
Les habitants de la bourgade de Mutaho au Nord de Goma ont fui depuis 4 heures du matin, les attaques du M23 contre les positions des FARDC. Femmes, hommes et enfants se sont retrouvés à Muja vers Munigi avant de finir leur course à la paroisse Catholique Saint François-Xavier de Ndosho.
Plus de 500 personnes ont pris place dans les hangars des écoles et sur les terrains de jeu sans à manger ni couvertures.
Les témoignages recueillis par Radio Kivu1 renseignent que ces déplacés de guerre ont quitté leurs maisons en écoutant les détonations des armes lourdes et automatiques au Nord de Goma.
La ville elle-même était comme dans un état de stress et des « on-dit ».Bien que le travail a été moins perturbé, certaines banques et coopératives ont gardé la prudence de ne pas ouvrir tous les guichets.
Plus tard dans la journée, la porte-parole du gouvernement provincial, Marie Shematsi a rassuré la population en parlant la première à la presse.
Le porte-parole des FARDC, le colonel Olivier Hamuli qui était au front a également rassuré la population que la situation est sous contrôle des Fardc.
En fin de journée c’est le vice-gouverneur en personne, Feller Lutaichirwa qui s’est prononcé en invitant les parents à envoyer les élèves à l’école mardi car la ville de Goma ne court aucun risque.
Goma a ainsi passé un lundi stressant avec le mouvement des militaires dans la ville allant au front et des nouvelles alarmantes venant des portables.
Selon des indiscrétions, ces messages sont de la tactique du M23 de paniquer la ville avant l’arrivée à Goma du secrétaire général des Nations Unies de Ban Ki-Moon cette semaine …si son programme n’est pas encore changé.
Durant cette journée agitée à Goma, le témoignage d’un certain colonel Ngoy Ilunga, un S2 régiment service donc chargé de renseignement au M23 était diffusé.
Cet ancien de la garde républicaine(GR) qui avait été capturé en Novembre 2012 lors de la chute de Goma, a fait défection du mouvement rebelle et évacué sur Goma par la Monusco et 17 autres militaires avec armes et une radio Motorola.
Ce militaire confirme qu’il y a toujours une complicité continue entre les rebelles et quelques personnes dans la ville, servant de relai et de cinquième colonne.
LE M23 PRETEND NE PAS VOULOIR ENTRER A GOMA : ECHEC OU STRATEGIE ?
Sur RFI Kiswahili, le président du M23 Bertrand Bisimwa ; d’une voix enrhumée très confondue à celle de René Abandi le chef de la délégation du M23 au dialogue de Kampala, et presque méconnaissable a donné plus de détails, selon lui, des combats qui ont repris au Nord de Goma ce lundi 20 mai 2013.
« Ce sont les FARDC et les FDLR qui nous ont attaqués en premier très tôt vers 4 heures du matin. Ils ont pris nos positions après avoir tiré sur nos militaires. Les FDLR étaient devant et les FARDC sont venus à la rescousse. Ils ont utilisés des hélicoptères et des blindées, »Dit-il.
Le porte-parole des FARDC,le colonel Olivier Hamuli a démenti ces informations en précisant que depuis deux semaines, le M23 préparait d’attaquer la ville de Goma avant l’arrivée de la brigade d’intervention des Nations Unies.
Ce sont les militaires du M23 qui nous ont attaqué dans le village de Mutaho à 12 kilomètres de Goma a-t-il dit. Le colonel Olivier Hamuli a ajouté : « Nous savons que le M23 reçoit des renforts de l’étranger mais ils ne sont pas parvenus à déborder »
Dans cet échange de guerre médiatique, Bertrand Bisimwa a enfoncé le clou tout en restant rassurant par moment. Répondant aux questions de Ruben Lukumbuka, il a été plus que formel : « Nous ne pouvons pas prendre l’initiative de relancer la guerre.
Le gouvernement a refusé de signer un cessez-le-feu avec nous, donc c’est lui qui préparait la guerre car il rejette toute issue politique ou par le dialogue, de cette crise…Nous demandons au secrétaire général des Nations Unies et le conseil de sécurité de constater la souffrance de notre peuple, a ajouté le président du M23.
« Nous ne voulons pas prendre une quelconque ville en RDC, ni Goma ni Bukavu, reprend Bertrand Bisimwa. Nous voulons des négociations politiques. Si le gouvernement arrête les combats, nous aussi nous allons les arrêter…Nous exigeons que les combats soient stoppés. Nous ne souhaitons pas arriver à Goma par les combats »
Pour rappel, la tension est forte ce 20.05.2013. Les banques ferment, les écoles, les commerces et quelques bureaux étatiques et Organisations locales et internationales également.
La semaine passée le M23, mouvement rebelle revendiquant l’application des accords du 23 mars 2009 (et qui contrôle 4 groupements dans les territoire de Rutshuru et Nyiragongo depuis Mai 2012) par Kinshasa, a menacé au travers de médias locaux, de reprendre le contrôle de la capitale du Nord-Kivu si les négociations en cours à Munyonyo dans la capitale ougandaise ne reprenaient pas comme il se devait.
Mwanza Kasongo
envoyé spéciale à Goma – Oeil d’Afrique
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