vendredi 15 novembre 2013

Racisme : boomerang génétique pour le suprémaciste blanc Craig Cobb

15/11/2013 

 

Selon un test ADN, Craig Cobb a 14% de gènes d'origine subsaharienne. © Glez/J.A.

Stupéfait, Craig Cobb, un leader suprémaciste américain blanc a appris, en direct à la télé, qu’il possédait 14% de gènes d'origine africaine. Quand la couleur de la peau cessera-t-elle d’être un sujet de polémique ?

Craig Cobb va-t-il hurler "black power" en dressant vers le ciel un poing ganté de cuir noir ? Jusque-là, son style vestimentaire s’apparentait plutôt à la cagoule blanche du Ku Klux Klan. Mais voilà, ses certitudes ont été mises à rude épreuve...

Raciste et antisémite revendiqué, le suprémaciste blanc de 62 ans est célèbre aux États-Unis pour avoir tenté de transformer une petite ville du Dakota du Nord, Leith, en enclave blanche. 


Un seul Africain-Américain, Bobby Harper, s’acharne à habiter encore la bourgade. Sans doute parce qu’il est marié à une blanche. 

Objet de curiosité dans les talk-shows américains, Craig Cobb prône la suprématie de la race blanche, proclame que le racisme est sa "religion" et préconise une "guerre sainte raciale" inspiré par une organisation religieuse dénommée "Mouvement Créativité". 

Il a fondé le site de partage de vidéos suprémacistes “Podblanc” qu’il présente comme une alternative à YouTube qualifié de "JewTube", canal des juifs.

"Pureté" du sang

"Podblanc" propose aussi bien des films sur Benjamin Nathaniel Smith, le tueur en série spécialisé dans les minorités raciales, que des vidéos de lynchages d’immigrants chinois par des néo-nazis russes. 


Il y a quelques semaines, comme pour réaffirmer la "pureté" de son sang, Craig Cobb acceptait de se prêter à un test ADN et d’en apprendre les résultats sur le plateau de l’émission de télévision de l’animatrice britannique Trisha Goddard. Mais le désir de publicité pour son idéologie l’a conduit à une bien "cruelle" déconvenue.

Le 11 novembre dernier, devant les caméras (voir extrait ci-dessus, l'émission doit être diffusée en intégralité le 18 novembre), il apprenait qu’il possède 86% de marqueurs génétiques d'origine européenne et 14% d'origine… subsaharienne. 


Du pain béni pour l’animatrice, elle-même noire, qui n’a pas manqué de lancer à son invité un "Eh, frère !" bien caricatural, ajoutant "tu as un peu de noir en toi !" Cette tentative de rapprochement entre membres de la même "communauté" n’a pas attendri Cobb. 

Par deux fois, il a refusé de toucher l’animatrice lorsque celle-ci voulait qu’ils se tapent dans la main. Quant aux résultats du test, il les a rejetés, évoquant un "bruit statistique" et réaffirmant que "l’huile et l’eau ne se mélangent pas".

D’Est en Ouest, du Nord au Sud, le racisme continue d’être instillé au cœur des débats politiques.

D’Est en Ouest, du Nord au Sud, le racisme continue d’être instillé au cœur des débats politiques. 


En Europe, la ministre française Christiane Taubira vient d’être à nouveau comparée à une primate sur la une de l’hebdomadaire d’extrême droite Minute

Tandis qu'en Afrique du Sud, les stigmates de l’apartheid continuent de susciter des dérapages. 

Il y a quelques jours, le vice-président de l’ANC, Cyril Ramaphosa, en campagne électorale dans le nord du pays, a mis en garde les abstentionnistes contre le risque de voir revenir au pouvoir « les "Boers" », les descendants des pionniers blancs hollandais. 

Aussitôt repris par la presse et les réseaux sociaux, les propos du possible successeur de Jacob Zuma ont suscité de vives réactions. Certains membres de l’opposition estiment qu’il est irresponsable d’agiter la haine raciale pour tenter de gagner des suffrages. 

Les responsables de la communication du parti de Nelson Mandela ont peiné à justifier la distinction entre les mots "Boer" et "Blanc"…


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Damien Glez.

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