18 04 13
Poissonneux, profond et long. Ce ne sont pas les qualificatifs qui manquent pour désigner le lac Tanganyika. Sans trahir mes leçons de géographie, il est le plus profond au monde après le lac Baïkal (Russie).
Profitant de mon séjour à Kalemie (Nord du Katanga), j’ai passé un week-end au bord d’une des « merveilles » congolaises.
Un paysage splendide. Voir des vagues onduler puis déferler sur les plages du quartier Kamkolobondo, m’a détendu après une semaine chargée.
Derrière moi, des maisons en paille, quelques femmes font la lessive. Elles tapent les habits contre des rochers pour en extraire la saleté. Des gamins, torses nus, s’amusent à jouer sur les vagues.
Le vent souffle, des pirogues de pêcheurs tanguent à un rythme régulier comme un manège. En somme, des images carte postale dont un documentariste ne manquerait pas.
Curieux, je me suis rapproché de ces pêcheurs. Ils étaient cinq ce jour-là. L’un d’eux, Kingamwa Kalwangu, 52 ans et 29 ans d’expérience. Il tire de sa pirogue un filet vide qu’il étale sur le sol pour vérifier les mailles.
Surpris de ne pas voir de poisson, je réfléchis deux fois avant de lui poser la question qui me semble toute bête : « j’ai appris que ce lac était parmi les plus poissonneux du monde, où sont ces poissons ?»
Un peu gêné, il lâche :
Avant, il y avait beaucoup de poissons, on revenait les pirogues pleines de poissons de toute espèce, il y en avait même de ta taille »,plaisante-t-il avant de continuer : actuellement, nous partons sur le lac et parfois nous revenons comme nous sommes partis, avec les filets vides. Les poissons sont de plus en plus rares. Nous pêchons jour et nuit avec du matériel du bord.
Au fur de notre conversation, je comprends que la pêche sur ce lac n’est pas régulée. Elle est artisanale. Ce qui explique la disparition des espèces. Avec ce contexte, le vieux Kingamwa Kalwangu voit son rêve périr :
Mon rêve a toujours été de totaliser 5000$ pour payer un moteur Yamaha pour ma pirogue afin de me permettre d’aller pêcher plus loin, mais maintenant, je ne pense pas que c’est encore possible, regrette-t-il.
Absorbé par le témoignage de Kalwangu, je découvre que plus rien ne résiste face au chaos congolais. A l’image des institutions du pays, l’amateurisme a vidé le lac Tanganyika. Il n’est plus ce lac poissonneux tel que je l’ai appris au collège. Hélas !
Congoblog
Poissonneux, profond et long. Ce ne sont pas les qualificatifs qui manquent pour désigner le lac Tanganyika. Sans trahir mes leçons de géographie, il est le plus profond au monde après le lac Baïkal (Russie).
Profitant de mon séjour à Kalemie (Nord du Katanga), j’ai passé un week-end au bord d’une des « merveilles » congolaises.
Un paysage splendide. Voir des vagues onduler puis déferler sur les plages du quartier Kamkolobondo, m’a détendu après une semaine chargée.
Derrière moi, des maisons en paille, quelques femmes font la lessive. Elles tapent les habits contre des rochers pour en extraire la saleté. Des gamins, torses nus, s’amusent à jouer sur les vagues.
Le vent souffle, des pirogues de pêcheurs tanguent à un rythme régulier comme un manège. En somme, des images carte postale dont un documentariste ne manquerait pas.
Curieux, je me suis rapproché de ces pêcheurs. Ils étaient cinq ce jour-là. L’un d’eux, Kingamwa Kalwangu, 52 ans et 29 ans d’expérience. Il tire de sa pirogue un filet vide qu’il étale sur le sol pour vérifier les mailles.
Surpris de ne pas voir de poisson, je réfléchis deux fois avant de lui poser la question qui me semble toute bête : « j’ai appris que ce lac était parmi les plus poissonneux du monde, où sont ces poissons ?»
Un peu gêné, il lâche :
Avant, il y avait beaucoup de poissons, on revenait les pirogues pleines de poissons de toute espèce, il y en avait même de ta taille »,plaisante-t-il avant de continuer : actuellement, nous partons sur le lac et parfois nous revenons comme nous sommes partis, avec les filets vides. Les poissons sont de plus en plus rares. Nous pêchons jour et nuit avec du matériel du bord.
Au fur de notre conversation, je comprends que la pêche sur ce lac n’est pas régulée. Elle est artisanale. Ce qui explique la disparition des espèces. Avec ce contexte, le vieux Kingamwa Kalwangu voit son rêve périr :
Mon rêve a toujours été de totaliser 5000$ pour payer un moteur Yamaha pour ma pirogue afin de me permettre d’aller pêcher plus loin, mais maintenant, je ne pense pas que c’est encore possible, regrette-t-il.
Absorbé par le témoignage de Kalwangu, je découvre que plus rien ne résiste face au chaos congolais. A l’image des institutions du pays, l’amateurisme a vidé le lac Tanganyika. Il n’est plus ce lac poissonneux tel que je l’ai appris au collège. Hélas !
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