20 septembre 2013
Les négociations ouvertes à Kampala entre la délégation du gouvernement de Kinshasa et les porte parole des rebelles du M23 piétinent depuis décembre 2012.
Kampala
Mais cette fois, à la veille de la réunion de l’Assemblée générale de l’ONU, où les Grands Lacs figureront à l’ordre du jour, le compte à rebours s’accélère : les chefs d’Etat de la région avaient sommé les négociateurs de conclure en 14 jours et d’ici une semaine, tout devrait être terminé…Sauf si les pourparlers échouent, cédant le pas à une reprise des hostilités.
Les militaires s’y préparent déjà et le Rwanda comme le Congo massent des troupes de part et d’autre de la frontière.
En effet, les positions respectives sont difficilement compatibles. Le M23 lie le désarmement de ses troupes à deux exigences : la neutralisation des combattants hutus membres des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) et le rapatriement des réfugiés congolais se trouvant au Rwanda.
Il assure que ses hommes, soldats et officiers, ne souhaitent même plus être réintégrés au sein de l’armée congolaise.
En réalité, les trois sujets qui demeurent en litige portent précisément sur l’amnistie, la réintégration et l’avenir des cadres politiques de la rébellion.
Même si certains négociateurs congolais, pressés d’en finir, auraient pu se montrer conciliants, la communauté internationale, désireuse de briser la spirale «amnistie, réintégration puis nouvelle rébellion » a tenté d’empêcher de nouvelles concessions.
En effet, plusieurs dirigeants du M23 figurent sur des listes établies par les Nations unies, les Etats unis, l’Union européenne, prévoyant interdiction de voyage et sanctions.
De plus, un certain nombre d’officiers mutins comme Sultani Makenga ou Innocent Kaina ont été radiés de l’armée congolaise. De fortes pressions ont été exercées sur Kinshasa par des pays comme la Belgique pour que les mutins « multirécidivistes » et accusés de nombreux crimes de guerre ne soient pas réintégrés au sein de l’armée.
Message reçu : les négociateurs congolais ont remis à la facilitation ougandaise une liste d’une centaine de commandants militaires du M23, (sur un total de 1700 combattants identifiés) qui ne pourraient bénéficier ni de mesures d’amnistie ni de réintégration.
Il s’agit de récidivistes, d’auteurs de crimes de guerre, de violences sexuelles, de responsables de recrutement d’enfants, de personnes déjà jugées pour activités criminelles.
Le ministre congolais de l’Information Lambert Mende a aussi relevé huit cas de « fraude à la nationalité » dans le chef d’activistes du M23 : alors que la nationalité congolaise est exclusive, (ce qui n’est pas le cas de la nationalité rwandaise !) une dizaine d’officiers et quelques civils seraient aussi des ressortissants d’un autre pays !
Ce veto mis par Kinshasa représente le principal point de blocage des pourparlers car les deux points officiellement avancés par le M23 pourraient, eux, trouver une solution.
En effet le retour des milliers de réfugiés congolais installés au Rwanda, serait possible si le Comité international de la Croix Rouge et le Haut Commissariat aux réfugiés acceptaient d’identifier et de rapatrier les intéressés.
Quant au désarmement des combattants hutus se trouvant au Congo, les observateurs relèvent que, même si les FDLR se composent de groupes bien organisés, leur nombre ne dépasse plus les 2000 unités.
Tant la Monusco que la Brigade d’intervention africaine soulignent que les Hutus rwandais figurent en deuxième position sur la liste des groupes que le Conseil de Sécurité leur a demandé de neutraliser et que la mise à pied du M23 représenterait un signal pour tous des autres groupes armés.
Autre message de fermeté dans le chef de Kinshasa : Lambert Mende a exclu que les groupes armés puissent envoyer des délégués aux concertations nationales qui rassemblent plus de 800 délégués à Kinshasa, et il a assuré que « ces assises ne devaient pas se transformer en exercice de sacralisation des crimes et de l’impunité ».
Au départ, ces concertations avaient pour premier objectif de renforcer la cohésion nationale face à la guerre à l’Est, mais il n’est pas exclu qu’à la clôture des travaux, le gouvernement soit remanié et élargi à l’opposition.
Une autre question, non formulée, est présente dans tous les esprits : à l’issue de son deuxième et dernier mandat, le président Kabila modifiera-t-il la Constitution pour jouer les prolongations ?
Le carnet de Colette Braeckman
Les négociations ouvertes à Kampala entre la délégation du gouvernement de Kinshasa et les porte parole des rebelles du M23 piétinent depuis décembre 2012.
Kampala
Mais cette fois, à la veille de la réunion de l’Assemblée générale de l’ONU, où les Grands Lacs figureront à l’ordre du jour, le compte à rebours s’accélère : les chefs d’Etat de la région avaient sommé les négociateurs de conclure en 14 jours et d’ici une semaine, tout devrait être terminé…Sauf si les pourparlers échouent, cédant le pas à une reprise des hostilités.
Les militaires s’y préparent déjà et le Rwanda comme le Congo massent des troupes de part et d’autre de la frontière.
En effet, les positions respectives sont difficilement compatibles. Le M23 lie le désarmement de ses troupes à deux exigences : la neutralisation des combattants hutus membres des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) et le rapatriement des réfugiés congolais se trouvant au Rwanda.
Il assure que ses hommes, soldats et officiers, ne souhaitent même plus être réintégrés au sein de l’armée congolaise.
En réalité, les trois sujets qui demeurent en litige portent précisément sur l’amnistie, la réintégration et l’avenir des cadres politiques de la rébellion.
Même si certains négociateurs congolais, pressés d’en finir, auraient pu se montrer conciliants, la communauté internationale, désireuse de briser la spirale «amnistie, réintégration puis nouvelle rébellion » a tenté d’empêcher de nouvelles concessions.
En effet, plusieurs dirigeants du M23 figurent sur des listes établies par les Nations unies, les Etats unis, l’Union européenne, prévoyant interdiction de voyage et sanctions.
De plus, un certain nombre d’officiers mutins comme Sultani Makenga ou Innocent Kaina ont été radiés de l’armée congolaise. De fortes pressions ont été exercées sur Kinshasa par des pays comme la Belgique pour que les mutins « multirécidivistes » et accusés de nombreux crimes de guerre ne soient pas réintégrés au sein de l’armée.
Message reçu : les négociateurs congolais ont remis à la facilitation ougandaise une liste d’une centaine de commandants militaires du M23, (sur un total de 1700 combattants identifiés) qui ne pourraient bénéficier ni de mesures d’amnistie ni de réintégration.
Il s’agit de récidivistes, d’auteurs de crimes de guerre, de violences sexuelles, de responsables de recrutement d’enfants, de personnes déjà jugées pour activités criminelles.
Le ministre congolais de l’Information Lambert Mende a aussi relevé huit cas de « fraude à la nationalité » dans le chef d’activistes du M23 : alors que la nationalité congolaise est exclusive, (ce qui n’est pas le cas de la nationalité rwandaise !) une dizaine d’officiers et quelques civils seraient aussi des ressortissants d’un autre pays !
Ce veto mis par Kinshasa représente le principal point de blocage des pourparlers car les deux points officiellement avancés par le M23 pourraient, eux, trouver une solution.
En effet le retour des milliers de réfugiés congolais installés au Rwanda, serait possible si le Comité international de la Croix Rouge et le Haut Commissariat aux réfugiés acceptaient d’identifier et de rapatrier les intéressés.
Quant au désarmement des combattants hutus se trouvant au Congo, les observateurs relèvent que, même si les FDLR se composent de groupes bien organisés, leur nombre ne dépasse plus les 2000 unités.
Tant la Monusco que la Brigade d’intervention africaine soulignent que les Hutus rwandais figurent en deuxième position sur la liste des groupes que le Conseil de Sécurité leur a demandé de neutraliser et que la mise à pied du M23 représenterait un signal pour tous des autres groupes armés.
Autre message de fermeté dans le chef de Kinshasa : Lambert Mende a exclu que les groupes armés puissent envoyer des délégués aux concertations nationales qui rassemblent plus de 800 délégués à Kinshasa, et il a assuré que « ces assises ne devaient pas se transformer en exercice de sacralisation des crimes et de l’impunité ».
Au départ, ces concertations avaient pour premier objectif de renforcer la cohésion nationale face à la guerre à l’Est, mais il n’est pas exclu qu’à la clôture des travaux, le gouvernement soit remanié et élargi à l’opposition.
Une autre question, non formulée, est présente dans tous les esprits : à l’issue de son deuxième et dernier mandat, le président Kabila modifiera-t-il la Constitution pour jouer les prolongations ?
Le carnet de Colette Braeckman
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