC (0,10 dollars).
Ma famille qui a plus de six personnes doit avoir au moins cinq bidons par jour à 500 FC (0,54 dollars). Donc, la famille dépense 15.000 FC (16,8 dollars) par mois et 186.000 FC (202 dollars) toute l’année », déclare fâchée Hélène Tita du quartier Bongisa, dans la commune de Lukolela.
Selon elle, cet argent aurait pu aider à payer la scolarité des enfants, acheter des habits ou se faire soigner. A Masamba dans le quartier Lumbi/commune de Nzinda des inciviques non identifiés ont coupé et volé en février 2013 quelques tuyaux placés par la REGIDESO. Plusieurs familles recourent à la rivière Kwilu.
Depuis des années, Kikwit connaît de sérieux problèmes d’eau potable et d’électricité.
D’autres personnes vont même acheter l’eau de puits non traitée vendue par des particuliers. « L’on ne peut rien. Nous ne pouvons que nous contenter de cette eau », indique Robert Pongongo de la commune de Kazamba.
« Nous avons plusieurs fois parlé de cette situation d’eau et d’électricité aux autorités compétentes. Plusieurs réunions ont eu lieu à ce sujet. Nous espérons qu’un jour le problème sera résolu », souligne Raymond Kitako, un des cadres de la société civile.
A Kikwit depuis plus de cinq ans des robinets n’existent plus dans des parcelles, car selon la REGIDESO ; les foyers ne payaient plus de factures d’eau consommées. La ville utilise le système des bornes fontaines publiques.
Or, dans d’autres coins comme Kikwit 4, Kikoti… il n’y a aucune borne fontaine. « Il y a des projets pour des coins non encore servis », apaise Albert Lundonji, chef du Centre de la REGIDESO-Kikwit.
« De 2006 à 2012 huit enfants de moins de 18 ans sont morts soit asphyxiés sous l’éboulement de la terre, soit noyés dans la rivière Kwilu », témoigne Valentin Mbalanda, activiste des Droits de l’Homme.
En 2001, lors de la première visite à Kikwit de Joseph Kabila, la population de la ville lors du passage du cortège présidentiel, réclamait de l’eau potable et l’électricité à haute voix, en lingala.
En réponse, le Chef de l’Etat avait promis de résoudre le problème. «Ce n’est pas un privilège, mais un droit », avait-il dit, le 11 juin 20O1 à la tribune du camp Nsinga.
Lors de propagandes électorales de 2006 et 2011, des candidats présidents de la République et à la députation nationale y sont revenus. Mais, la situation demeure telle quelle.
« Cette ville a déjà enregistré sept fois à l’espace de cinq ans des épidémies de choléra et de la fièvre typhoïde », rappelle le Dr Paulin Kiyankay, Médecin-Directeur de la polyclinique ‘YA NGE’. Il ajoute que chaque jour, des dispensaires et hôpitaux reçoivent près de 30 pourcent des cas des maladies hydriques.
Badylon Kawanda
Direct!cd
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