21/09/2013
Joseph KABILA et Yoweri MUSEVENI
Ce lundi, le deuxième round des négociations de Kampala entre le gouvernement et le M23, sous la médiation ougandaise, accomplira 14 jours. Ce temps représente la durée que les chefs d’Etas de la CIRGL avaient donnée aux parties pour boucler.
Ou plus explicitement au Médiateur pour conclure par un Accord signé par les deux camps.
Or, on est encore loin, très loin du compte. On est déjà dans des prolongations au 14ème jour, le constat étant que le fossé est encore profond entre les deux positions exprimées à Kampala.
Depuis la reprise, la médiation ougandaise n’a su convoquer la plénière des délégués qu’une seule fois: le mardi dernier. Au cours de cette séance, le facilitateur ougandais, Cryspus Kiyonga, n’a pas présenté un projet d’Accord entre les deux parties.
Il a cependant, produit un document qui reprend 10 points qui feront encore l’objet des discussions entre les deux parties.
Ce ne sont donc pas des points d’accord, mais plutôt de profondes divergences.
Comme, par exemple, l’amnistie en bloc qu’exige le M23 ou encore leur intégration automatique dans les Fardc qu’ils continuent à réclamer à tue-tête, malgré des déclarations publiques mensongères qu’ils tiennent à longueur des journées selon lesquelles les Fardc n’ont rien pour les attirer.
Comme on le voit, au 14ème jour, la physionomie n’a pas évolué d’un iota. En plus, il faudrait marquer un break occasionné par les travaux de New-York où se tient en week-end une réunion de la CIRGL sur la RDC en marge de l’Assemblée générale de l’Onu.
Faudra-t-il accorder une énième prolongation au médiateur ougandais Museveni Kaguta? Non, répond Lambert Mende Omalanga, porte-parole du gouvernement qui a raison de monter au créneau contre la médiation ougandaise.
Pour lui, il faut se conformer aux prescrits des chefs d’Etat lors de la VIIème session extraordinaire de la CIRGL sur la RDC à Kampala.
Ce sont eux qui ont fixé le timing de 14 jours. Ce qui veut dire qu’au bout de ce timing, il faut savoir arrêter et non chercher à aller au-delà de leur mandat.
La Médiation ougandaise n’a donc plus qu’une alternative, soit conclure soit établir un procès verbal de carence.
NEUF BONS MOIS
Mende Omalanga a pleinement raison. Car on a vite oublié que les pourparlers sous la médiation ougandaise ont déjà consommé 9 bons mois. Sans aucune avancée.
Ce qui a poussé les chefs d’Etats de la CIRGL à fixer un délai sous forme d’ultimatum de 14 jours. Ultimatum adressé plutôt à la médiation qui joue même le jeu et qui est en mesure de conduire les deux parties à signer un Accord de paix.
L’Ouganda en est incapable. Faudra-t-il encore proroger ? Jusqu’à l’infini. La logique simple voudrait effectivement que le Médiateur, qui est resté tout aussi contre- performant dans les 14 jours, s’en remette à nouveau aux chefs d’Etats de la CIRGL.
L’occasion faisant le larron, ceux-ci se réunissant à New York, c’est là où Museveni Kaguta, à défaut de conclure les pourparlers, devra présenter un PV de carence comme le lui demande Lambert Mende Omalanga, car il est encore à mille lieux de la solution.
En font foi les deux points parmi les plus sensibles qui sont l’amnistie automatique de tous les rebelles du M23 et leur intégration en bloc. La position du gouvernement, qui rencontre celle des Congolais est connue et inchangée.
Il n’est pas question d’amnistier en bloc des personnes dont la plupart ont commis des crimes de guerre et crimes contre l’humanité et sont sous sanction de l’Onu.
A ce sujet, le porte-parole du gouvernement estime que, sur la liste de 1700 éléments du M23 qu’il a publiée, plus de 100 combattants sont susceptibles d’être poursuivis pour crimes internationaux. Raison de plus pour rejeter toute amnistie. Quant à l’intégration, il n’est pas question de reprendre les erreurs du passé.
C’est suite à ces erreurs du passé, que les négociations sont sous pression avec le CNDP. Dans ce rapport qui lui était favorable, le gouvernement a donné plus qu’il ne pouvait.
Comment amnistier un criminel de guerre comme Bosco Ntaganda, en 2009, qui était pourtant déjà sous mandat d’arrêt international de la CPI depuis 2006?
FALLACIEUX PRETEXTE
C’était sous la même pression des parrains rwandais et ougandais comme à ce jour avec le M23. Quant à l’intégration, l’erreur de 2009 était d’accepter le mixage des troupes du CNDP avec les Fardc et d’accepter de les consigner uniquement au Nord-Kivu.
Quels sont ces soldats-là au monde qui exigeraient à leur hiérarchie de n’évoluer que dans leurs milieux d’origine ? Au Rwanda ? En Ouganda ? Au Burundi ou en Tanzanie ?
Le fallacieux prétexte avancé est de protéger les Tutsi du Nord-Kivu contre des menaces de mort des génocidaires hutu des FDLR. C’est là qu’intervient la revendication d’éradication des FDLR. Celles-ci qui menacent d’extermination la communauté tutsi et qui empêchent aussi les refugiés tutsi de revenir au Nord-Kivu. Pourtant, c’est connu.
Les FDLR commettent des pires exactions contre les populations congolaises indistinctement et non seulement contre les Tutsi du Kivu.
Si le M23 est retourné à Kampala pour aller causer ces blocages, c’est après ses revers militaires des combats de Kibati.
Les rebelles et leurs parrains savent pertinemment bien qu’ils sont actuellement en position de faiblesse face aux Fardc soutenues par la Monusco. Ils procèdent par des diversions pour gagner du temps, car ils préparent une nouvelle guerre dans la quête du changement du rapport des forces.
C’est ce qui explique le piétinement à Kampala qui est encouragé par l’Ouganda. Ce dernier continue à jouer le jeu de la rébellion. Autrement, comment comprendre que Crispus Kiyonga, ministre ougandais de la Défense et facilitateur des négociations de Kampala, ait demandé sur BBC dans son édition de mercredi dernier à la Monusco de cesser toute offensive contre le M23 afin de donner la chance à la voie politique.
Kiyonga sait pourtant bien que cette voie politique qu’il chante sous tous les toits est toujours au point mort à cause du M23 et que la reprise de la guerre sur la ligne de front devient de plus en plus inévitable.
Mais par cet appel, l’Ouganda fait tout pour sauver le M23 en empêchant toute attaque de la Monusco et en maintenant le centre du jeu politique à Kampala. Pour aller tourner en rond.
____________
[KANDOLO M.]
© KongoTimes
Joseph KABILA et Yoweri MUSEVENI
Ce lundi, le deuxième round des négociations de Kampala entre le gouvernement et le M23, sous la médiation ougandaise, accomplira 14 jours. Ce temps représente la durée que les chefs d’Etas de la CIRGL avaient donnée aux parties pour boucler.
Ou plus explicitement au Médiateur pour conclure par un Accord signé par les deux camps.
Or, on est encore loin, très loin du compte. On est déjà dans des prolongations au 14ème jour, le constat étant que le fossé est encore profond entre les deux positions exprimées à Kampala.
Depuis la reprise, la médiation ougandaise n’a su convoquer la plénière des délégués qu’une seule fois: le mardi dernier. Au cours de cette séance, le facilitateur ougandais, Cryspus Kiyonga, n’a pas présenté un projet d’Accord entre les deux parties.
Il a cependant, produit un document qui reprend 10 points qui feront encore l’objet des discussions entre les deux parties.
Ce ne sont donc pas des points d’accord, mais plutôt de profondes divergences.
Comme, par exemple, l’amnistie en bloc qu’exige le M23 ou encore leur intégration automatique dans les Fardc qu’ils continuent à réclamer à tue-tête, malgré des déclarations publiques mensongères qu’ils tiennent à longueur des journées selon lesquelles les Fardc n’ont rien pour les attirer.
Comme on le voit, au 14ème jour, la physionomie n’a pas évolué d’un iota. En plus, il faudrait marquer un break occasionné par les travaux de New-York où se tient en week-end une réunion de la CIRGL sur la RDC en marge de l’Assemblée générale de l’Onu.
Faudra-t-il accorder une énième prolongation au médiateur ougandais Museveni Kaguta? Non, répond Lambert Mende Omalanga, porte-parole du gouvernement qui a raison de monter au créneau contre la médiation ougandaise.
Pour lui, il faut se conformer aux prescrits des chefs d’Etat lors de la VIIème session extraordinaire de la CIRGL sur la RDC à Kampala.
Ce sont eux qui ont fixé le timing de 14 jours. Ce qui veut dire qu’au bout de ce timing, il faut savoir arrêter et non chercher à aller au-delà de leur mandat.
La Médiation ougandaise n’a donc plus qu’une alternative, soit conclure soit établir un procès verbal de carence.
NEUF BONS MOIS
Mende Omalanga a pleinement raison. Car on a vite oublié que les pourparlers sous la médiation ougandaise ont déjà consommé 9 bons mois. Sans aucune avancée.
Ce qui a poussé les chefs d’Etats de la CIRGL à fixer un délai sous forme d’ultimatum de 14 jours. Ultimatum adressé plutôt à la médiation qui joue même le jeu et qui est en mesure de conduire les deux parties à signer un Accord de paix.
L’Ouganda en est incapable. Faudra-t-il encore proroger ? Jusqu’à l’infini. La logique simple voudrait effectivement que le Médiateur, qui est resté tout aussi contre- performant dans les 14 jours, s’en remette à nouveau aux chefs d’Etats de la CIRGL.
L’occasion faisant le larron, ceux-ci se réunissant à New York, c’est là où Museveni Kaguta, à défaut de conclure les pourparlers, devra présenter un PV de carence comme le lui demande Lambert Mende Omalanga, car il est encore à mille lieux de la solution.
En font foi les deux points parmi les plus sensibles qui sont l’amnistie automatique de tous les rebelles du M23 et leur intégration en bloc. La position du gouvernement, qui rencontre celle des Congolais est connue et inchangée.
Il n’est pas question d’amnistier en bloc des personnes dont la plupart ont commis des crimes de guerre et crimes contre l’humanité et sont sous sanction de l’Onu.
A ce sujet, le porte-parole du gouvernement estime que, sur la liste de 1700 éléments du M23 qu’il a publiée, plus de 100 combattants sont susceptibles d’être poursuivis pour crimes internationaux. Raison de plus pour rejeter toute amnistie. Quant à l’intégration, il n’est pas question de reprendre les erreurs du passé.
C’est suite à ces erreurs du passé, que les négociations sont sous pression avec le CNDP. Dans ce rapport qui lui était favorable, le gouvernement a donné plus qu’il ne pouvait.
Comment amnistier un criminel de guerre comme Bosco Ntaganda, en 2009, qui était pourtant déjà sous mandat d’arrêt international de la CPI depuis 2006?
FALLACIEUX PRETEXTE
C’était sous la même pression des parrains rwandais et ougandais comme à ce jour avec le M23. Quant à l’intégration, l’erreur de 2009 était d’accepter le mixage des troupes du CNDP avec les Fardc et d’accepter de les consigner uniquement au Nord-Kivu.
Quels sont ces soldats-là au monde qui exigeraient à leur hiérarchie de n’évoluer que dans leurs milieux d’origine ? Au Rwanda ? En Ouganda ? Au Burundi ou en Tanzanie ?
Le fallacieux prétexte avancé est de protéger les Tutsi du Nord-Kivu contre des menaces de mort des génocidaires hutu des FDLR. C’est là qu’intervient la revendication d’éradication des FDLR. Celles-ci qui menacent d’extermination la communauté tutsi et qui empêchent aussi les refugiés tutsi de revenir au Nord-Kivu. Pourtant, c’est connu.
Les FDLR commettent des pires exactions contre les populations congolaises indistinctement et non seulement contre les Tutsi du Kivu.
Si le M23 est retourné à Kampala pour aller causer ces blocages, c’est après ses revers militaires des combats de Kibati.
Les rebelles et leurs parrains savent pertinemment bien qu’ils sont actuellement en position de faiblesse face aux Fardc soutenues par la Monusco. Ils procèdent par des diversions pour gagner du temps, car ils préparent une nouvelle guerre dans la quête du changement du rapport des forces.
C’est ce qui explique le piétinement à Kampala qui est encouragé par l’Ouganda. Ce dernier continue à jouer le jeu de la rébellion. Autrement, comment comprendre que Crispus Kiyonga, ministre ougandais de la Défense et facilitateur des négociations de Kampala, ait demandé sur BBC dans son édition de mercredi dernier à la Monusco de cesser toute offensive contre le M23 afin de donner la chance à la voie politique.
Kiyonga sait pourtant bien que cette voie politique qu’il chante sous tous les toits est toujours au point mort à cause du M23 et que la reprise de la guerre sur la ligne de front devient de plus en plus inévitable.
Mais par cet appel, l’Ouganda fait tout pour sauver le M23 en empêchant toute attaque de la Monusco et en maintenant le centre du jeu politique à Kampala. Pour aller tourner en rond.
____________
[KANDOLO M.]
© KongoTimes
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire