dimanche 17 novembre 2013

« Peut-être qu’il est temps de parler à votre opposition armée » dit Museveni à Kagame

Vendredi, 15 Novembre 2013



La situation dans les Grands lacs est entrain de changer. Les derniers développements de la guerre à l’Est de la RDCongo délient les langues. Ce sont deux éternels alliés tribalo-politiques qui sont en scène. 


Ceux- là même qui sont accusés, avec toutes les preuves, de soutenir les mouvements rebelles qui écument la partie orientale de la RDCongo, seraient sur le point d’afficher en public leurs divergences sur la nouvelle géopolitique de la sous- région. 

Ce texte, publié dans le réseau AFROAMERICA le 10 Novembre 2013 est une illustration de ce changement de stratégie dans les Grands Lacs.

Le président ougandais, Yoweri Museveni, a appelé le dictateur rwandais Paul Kagame, le jeudi 7 Novembre 2013, pour l’exhorter à parler à son opposition armée avant qu’il ne soit trop tard, ont indiqué à AFROAMERICA des sources au sein des Forces de défense rwandaises –FDR, proche du président Paul Kagame.


Yoweri Museveni est le dernier dune série de dirigeants régionaux africains qui ont conseillé Kagame au cours des 6 derniers mois, pour parler à son opposition armée afin de ramener la paix dans la région africaine des Grands Lacs.


Yoweri Museveni a appelé le président rwandais, après avoir assisté à un sommet conjoint des pays de la Communauté de développement d’Afrique australe -SADC- et de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs -CIRGL-, tenue à Pretoria, Afrique du Sud, le lundi 4 Novembre 2013.


Lors de ce Sommet conjoint de la SADC et de la CIRGL, co-présidé par la présidente du Malawi et de la SADC, le président ougandais et de la CIRGL, Yoweri Museveni et le président sud-africain Jacob Zuma, les dirigeants ont exhorté les rebelles RDCongolais du M23 à désarmer et rejoindre le processus de paix dans le cadre de l’Accord sur la paix, la Sécurité et la Coopération en RD-Congo et dans la région , signé à Addis-Abeba le 24 Février 2013... 


Les rebelles, soutenus par le Rwanda, ont finalement été vaincus et se sont rendus dans les deux jours suivants.

Visions opposées sur la paix dans les Grands lacs.

C’est juste un conseil, a déclaré Yoweri Museveni à Paul Kagame. Selon les sources, l’appel du président ougandais à son homologue rwandais a duré près de 15 minutes. 


Yoweri Museveni a dit en substance: «Je viens de la réunion de la SADC, où des discussions sur la paix durable dans la région des Grands Lacs ont eu lieu. Malheureusement, il semble que la plupart des dirigeants pensent que l’un des principaux facteurs... à l‘insécurité est la présence... des rebelles rwandais dans l’Est de la République démocratique du Congo. Il est clair que celte question devra être abordée, d’une façon ou d’une autre. Et les dirigeants estiment que le problème ne peut être résolu sans que le gouvernement rwandais ne se soit assis à la table de négociation avec son opposition armée. Moi aussi, je crois, peut-être qu’il est temps pour vous de parler à votre opposition armée».

On se rappelle que Kagame avait refusé d’assister à la réunion, préférant au contraire délégué sa ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo.


En réponse à cette exhortation, Kagame a déclaré: «Je ne saurai jamais parler aux génocidaires des FDLR Jamais, … jamais. Je ne parlerai pas avec des criminels». 


Et la président Museveni de calmer le jeu : «S’il vous plaît, prenez cela comme juste un conseil. Et je vous comprends. Personne ne veut parler à des criminels. Mais, dans votre cas, toute votre opposition armée n‘est pas constituée que des FDLR. Tous ne sont pas des criminels. Il y a des gens, au sein de votre opposition armée, avec qui vous pouvez commencer à envisager de parler!».

Après l’appel, Kagame a convoqué une réunion d’urgence de ses principaux conseillers. Il est revenu sur le contenu de son appel avec Yoweri Museveni. 


A la fin, il a déclaré: "Voyez-vous ce que je vous ai dit. Nous sommes seuls. Même Yoweri qui, nous croyions, était notre ami et allié, nous tourne le dos. Aujourd’hui, il nous dit une chose, et le lendemain, il sort rencontre d’autres dirigeants, et nous poignarde dans le dos”. 

Il a ensuite ordonné à ses principaux conseillers de réfléchir à une stratégie pour faire face à l’isolement croissant du gouvernement rwandais par les dirigeants régionaux africains et les dirigeants du monde et de se réunir à nouveau bientôt.

Le Rwanda de plus en plus isolé

Le gouvernement rwandais est de plus en plus isolé par de nombreux gouvernements occidentaux et les dirigeants africains à cause de son rôle dans la perpétuation de l’insécurité dans la région des Grands Lacs. 


Le vendredi 1er Novembre 2013, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry et le secrétaire britannique des Affaires étrangères, ont appelé Paul Kagame pour l’avertir des conséquences désastreuses s’il continue son mauvais rôle dans le conflit en RD-Congo. 

C’était la deuxième fois en un an, que les dirigeants américains et britanniques avertissent personnellement le dictateur rwandais de s’éloigner du conflit en rd-congolais. 

En Décembre 2012, le Président américain Barack Obama avait déjà appelé le général Paul Kagame pour des avertissements similaires... A deux reprises, au cours de cette année, les Etats- Unis ont coupé l’aide militaire au Rwanda, comme un signe de mécontentement envers le dictateur rwandais... 

Plusieurs appels au gouvernement rwandais à ouvrir des négociations avec son opposition armée ont été faits au cours des 6 derniers mois par les dirigeants régionaux africains qui conseillent au président Kagame de parler avec son opposition armée afin de ramener la paix dans la région des Grands Lacs. 

Tout d’abord, il y a eu cet appel du président tanzanien, Jakaya Kikwete, qui avait déjà conseillé au dictateur rwandais de négocier avec son opposition armée, en particulier les FDLR. Au lieu de tenir compte de ces recommandations, le président Kagame avait menacé d’assassiner le président tanzanien Jakaya Kikwete...

Le samedi 15 juin 2013, le Sommet extraordinaire des Chefs d’Etat et de gouvernement des pays de la SADC qui s’est tenu à Maputo, au Mozambique, avait exhorté les gouvernements rwandais et ougandais à envisager des pourparlers directs avec tous les groupes armés de l’opposition pour une solution politique de longue durée dans la région des Grands Lacs. 


Dans leur communiqué conjoint à l’issue du Sommet, les dirigeants de la SADC déclaraient : «le Sommet a exhorté les Républiques du Rwanda et de l’Ouganda à envisager d’engager le dialogue avec toutes les forces négatives dans un effort pour trouver une solution politique durable dans la région des Grands Lacs pour assurer la paix, la sécurité et la coopération».


Tête de mule

Ensuite, le ministre des Affaires étrangères belge, Didier Reynders, a suivi. Au début du mois de juillet 2013, tout en se référant implicitement à la proposition du président tanzanien Jakaya Kikwete, renforcée par la recommandation de la SADC au Rwanda, à ouvrir des négociations avec son opposition armée afin d’apporter la paix en RDCongo et dans la sous-région, déclarait: «Il est clair que le dialogue avec toutes les forces qui sont souvent désignés comme négatives mais qui acceptent de parler est avant tout une priorité nationale, et ensuite entre dans l’intérêt stratégique de la région des Grands Lacs».


Le dernier sommet de la SADC, à laquelle Yoweri Museveni faisait allusion, a revisité toutes ces recommandations antérieures, et est arrivé à la conclusion que, si la paix doit revenir dans la région des Grands Lacs, le gouvernement rwandais doit jouer son rôle. 


Et la seule solution est de parler à son opposition armée. Avant de clore la réunion avec ses proches collaborateurs, le président Kagame a déclaré amèrement : «Je vois que même Yoweri Museveni est devenu menaçant, en me disant que je ne peux pas me permettre d’être seul contre le monde entier! Quel monde? Nous sommes responsables de notre destin», a-t-il conclu.--------

 
°Le Chapeau, les intertitres et traduction ont été entièrement réalisés par AfricaNews

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