mercredi 17 avril 2013

Les rebelles du Nord Kivu tentent de dissuader la future brigade africaine

Mme Mary Robinson


Longtemps accusée d’impuissance, l’ONU muscle sa présence dans l’Est du Congo : le département des affaires politiques a nommé Mme Mary Robinson, l’ancienne présidente de la République d’Irlande au poste d’envoyée spéciale pour les Grands Lacs, tandis que le département chargé du maintien de la paix s’active à mettre sur pied une brigade d’intervention africaine de 3.069 hommes qui pourraient être déployés entre mai et juillet prochains.

Trois pays, l’Afrique du Sud, le Malawi et la Tanzanie fourniront chacun un bataillon d’infanterie de 850 hommes soit un total de 2. 550 hommes. Les 550 hommes restants seront répartis en une compagnie d’artillerie, une compagnie de forces spéciales et une unité de reconnaissance, l’ensemble de la brigade étant placée sous le commandement d’un officier tanzanien.

Rappelons que c’est le 28 mars dernier que le Conseil de Sécurité de l’ONU, après de longs débats, a adopté une résolution créant cette brigade chargée de lutter contre les groupes armés sévissant dans l’Est du Congo, parmi lesquels les rebelles hutus FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) présents dans la région depuis 1994, plusieurs groupes armés congolais se réclamant de la mouvance Mai Mai et surtout le mouvement M23, un groupe composé de militaires tutsis.

Apparu début 2012, le M23 a été décrit dans plusieurs rapports de l’ONU comme un mouvement fortement soutenu par le Rwanda, ce qui avait entraîné de lourdes sanctions internationales à l’encontre de Kigali.

L’électrochoc représenté par la prise de Goma par le M23, le 20 novembre 2012, avait accéléré la décision de déployer une brigade d’intervention africaine, dotée d’un mandat plus robuste que les impuissants Casques bleus.

La perspective de ce déploiement militaire a déjà précipité la scission du M23, dont l’ « aile dure » incarnée par le pasteur Runiga et le général Bosco Ntaganda, a été militairement vaincue fin mars.

Alors que Kinshasa considérait,- un peu vite-, que le M23 avait « implosé », décapité par l’envoi de son chef, Bosco Ntaganda à la Cour pénale internationale, les rebelles se sont faits menaçants.

Bertrand Bisimwa, le porte parole politique de la faction victorieuse du M23 dirigée par le général Sultani Makenga s’est adressé au Parlement de Tanzanie, lui demandant d’annuler le projet d’envoi de troupes et il a mené la même démarche auprès du Parlement sud africain, tablant sur l’émotion provoquée par la mort de 13 soldats sud africains en Centrafrique.

Le M23 a aussi promis de « riposter » au cas où il serait attaqué par la Brigade d’intervention et a déjà multiplié les vexations à l’encontre de convois onusiens. Les observateurs reconnaissent que les 2500 hommes du M23 sont des combattants aguerris, dotés d’un armement important, et qu’ils poursuivent formations et recrutements.

Nombre d’entre eux espèrent qu’au terme de la négociation qui, à Kampala, devrait reprendre avec le gouvernement, ils seront réintégrés au sein des forces gouvernementales mais les pressions internationales, dont celles de la Belgique, bloqueront sans doute cette option.

Les rebelles essaient aussi de mobiliser la société civile du Nord Kivu, afin que les rwandophones locaux s’opposent à la Brigade d’intervention, mais les autres communautés de la province espèrent, elles, que les soldats africains les délivreront des mutineries et des guerres à répétition.

Le carnet de Colette Braeckman

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